« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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4 décembre 2015
Des incidents militaires de basse intensité entre Moscou et Washington, notamment au Moyen-Orient et en Ukraine, augmentent considérablement le risque d’une escalade « par dessein ou par inadvertance » vers une menace nucléaire. Voilà le constat, dans un article sur Politico Magazine du 27 novembre, de Bruce G. Blair, ancien officier chargé du lancement de missiles nucléaires, spécialiste des armes nucléaires à l’université de Princeton et co-fondateur de Global Zero.
En effet, les deux pays maintiennent « leurs forces nucléaires en état de lancement-sur-alerte », ce qui veut dire que l’ordre de tirer des missiles stratégiques est donné avant l’arrivée présumée des ogives de guerre ennemies. De tels exercices sont réalisés « plusieurs fois par semaine » des deux côtés. A l’époque de cyberattaques et de cybermenaces, le risque d’une erreur est d’autant plus grand.
Bruce Blair souligne que les dirigeants ont très peu de temps pour prendre la décision de lancer un tir nucléaire :
L’ordre de lancement est long comme un tweet. L’équipe des missiles transmet à son tour une courte série de signaux informatiques qui allument aussitôt les moteurs de fusée de plusieurs centaines de missiles terrestres. Pour les Etats-Unis, cela prend une minute. En tant qu’ancien officier de lancement, je l’ai personnellement répété des centaines de fois. On nous appelait les Minutemen. Les équipes des sous-marins américains prennent un peu plus de temps ; ils peuvent tirer leur missiles en 12 minutes. Vu le temps de vol des missiles d’attaque (11 minutes pour les sous-marins tapis au large des côtes de la partie adverse et 30 pour les fusées survolant les pôles vers l’autre côté de la planète), la prise de décision nucléaire dans le régime de lancement-sur-alerte – soit le processus avertissement-décision-action – est extrêmement hâtif, chargé d’émotion et pro forma, suivant des listes de contrôle. Je le décris comme la mise en œuvre répétée encore et encore d’un script préparé. Dans certains scénarios, suite à une évaluation de seulement trois minutes de données d’alerte précoce, le président américain reçoit un briefing de 30 secondes à propos des options de réaction nucléaire et de leurs conséquences. Il dispose alors de quelques minutes – 12 maximum, de 3 à 6 plus probablement – pour en choisir une.
L’ordre de lancement est long comme un tweet. L’équipe des missiles transmet à son tour une courte série de signaux informatiques qui allument aussitôt les moteurs de fusée de plusieurs centaines de missiles terrestres. Pour les Etats-Unis, cela prend une minute. En tant qu’ancien officier de lancement, je l’ai personnellement répété des centaines de fois. On nous appelait les Minutemen. Les équipes des sous-marins américains prennent un peu plus de temps ; ils peuvent tirer leur missiles en 12 minutes.
Vu le temps de vol des missiles d’attaque (11 minutes pour les sous-marins tapis au large des côtes de la partie adverse et 30 pour les fusées survolant les pôles vers l’autre côté de la planète), la prise de décision nucléaire dans le régime de lancement-sur-alerte – soit le processus avertissement-décision-action – est extrêmement hâtif, chargé d’émotion et pro forma, suivant des listes de contrôle. Je le décris comme la mise en œuvre répétée encore et encore d’un script préparé. Dans certains scénarios, suite à une évaluation de seulement trois minutes de données d’alerte précoce, le président américain reçoit un briefing de 30 secondes à propos des options de réaction nucléaire et de leurs conséquences. Il dispose alors de quelques minutes – 12 maximum, de 3 à 6 plus probablement – pour en choisir une.
Puis, Bruce Blair cite le déploiement de destroyers Aegis américains en mer Noire armés de missiles de croisière capables de frapper Moscou dans l’espace de quelques minutes. Dans ce contexte, il pose la question : Les dirigeants américains comprennent-ils que les Russes puissent craindre l’émergence d’une menace de décapitation, et que cette menace puisse être le motif principal faisant monter l’enjeu pour la Russie au niveau d’une menace existentielle, et justifiant les préparatifs pour l’utilisation d’armes nucléaires ?
Les dirigeants américains comprennent-ils que les Russes puissent craindre l’émergence d’une menace de décapitation, et que cette menace puisse être le motif principal faisant monter l’enjeu pour la Russie au niveau d’une menace existentielle, et justifiant les préparatifs pour l’utilisation d’armes nucléaires ?
Sa réponse : « J’en doute. »