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Poutine déjoue la stratégie d’Obama en Syrie

24 septembre 2015

La semaine dernière, le président Obama a soudainement fait volte-face sur la Syrie, en ordonnant au secrétaire de la Défense Ash Carter d’entamer un dialogue directement avec son homologue russe Sergey Shoighu. Bien que ce retournement a épouvanté certains responsables de l’administration Obama, dont l’ambassadrice aux Nations unies Samantha Power, il a été salué par le secrétaire d’Etat John Kerry et les chefs militaires qui préconisent depuis des semaines un partenariat avec la Russie dans la guerre contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak (Daech).

C’est le grand renforcement, par la Russie, du dispositif militaire syrien dans le but de créer les conditions pour vaincre Daech, qui a forcé Barack Obama à céder. Le déploiement incluait l’envoi d’avions de combat, de l’artillerie et de chars en plus de la construction d’une base aérienne et d’une nouvelle installation navale près de Lattaquié dans le nord-ouest sur la Méditerranée.

Pendant des semaines, l’Administration Obama avait tenté de bloquer le pont aérien, allant même jusqu’à faire pression sur ses alliés de l’OTAN pour qu’ils interdisent aux avions russes le survol de leur territoire. Mais le refus par le gouvernement irakien, a permis aux Russes d’utiliser le corridor au-dessus de l’Iran et de l’Irak.

L’initiative a effectivement changé les règles du jeu, provoquant des répercussions internationales. En effet, au même moment le président Poutine exerçait de fortes pressions sur les minorités russes dans l’est de l’Ukraine pour se conformer complètement aux accords de Minsk. Entre-temps, face à l’escalade de la crise en Ukraine, des experts allemands en sécurité, dont l’ancien chef de la Bundeswehr, le général Kujat, ainsi que l’European Leadership Network ont lancé des mises en garde répétées sur le danger d’une guerre thermonucléaire en Europe.

Pour ce qui est de l’Asie du Sud-Ouest, Sputnik News a publié le 19 septembre un entretien avec Jeffrey Steinberg du magazine Executive Intelligence Revue dans lequel il appelait, pour écraser Daech, à un grand partenariat entre Washington et Moscou. Il a fait remarquer que les Etats-Unis avaient été formellement invités à conduire des opérations en Irak par le Premier ministre Abadi, alors que la Russie avait été invitée à faire de même en Syrie, dans le cadre de traités datant de l’ère soviétique. La coordination par les Etats-Unis et la Russie d’un assaut prenant en tenaille pourrait, selon lui, donner le coup de grâce aux groupes terroristes.

Jusqu’à présent, l’Administration Obama s’est alignée avec les Etats sunnites du Moyen-Orient qui promeuvent depuis des décennies la montée d’al Qaïda, de l’EI et du Front al Nousra, à commencer par l’Arabie saoudite, en vue d’installer un régime salafiste à Damas. Poutine a désormais créé les conditions pour rompre cette entente odieuse.

Finalement Barack Obama s’est trouvé piégé, contraint à une véritable collaboration avec la Russie. Mais reste à savoir, s’il poursuivra cette voie ou bien tentera de la saboter. S’il choisit la deuxième option, la seule issue pour les Américains sera de l’écarter du pouvoir – via la destitution ou bien la démission en vertu du 25e amendement de la Constitution (incapacité de gouverner).

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