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Oui, la Chine a bravé le consensus de Washington !

21 novembre 2017

Les Chinois ont refusé de suivre les diktats néolibéraux en matière économique et s’en tirent très bien. Telle est la conclusion de Lord Adair Turner, membre du Parlement anglais, à la tête de l’Autorité des services financiers (le régulateur britannique des marchés) lors de la faillite de Lehman Brothers, conclusion exprimée dans un article affiché le 23 octobre sur le site Project Syndicate.

Selon Lord Turner, si les marchés occidentaux ont pu se réjouir en 2013 d’entendre le président Xi Jinping déclarer que le marché jouerait un rôle « décisif » en Chine, la croissance spectaculaire enregistrée depuis est plutôt le fruit du modèle « d’investissement public dans l’infrastructure ». Si la croissance se maintient, prévient-il, cela remettra sérieusement en cause « les hypothèses de longue date sur l’équilibre optimal entre les mécanismes de l’Etat et ceux du marché pour favoriser le développement économique ».

De nombreux analystes occidentaux, note Lord Turner, regardent l’économie chinoise à travers le prisme « des hypothèses néolibérales » qui sous-tendent le « consensus de Washington », c’est-à-dire le paquet de réformes concocté par le FMI et la Banque mondiale dans les années 1990 pour être appliqué aux pays en voie de développement, dont la déréglementation financière, l’équilibre budgétaire et les privatisations.

Pourtant, poursuit-il, « le Japon et la Corée du Sud se sont enrichis en faisant fi de ces prescriptions. Ils ont tenu en laisse la finance, le crédit a été orienté de manière à soutenir les objectifs industriels spécifiques fixés par le gouvernement et l’industrie nationale a été protégée par des barrières tarifaires, tout en étant obligée de se battre pour obtenir des marchés à l’étranger ». Si la Chine semble favoriser un secteur privé, elle ne fait que le tolérer : « D’énormes investissements publics dans l’infrastructure – dans d’excellents systèmes de métro et de rail à grande vitesse par exemple – ont créé une puissante plateforme pour une croissance économique moderne au sein de villes en pleine expansion et bien reliées entre elles. Et avec le programme ‘Made in China 2025’, les dirigeants chinois cherchent à utiliser des objectifs définis par l’Etat pour propulser l’industrie chinoise vers davantage de haute technologie et de valeur ajoutée. »

Et même si la Chine devait connaître un ralentissement de sa croissance, ajoute Turner, il sera bien plus facile à contrôler car « la dette d’entreprise est essentiellement celle des entreprises publiques envers les banques publiques ». Voilà comment fonctionne leur « économie de marché socialiste hybride ».

Turner en conclut que si la Chine s’était pliée au consensus de Washington, « sa croissance en aurait été notablement ralentie ».

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