« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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5 décembre 2018
Naguère, les banques centrales intervenaient une fois par an dans le débat public. Mais depuis la crise financière de 2008, il ne se passe guère de semaine où leurs responsables s’abstiennent de « parler » aux marchés ou de donner des ordres aux gouvernements. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est le recours à l’euphémisme dès qu’un problème grave menace le système.
Le Fonds monétaire international ne fait pas exception. Aussi, lorsqu’il utilise son IMF blog pour nous avertir que l’activité de prêt à effet de levier est une bulle prête à exploser, il vaut mieux l’écouter. Pour notre part, c’est depuis la période mai-juin 2017 que nous attirons l’attention sur ce danger.
Ce que le FMI appelle « prêts à effet de levier », ce sont surtout les prêts accordés à des entreprises déjà surendettées, qui constituent une part croissante de la bulle de 14 000 à 15 000 milliards de dollars, gonflée par le « carry trade inversé » provoqué par la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. Pendant une décennie, dans le cadre de sa politique d’« assouplissement quantitatif », la Réserve fédérale créa de l’argent qui sortait aussitôt des Etats-Unis pour se précipiter au Brésil, en Afrique du Sud ou, via Hong Kong, dans la spéculation sur les matières premières en Chine.
Dès qu’ils ont commencé à augmenter les taux et à diminuer les impôts, les Etats-Unis redevinrent soudain une destination attractive pour cet argent. Surtout depuis le début de 2018, des milliers de milliards de dollars y sont ainsi retournés, phénomène alimentant à son tour la bulle des dettes d’entreprises à un rythme alarmant. Cette bulle ne peut qu’éclater d’un moment à l’autre, comme le notent un nombre grandissant d’observateurs indépendants.
Face à ce danger, il est urgent que les plus grandes puissances du monde, notamment les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde (l’UE s’en étant exclue elle-même de par sa nature), s’accordent pour prendre les mesures nécessaires afin de faire face à l’effondrement qui se profile.
La première initiative consiste à protéger l’activité commerciale du secteur bancaire en la séparant de l’activité spéculative, dans le cadre d’une loi de type Glass-Steagall. Les Etats-Unis pourraient d’ailleurs le faire tout seuls, mettant fin du même coup au chantage des institutions « too big to fail », qui menacent, en cas de faillite, de faire tomber tout le système. C’est avec cet argument qu’elles ont, de facto, forcé les gouvernements à renflouer un système financier devenu un vaste casino.
Ensuite, les quatre puissances mentionnées ci-dessus devraient instaurer un système de crédit international de type « nouveau Bretton Woods ».