« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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30 mars 2016
Le Brésil s’enlise dans le chaos et l’incertitude, suite à l’offensive menée depuis près d’un an par les forces monétaristes fidèles à la City de Londres, en vue de faire tomber la présidente Dilma Rousseff et de faire sortir le Brésil des BRICS. Une aggravation importante est survenue le 4 mars avec l’arrestation de l’ancien président Lula da Silva, mis en examen sur des affaires de pots-de-vin liées à la compagnie pétrolière nationale Petrobras.
Dilma Rousseff a riposté le 16 mars en nommant Lula son chef de cabinet. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une tempête politique. Après deux jours de bataille juridique, un juge de la Cour suprême, Gilmar Mendes, a suspendu la nomination de Lula au motif que celle-ci avait pour seul but de mettre l’ancien Président à l’abri des poursuites dans le cadre de l’affaire Petrobras. Le juge a également désigné le juge Sergio Moro, qui a fait ses classes à Harvard et conduit la version brésilienne de l’opération italienne « Mains propres », pour décider du sort de Lula.
Dans cette situation à haute tension, des manifestants sont descendus dans les rues de Rio de Janeiro, Sao Paulo et d’autres villes, les uns pour soutenir Rousseff et Lula, les autres pour s’y opposer.
Or, cette bataille ne sera pas gagnée sur le champ de bataille défini par l’ennemi, c’est-à-dire dans les cours de justice ou dans la rue. L’enjeu est de savoir si le Brésil restera dans les BRICS ou se soumettra complètement au système financier transatlantique agonisant. Les forces monétaristes de droite, à la solde de l’oligarchie étrangère, entendent fomenter une « révolution de couleur » au Brésil, comme en Ukraine, qu’elles présenteront comme une « démocratie » débarrassée de la corruption.
Dans son article du 7 mars, Ambrose Evans-Pritchard, le chroniqueur ultra-conservateur du quotidien anglais Daily Telegraph, un homme qui n’a jamais caché qu’il rend service aux services secrets de sa Majesté, affirme que la déstabilisation de la présidente brésilienne entre dans sa phase finale, et que l’objectif n’est pas la lutte contre la corruption, mais la guerre anglo-américaine pour briser le groupe des BRICS.
Sous le titre « La chute de Lula marque la fin du fantasme des BRICS », Evans-Pritchard claironne que : Le Brésil est le premier pays du quintette des BRICS à s’effondrer sur autant de fronts en même temps, bien que la Russie et l’Afrique du Sud sont plongés dans une grave crise et que la Chine dépense 100 milliards de dollars par mois de ses réserves de devises. Seul l’Inde a le vent en poupe. Le concept de BRICS est désormais dépourvu de tout sens.
Le Brésil est le premier pays du quintette des BRICS à s’effondrer sur autant de fronts en même temps, bien que la Russie et l’Afrique du Sud sont plongés dans une grave crise et que la Chine dépense 100 milliards de dollars par mois de ses réserves de devises. Seul l’Inde a le vent en poupe. Le concept de BRICS est désormais dépourvu de tout sens.
Avec l’arrestation-spectacle de l’ancien président Lula da Silva, un proche de la Présidente Dilma Rousseff, pour le Britannique, « l’élan pour destituer Mme Rousseff semble soudainement inarrêtable ». Il précise immédiatement que « les marchés » (c’est-à-dire les grandes banques internationales) espèrent que le vice-président, Michel Temer, pourra prendre rapidement le relais et « saisir l’austérité et les réformes à la tête d’un gouvernement pro-business ».
A noter, le fait qu’Evans-Pritchard s’est rendu à Sao Paulo, et visiblement, pas pour y passer ses vacances. Dès le 3 mars, dans les pages du Telegraph, il « constate » que le Brésil est sur le chemin « de se lancer dans les bras du Fonds monétaire international. Plus vite cette réalité peu reluisante sera reconnue par les dirigeants du pays, plus le pays deviendra sûr pour le monde… »
Mais elles ne s’arrêteront pas au Brésil. En Argentine, avec le soutien de Barack Obama, le président Mauricio Macri s’emploie à démanteler les progrès sociaux et économiques, tout en faisant des concessions aux fonds vautours. Et les enquêteurs brésiliens de l’affaire Petrobras cherchent déjà à dénoncer l’implication supposée d’élus et de partis politiques d’autres pays (Uruguay, Argentine, Pérou et bientôt Chili) dans des activités illicites liées à une prétendue corruption et au recyclage d’argent sale des sociétés brésiliennes.