« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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18 décembre 2015
Le ministre américain des Affaires étrangères John Kerry s’entretient cette semaine avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, et avec le président Poutine en vue de la conférence pour la paix en Syrie qui se tiendra à New York les 17 et 18 décembre. Cette conférence décidera littéralement de la direction que prendra le monde dans l’avenir proche. Si Kerry, Lavrov et Poutine parviennent à un accord sur la prochaine étape de l’effort pour mettre fin à la guerre en Syrie et rétablir la stabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une percée est envisageable.
A l’opposé, si l’on maintient le parcours politique défini par le président Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et leurs alliés d’Europe continentale, le résultat pourrait être la guerre entre l’Occident et la Russie, entraînant probablement aussi la Chine.
Réunissant son plus haut commandement militaire la semaine dernière, Poutine a souligné que la Russie est tout à fait consciente du danger de guerre thermonucléaire avec l’OTAN. Par ailleurs, il a donné l’ordre à un sous-marin russe basé en Méditerranée de tirer des missiles de croisière sur les bastions de Daech en Syrie. Ce sont « des armes de haute précision, pouvant être équipées d’ogives conventionnelles ou bien d’ogives nucléaires spéciales », a-t-il fait remarquer, ajoutant qu’il espérait que l’usage d’armes nucléaires ne serait pas nécessaire contre Daech. Par ailleurs, Moscou a accusé l’armée de l’air américaine d’avoir mené une attaque contre une base de l’armée syrienne, qui a tué de trois soldats et détruit des équipements.
Parallèlement, Kerry et Lavrov, avec le soutien du président François Hollande, partisan, depuis le massacre terroriste du 13 novembre à Paris, d’une alliance tripartite entre la France, la Russie et les États-Unis pour décimer Daech, poursuivent activement leurs efforts diplomatiques.
De nombreuses personnalités de premier plan, dans le monde militaire et diplomatique outre-Atlantique, sont favorables à un partenariat entre la Russie et les États-Unis pour écraser l’Etat islamique, prenant pour exemple l’alliance des deux pays pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lors d’un séjour à Moscou, le général Michael Flynn [1], qu’Obama avait renvoyé de son poste de directeur de l’Agence du renseignement militaire en 2014, à cause de son analyse sans concessions de l’échec de la guerre contre le terrorisme, vient de brosser un tableau accablant du danger que posent les djihadistes wahhabites.
Toutefois, la tactique choisie par Obama et Londres consiste à pousser la Russie vers l’affrontement stratégique. D’où la multiplication des appels à démettre Obama de ses fonctions. Trois de ses interventions publiques (sa conférence de presse avec Hollande à Washington, ses interventions à la COP21 à Paris et son discours après la fusillade de San Bernardino) ont provoqué des cris d’alarme chez ceux qui se demandent si « le Président a perdu la tête ». L’expulsion d’Obama demeure le point essentiel dont dépend la question de guerre ou de paix.
[1] L’ancien directeur de l’Agence du renseignement militaire (DIA), le lieutenant-général Michael Flynn, était un invité d’honneur le 10 décembre à Moscou, dans le cadre d’une conférence internationale organisée à l’occasion du dixième anniversaire de la chaîne internationale d’actualité russe RT. Sa participation signalait que des représentants sérieux d’institutions américaines sont déterminés à vaincre le djihadisme radical qui, selon ses estimations, compte quelque 30 000 combattants étrangers, voire plus, originaires de 80 pays différents. Il reproche à l’administration Obama de ne pas avoir reconnu le danger posé par Daech et de refuser de coordonner une réponse avec la Russie, en définissant par exemple des objectifs communs tels que : 1 - éliminer la forme cancéreuse que représente Daech au sein de la religion islamique ; 2 – développer au Moyen-Orient un niveau de stabilité suffisant pour créer de nouvelles conditions économiques, en particulier pour les jeunes hommes âgés de 15 à 30 ans.