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Une avancée en soi
1er février 2022
Du lundi 24 au mercredi 26 janvier, une délégation talibane a rencontré des diplomates norvégiens, français, allemands, italiens et britanniques ainsi que des représentants de la société civile norvégienne.
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Ce voyage à Oslo constitue la première visite officielle des talibans depuis leur prise de pouvoir l’été 2021. Aucun pays n’a toutefois reconnu la légitimité du régime.
À huis clos, les talibans, évidemment préoccupés de l’état de l’économie afghane et de la détresse sociale au pays, ont saisi l’occasion de cette rencontre pour faire preuve de bonne volonté :
a tweeté le porte-parole le porte-parole de l’Émirat islamique d’Afghanistan, Zabihullah Mujahid.
C’est dans une situation où l’Afghanistan se retrouve privé de 9,5 milliards de dollars, gelés par les États-Unis, que les talibans se sont déplacés pour négocier le déblocage de ces fonds et programmer les modalités de la coopération multilatérale entre l’Afghanistan et les 5 pays présents à Oslo.
« Les choses doivent être claires : il ne s’agit pas d’une légitimation ni d’une reconnaissance des talibans. Mais nous devons parler à ceux qui, dans la pratique, gouvernent le pays aujourd’hui. Nous ne pouvons pas laisser la situation politique conduire à une catastrophe humanitaire encore pire que celle d’aujourd’hui » a déclaré Anniken Huitfeldt, ministre norvégienne des affaires étrangères, citée dans le Courrier International.
« La journée de mardi devrait être consacrée à des réunions bilatérales avec des diplomates norvégiens avec, parmi les points au programme, les questions des droits et de l’éducation des jeunes filles et des femmes, ainsi que les droits des minorités. »
Face à la catastrophe humanitaire, les Occidentaux font donc preuve de réalisme, et c’est une bonne chose, car ce n’est pas rendre service aux femmes afghanes que de faire d’une conception dévoyée de la défense de leurs droits un préalable à toute discussion pendant que celles-ci - et leurs enfants - meurent de faim et de froid dans des conditions sordides.
A rebours des nombreux commentaires aussi hystériques que peu intéressés par la situation réelle des femmes et de la population dans son ensemble, Amila Afghani, militante féministe citée par France 24 a évoqué « une réunion positive pour rompre la glace, [l]es talibans [ayant] fait preuve de bonne volonté », a-t-elle indiqué dans un message à l’AFP. « Voyons si leurs actes suivront leurs paroles. »
Rappelons toutefois que pour prendre les talibans au mot, il faut d’abord leur laisser les moyens d’agir. En outre, les talibans se montrent confiants : « De ces rencontres, nous sommes certains de retirer un appui dans les secteurs humanitaire, sanitaire, éducatif en Afghanistan. » a déclaré Amir Khan Muttaqi, le ministre des affaires étrangères afghan.
Très réaliste aussi, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, cité dans La Croix a lancé un appel à l’aide de 4,4 milliards d’euros et d’ajouter : « ce serait une erreur d’infliger une punition collective aux Afghans juste parce que les autorités de fait ne se comportent pas bien »