« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
Accueil > Veille stratégique
17 avril 2017
Martin Schulz , le candidat social-démocrate à la chancellerie allemande qui doit s’opposer à Angela Merkel aux élections de septembre, fait l’objet d’un battage intensif dans les médias de masse, notamment depuis que 100 % des délégués au congrès du parti l’ont soutenu le 19 mars. Toutefois, dans le monde réel, Schulz a échoué à son premier test, celui de l’élection du 26 mars dans le land de la Saar. La ministre-présidente du land, Annegret Kramp-Karrenbauer, une ferme partisane des politiques de Merkel, et son parti la CDU ont reçu 40 % des votes, contre seulement 29 % pour le SPD.
Par ailleurs, Schulz aura sans doute du mal à se vendre en tant que « M. Europe, M. Social et M. Propre », étant donné les enquêtes sur ses pratiques à la tête du Parlement européen de janvier 2012 à décembre 2016.
Report, une émission de télévision populaire, a diffusé le 15 mars un documentaire de 7 minutes montrant comment le président d’alors du Parlement européen avait signé en 2014 le mémorandum des « 5 dirigeants de l’UE » appelant à une plus forte intégration au détriment de la souveraineté nationale, et plus particulièrement à la mise en œuvre de vastes réformes du marché du travail et sa déréglementation, pour « ajuster le niveau des salaires à la situation réelle du marché ». Schulz l’avait fait sans consulter le Parlement européen. Interviewé dans ce documentaire, l’euro-député allemand du parti de gauche, Fabio de Masi, qualifie Schulz de faux social démocrate qui ne défend ni le droit du travail ni les acquis sociaux.
Report dénonce Schulz également pour avoir couvert « les affaires » de Jean-Claude Juncker, lorsqu’il était Premier ministre et ministre des Finances du Luxembourg. En effet, lorsque Juncker s’est présenté à la présidence de la Commission européenne en 2014, une enquête parlementaire sur son compte aurait été obligatoire, mais Schulz avait simplement décrété qu’il n’y avait rien à investiguer, et qu’une commission opérant en dehors de la procédure parlementaire s’y pencherait, ce qui ne s’est jamais produit.
De plus, la commission de contrôle du budget de l’EU a décidé le 22 mars par un vote majoritaire d’enquêter sur ses promotions et ses largesses envers certains responsables du Parlement européen. La présidente de la commission, Ingeborg Grässle (CDU), reproche à Schulz d’avoir mis sur pied un réseau parallèle de prise de décision et de financement échappant au contrôle des députés. Contrairement à la désinformation relayée par les médias de masse, le service juridique de l’UE a constaté que la réglementation n’avait pas été respectée par Schulz et que certaines décisions doivent être annulées. L’affaire a fait l’objet d’un important article dans le tabloïd Bild du 24 mars. Ainsi, Schulz risque d’être hanté pendant toute la campagne électorale par son passé à la tête du Parlement européen.