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G20 - ASEAN : Un nouveau paradigme de développement

9 septembre 2016

Un changement de cap est amorcé

La première journée du sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 à Hangzhou s’est terminée dans la soirée du 3 septembre par un spectacle conçu comme un « poème vivant » culminant avec une version abrégée de l’Ode à la Joie de Beethoven, devant servir d’inspiration pour les travaux du lendemain. En ouvrant la réunion, dans l’après-midi du dimanche, le président Xi Jinping a réitéré son appel lancé la veille aux représentants du monde des affaires réunis au sein du B20 : le système financier international doit être réformé de fond en comble pour faire face à la crise, et c’est le G20 qui doit initier les changements nécessaires, dont le moteur sera l’innovation et la collaboration internationale.

La réunion des 20 a été précédée d’une session informelle entre chefs d’État des BRICS, en vue de préparer le sommet des 15 et 16 octobre à Goa, sous l’égide du Premier ministre indien Modi. Peu avant, le président Poutine avait accueilli à Vladivostok le Forum économique de l’Est, axé sur le développement eurasiatique et la coopération entre nations. Les deux invités d’honneur de cette réunion étaient le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président sud-coréen Park Geun-hye, qui prennent actuellement leurs distances avec la politique anglo-américaine d’affrontement pour privilégier la collaboration avec la Russie et la Chine.

Après le sommet de Hangzhou, se tiendra du 6 au 9 septembre le Sommet de l’Asie de l’Est au Laos, suivi par une réunion des dix pays membres de l’ASEAN plus la Chine (10+1), où le nouveau paradigme devrait encore se renforcer.

La dynamique insufflée par les grandes nations d’Eurasie se heurte toutefois à la résistance obstinée de nombreux pays de la région transatlantique, à commencer par les États-Unis. Au cours de sa rencontre avec son homologue chinois, le président Barack Obama a rappelé tous les conflits entre les deux pays, notamment la décision de la Cour d’arbitrage permanent concernant la mer de Chine et le prétendu dumping de l’acier chinois sur les marchés mondiaux.

Il a également tenté de « ressusciter les morts », avec son Partenariat transpacifique, dont le but avoué est d’isoler la Chine sur les plans politique et économique. Ce TPP est d’ailleurs si contesté aux États-Unis mêmes qu’il ne sera d’ailleurs pas soumis au vote du Congrès cette année, et qu’il n’est soutenu ni par Hillary Clinton ni par Donald Trump. Obama a également minimisé l’importance des efforts de son propre secrétaire d’État John Kerry pour finaliser un accord avec la Russie afin de combattre le djihad en Syrie.

Si les médias européens se plaisent à présenter Vladimir Poutine comme étant « isolé » sur la scène internationale, en réalité ce sont les jeux géopolitiques de Barack Obama et de ses homologues européens que rejettent désormais la majorité des nations soucieuses de réaliser la croissance économique et la stabilité.

Pour le président Xi Jinping, l’objectif ultime est d’éliminer la pauvreté dans le monde

Dans son discours adressé aux hommes d’affaires représentant les pays du G20, le président chinois Xi Jinping a présenté le 3 septembre un programme global pour sortir le monde de la crise économique. Moderniser un pays de plus de 1,3 milliard de personnes, a-t-il fait remarquer, est un « effort jamais entrepris dans l’histoire de l’humanité », et pourtant la Chine a réussi en quelques décennies « à sortir plus de 700 millions de personnes de la pauvreté » en poursuivant une politique de développement.

La clé du développement, a précisé Xi Jinping, est « l’innovation scientifique et technologique ». Face à la chute des marchés d’exportation dans le monde, la Chine compte, pour aiguiller la croissance économique, sur quatre « I » (en anglais) : innovation, invigoration [revitalisation], interconnectivité et inclusivité.

Dans des termes rarement entendus en Europe aujourd’hui, le Président chinois a déclaré que :
le vieux modèle n’est plus viable. Nous avons besoin d’une stratégie orientée sur l’innovation. (...) Nous allons jouer un rôle moteur dans la science et la technologie et pousser la recherche fondamentale afin de résoudre les problèmes scientifiques et technologiques freinant le développement économique et industriel.

Sur le plan international, Xi Jinping a annoncé que la Chine poursuivrait sa stratégie gagnant-gagnant et fournirait plus de marchandises à la communauté internationale. La « ceinture économique de la Route de la soie progresse rapidement et la Route de la soie maritime est bien partie ». Répondant aux craintes de certains pays plus petits, il a précisé que « la Chine ne cherche pas à se créer une sphère d’influence, mais y voit plutôt un moyen d’aider d’autres pays à se développer ».

À terme, le président chinois a promis de
Sortir de la pauvreté les plus de 57 millions d’habitants des régions rurales vivant sous le seuil de pauvreté, et de l’atténuer dans tous les comtés pauvres d’ici 2020.

Il a conclu son discours par des remarques pertinentes sur l’environnement politique, rejetant la « mentalité dépassée de la Guerre froide » et la géopolitique que celle-ci implique. Pour lui, les principes de la Charte de l’ONU et le respect du multilatéralisme et du dialogue doivent être respectés.

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