« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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24 septembre 2013
Au tableau stratégique que nous avons dressé la semaine dernière vient s’ajouter l’offre du nouveau gouvernement iranien d’engager le dialogue avec Washington. Elle élargit la fenêtre d’opportunité ouverte par l’accord russo-américain du 13 septembre à Genève sur la Syrie. Cet accord, à condition qu’il tienne, pourrait renverser la dérive vers la guerre et la dictature qui domine la politique transatlantique depuis janvier 2001 et la montée au pouvoir du gouvernement Bush-Cheney. Depuis lors, les Etats-Unis ont lancé trois guerres – en Afghanistan, Irak et Libye – et se sont plus rapprochés d’un Etat policier qu’à tout autre moment de l’histoire américaine.
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2009, Barack Obama a renforcé et consolidé l’orientation de l’équipe Bush-Cheney, en particulier au niveau des programmes de méga-espionnage de la NSA et de la « liste noire » de personnes à éliminer par drone que le président Obama établit une fois par semaine.
Aujourd’hui, cependant, la présidence est en pleine déconfiture et fait la girouette pour tenter de récupérer. En effet, la Maison Blanche a été frappée ces derniers mois par une série de scandales énormes : la dissimulation des attentats terroristes à Benghazi le 11 septembre 2012, l’utilisation du fisc pour pénaliser des organisations opposées à Obama, et bien évidemment les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance illégale de tous les Américains, sans parler des étrangers. Puis, la volonté d’Obama de bombarder la Syrie, au motif douteux que le gouvernement d’Assad avait utilisé des armes chimiques, a soulevé une vague géante d’opposition, au point où il a suspendu l’ordre d’attaque pour éviter d’être destitué.
En fin de compte, Obama a dû accepter l’offre du président Poutine de rechercher une solution diplomatique au problème des armes chimiques syriennes, et au-delà de toute la crise en Syrie à travers une conférence Genève II. Cette décision est certes positive, mais l’administration Obama continue néanmoins à brandir la menace de frappes.
Au moment où Poutine offrait une voie de sortie à Obama, le président chinois Xi Jinping proposait la nouvelle Route de la Soie comme priorité à l’Organisation de coopération de Shanghai. L’importance accordée à cette idée par le nouveau gouvernement chinois reflète de son côté l’ampleur potentielle du changement de paradigme qui se dessine.
Si l’accord sur la Syrie est effectivement mis en œuvre, on ouvrira bien d’autres possibilités, dont des négociations, enfin, avec l’Iran. Le gouvernement de Hassan Rouhani a fait clairement comprendre sa volonté de parvenir à un accord avec le groupe P5+1 (5 membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne) et aussi avec les Etats-Unis. Les présidents Rouhani et Obama ont déjà échangé des lettres ouvrant la voie à des négociations directes. Dès son arrivée à New York le 19 septembre, le ministre iranien des Affaires étrangères a entamé des consultations diplomatique avec de nombreux gouvernements pour préparer l’Assemblée générale et les entretiens P5+1.
Si un accord se concrétise entre l’Iran et un gouvernement Obama contrôlé par des éléments patriotes dans l’institution de la présidence, il facilitera aussi à la mise en œuvre du Pont terrestre eurasiatique. Alors que les Etats-Unis et l’OTAN se préparent à quitter l’Afghanistan, tout projet de stabilité dans cette région du monde impliquera une coopération régionale entre la Russie, la Chine, les Etats de l’Asie centrale, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde et indubitablement l’Iran.
Soulignons toutefois que les possibilités d’une véritable nouvelle donne internationale supposent une solution à la faillite du système financier transatlantique, qui reste le facteur dominant de la finance au niveau mondial, malgré le progrès relatif de l’Asie.