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Une timide avancée de Washington et Moscou vers des opérations conjointes contre Daech

28 mars 2017

Alors que les accusations de contacts entre membres de l’administration Trump et responsables russes entravent considérablement la « réinitialisation » des relations russo-américaines voulue par le nouveau Président américain, on constate un certain progrès dans un des aspects essentiels d’une telle coopération, à savoir le lancement d’opérations conjointes contre Daech. Et là encore on voit se manifester la compétence stratégique du Président russe.

Au cours de la semaine dernière, des forces du gouvernement syrien, russes et américaines ont convergé vers la petite ville de Manbij au nord de la Syrie afin de prévenir une offensive turque visant à s’emparer de la ville, qui se trouve aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS) composées principalement de combattants kurdes syriens.

En prélude à l’assaut anticipé depuis longtemps contre Raqqa, la « capitale » de Daech, le gouvernement russe a négocié un accord entre les FDS et le gouvernement syrien, dans le cadre duquel les forces kurdes devraient quitter la ville et confier au gouvernement syrien son administration.

Sur le plan diplomatique, la Russie joue un rôle clé, notamment en amenant la Turquie à soutenir ses efforts pour mettre fin à la guerre, avec le soutien de l’Iran. En outre, Moscou renforce ses contacts avec l’opposition syrienne, en invitant par exemple une délégation de dirigeants kurdes à des entretiens à Moscou le 15 février pour rechercher une solution diplomatique.

Depuis la fin de l’administration Obama, qui avait soutenu, du moins indirectement, les djihadistes en Syrie, les appels à une meilleure coordination entre Américains et Russes se sont multipliés. Outre des motifs politiques, il y a de bonnes raisons militaires d’améliorer les actes de détente. Avec les attaques contre Daech en Syrie et en Irak, notamment à Mossoul, les zones d’opération des avions de combat russes et américains se rapprochent.

Le 27 février, le secrétaire américain à la Défense James Mattis a soumis au président Trump et au Conseil national de sécurité ses recommandations pour la guerre contre Daech. Si les détails n’ont pas été rendus publics, les grandes lignes de sa proposition sont connues : les Etats-Unis devraient maintenir leur soutien aux Kurdes et aux Arabes syriens des FDS, qui sont les plus efficaces dans le combat contre Daech, tout en s’abstenant de préparatifs militaires pour une invasion de Raqqa, mais en renforçant plutôt leur assistance et aide matérielle aux FDS.

Par ailleurs, le premier round des nouveaux entretiens de Genève s’est conclu le 4 mars, tous les participants ayant reconnu que des progrès avaient été faits.

La Syrie constitue le terrain d’essai décisif pour une nouvelle phase de la coopération russo-américaine, et même si les possibilités de partenariat et de réconciliation officielle sont encore limitées pour le moment, à cause de la chasse aux sorcières aux Etats-Unis contre tout ce qui touche à la Russie, cette évolution est d’une importance primordiale. Au minimum, une plus grande coordination sur le terrain contribuera à mettre fin à la tragédie syrienne.

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