« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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20 septembre 2016
Les pays membres de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-est) ont tenu leur sommet annuel du 6 au 8 septembre au Laos, ainsi qu’un sommet ASEAN+3 (avec Chine, Japon et Corée du Sud) et d’autres rencontres sur le format ASEAN+1, avec la Chine, les États-Unis, l’Inde, l’ONU, etc.
On retiendra de toutes ces réunions une forte adhésion au nouveau paradigme présenté et adopté lors du G20 à Hangzhou, impliquant une coopération universelle dans la mise en œuvre de la Nouvelle Route de la soie et des réformes des institutions financières mondiales proposées par Beijing.
Les dix pays d’Asie du Sud-est ont reconnu dans cette politique la voie du futur, malgré les efforts obstinés du président Obama pour défendre son « pivot asiatique », bien qu’il dédaigne l’investissement dans l’infrastructure au profit de la simple exploitation de matières premières et d’une main d’œuvre bon marché.
Obama en a également profité pour marteler la nécessité de respecter la décision biaisée de la Cour d’arbitrage de La Haye (dont la juridiction est largement contestée), qui dénie à la Chine ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale. Ironie du sort, les Philippines, à l’origine de la requête (faite par un gouvernement antérieur totalement inféodé à Washington), sont aujourd’hui dirigées par un nouveau président, Rodrigo Duterte, qui refuse de se plier aux volontés d’une quelconque puissance étrangère, en particulier les États-Unis. Il recherche le dialogue avec Beijing pour résoudre les disputes de souveraineté, tout en se félicitant des investissements chinois et des perspectives de développement conjoint.
Duterte, un personnage certes haut en couleurs, a vivement rejeté l’attitude méprisante d’Obama, qui s’érigeait en avocat des droits de l’homme pour lui faire la leçon sur sa manière de lutter contre le trafic de stupéfiants, amenant un Obama offusqué à annuler la rencontre prévue avec son homologue philippin. Ce dernier a par ailleurs été accueilli à bras ouverts par les autres dirigeants de l’ASEAN. Les divers communiqués précisent que les différends concernant la mer de Chine méridionale doivent être traités par les pays riverains concernés, sans ingérence extérieure.
Autre élément révélateur du nouveau paradigme qui se met en place : le « Plan directeur sur la connectivité 2025 » adopté par les pays membres de l’ASEAN. Selon cette nouvelle version du plan, les besoins en infrastructure dans la région s’élèveront à quelque 110 milliards de dollars par an d’ici là. Même si la Banque asiatique pour l’investissement dans l’infrastructure (NBII) et la Nouvelle Banque de développement (NBD), créées par les BRICS, comptent multiplier de tels investissements, cela ne suffira pas, relève le rapport, qui appelle le secteur privé à s’impliquer beaucoup plus dans ce type d’investissements. Malheureusement, en Occident, il y a longtemps que le secteur privé s’en est détourné, estimant qu’ils ne sont pas rentables à court terme.
Le sommet de l’ASEAN avec la Chine a été particulièrement productif. Selon le communiqué officiel, la coopération doit se renforcer dans les domaines du développement économique et de la sécurité. Au-delà de la question sur la mer de Chine méridionale, d’autres accords de coopération ont été signés dans le secteur de la défense et de la sécurité pour lutter contre le terrorisme et le trafic d’armes et de stupéfiants. L’ASEAN précise que le développement de la Chine offre une grande opportunité pour la région, et apporte son soutien au développement pacifique de ce pays, rappelant également que ses pays membres sont solidaires de la politique d’une seule Chine.