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Coup d’État des banquiers au Brésil

24 mai 2016

Suite à la décision du Sénat brésilien d’ouvrir une procédure de destitution contre la présidente Dilma Rousseff, celle-ci a été suspendue de ses fonctions pour 180 jours, la durée de la procédure. Elle a donc remis le pouvoir à son vice-président Michel Temer et au ministre des Finances désigné par lui, Henrique Meirelles, un ancien président de la banque FleetBoston Global Bank.

La présidente brésilienne a souligné qu’elle n’avait commis aucun crime ni cédé à aucun chantage, mais qu’elle avait bel et bien été chassée de ses fonctions par un « coup d’État » politique mené par ses opposants, dans le but d’annuler les résultats des élections d’octobre 2014 qui avaient reconduit son mandat. En effet, le seul grief qui lui est fait est d’avoir eu recours à des « astuces » comptables pour masquer l’ampleur du déficit budgétaire brésilien, un motif pour lequel la quasi totalité des gouvernements d’Amérique du Sud (et bien au-delà) pourrait être renversée, comme beaucoup l’ont fait remarquer.

Rousseff provisoirement écartée et Temer dirigeant le pays, les vautours du système financier transatlantique qui ont orchestré cette mascarade s’apprêtent à sortir le Brésil des BRICS, en recourant à des enquêtes sur la corruption (surnommées « opération lavage express ») pour démanteler les capacités scientifiques, technologiques et industrielles du pays. Parmi leurs cibles immédiates se trouvent le programme brésilien d’énergie nucléaire, le secteur du bâtiment, facteur déterminant pour de nombreux projets d’équipements, et la grande banque publique pour le développement économique et social national (BNDES), qui fournit du crédit pour l’infrastructure ainsi que pour la plupart des nouveaux accords avec la Chine.

Opération « Mains propres »

Les enquêtes sont dirigées par le juge Sergio Moro, sur le modèle explicite de l’opération « Mains propres » menée en Italie pendant les années 90, qui, sous prétexte de lutter contre les pots-de-vin et dessous-de-table dans le monde politique, a en réalité discrédité tout le système politique et démantelé les partis.

Moro a beaucoup de pouvoir, grâce à ses sponsors au sein des grandes banques internationales. Il aurait obtenu la plupart de ses « pistes » à partir d’écoutes pratiquées par la NSA à l’insu de politiciens et d’entrepreneurs brésiliens – pratiques dénoncées par Edward Snowden en 2013. Aujourd’hui, pas moins de 65 % des sénateurs ayant voté en faveur de la destitution de Dilma Rousseff le 12 mai font l’objet d’enquêtes ou ont déjà été mis en examen, beaucoup d’entre eux dans le cadre du « lavage express ».

Les alliés des BRICS

Rousseff et les forces patriotiques qui l’entourent n’abandonnent pas le combat. Dans toute l’Amérique du sud, l’opposition à ce putsch grandit, en particulier en Argentine, où il est dénoncé par des associations liées à l’ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner, une proche de Rousseff. Par ailleurs, les dirigeants russes et chinois, conscients que la véritable cible de l’opération est le groupe des BRICS, suivent la situation de près.

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