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14 septembre 2012
À peine mentionné il y a trois mois encore, le débat sur un véritable Glass-Steagall se répand aujourd’hui à toute vitesse en Europe. Les soutiens les plus spectaculaires viennent de « repentis », dont l’ancien PDG de Citigroup Sandy Weill, le Financial Times de Londres et la Banque d’Angleterre.
L’EIR s’en félicite, bien sûr, puisque nous sommes depuis des années à la pointe de la campagne pour un Glass-Steagall et avons beaucoup contribué à cette évolution. Nous soulignons toutefois que dans la perspective de Lyndon LaRouche, cette séparation bancaire ne peut être qu’une première étape vers la réorganisation totale des systèmes monétaires et bancaires. Au-delà de la séparation entre banques de dépôts et banques d’affaires, il est indispensable d’éliminer les montagnes de déchets toxiques qui se sont accumulés (et ne pourront de toute façon jamais être remboursés) et d’établir des systèmes de crédit sous contrôle des nations respectives, pour financer l’économie réelle. C’est l’ensemble de ces mesures qui doit être appliqué pour devenir efficace.
Et si l’initiative venait de Belgique ? Après tout, le Premier ministre belge est devenu le premier chef de gouvernement à appeler à une séparation des banques, et ce dans une interview au plus grand quotidien national, La Libre Belgique. Pour Elio di Rupo, les banques sont simplement trop grosses. « Au Royaume-Uni, dit-il, elles représentent 600 % du PIB, au Danemark 500 %, aux Pays-Bas, en France et en Belgique, entre 300 et 400 %. Dès que les banques ont un problème, l’impact sur les Etats est gigantesque. Il faut sortir de la logique du système financier qui consiste à privatiser les profits et à socialiser les pertes. Les moyens financiers tournent dans le monde de la finance et ne sont plus consacrés, de manière suffisante, à l’économie réelle. Cela n’est pas normal. Il y a une demande, en Belgique comme dans d’autres pays – aux Etats-Unis par exemple –, de scinder les banques : d’un côté les banques de dépôts, de l’autre les banques d’affaires. Des réflexions ont lieu, en Belgique à la Banque nationale et au niveau européen. »
Di Rupo a dénoncé le système absurde qui pousse les Etats à s’endetter pour renflouer les banques, comme Dexia. Les avoirs des citoyens, dit-il, doivent être protégés sans que les Etats interviennent. « Il faudra prendre des dispositions de manière à ce que tous les comportements à risque soient assumés par ceux qui les posent. Il faudra des clauses qui imposent des pénalités directes à la fois aux gestionnaires et aux actionnaires en cas d’erreurs manifestes. »
Un grand économiste flamand, Paul De Grauwe, a soutenu les propos de di Rupo dans Le Soir du 5 septembre, soulignant à juste titre que le Premier ministre aura une tâche ardue. « Il fera face à un lobby banquier qui mobilisera des ressources considérables pour faire échouer sa proposition de scission de nos banques en banques de dépôts et banques d’affaires. Il lui faudra du courage. Je lui souhaite beaucoup de succès. »
La séparation des banques a également été soutenue lors de plusieurs conférences économiques récentes. Au Forum Alpbach annuel en Autriche, les interventions d’un correspondant d’EIR sur l’urgence du Glass-Steagall ont suscité des réponses positives du président de la Commission des Finances du Parlement autrichien, Michael Ikrath, du directeur de la Banque centrale d’Autriche Andreas Ittner, et de Kurt Pribil, directeur de l’Autorité autrichienne des marchés financiers.
De même, lors du « Forum de la finance durable » le 6 septembre à Francfort, nombre de représentants bancaires ont favorablement répondu aux interventions d’EIR. A la Journée bancaire de Francfort organisée par le Handelsblatt la veille, l’on prévoyait un débat si houleux sur la séparation des banques que les journalistes étaient exclus de certaines sessions.
Alors que la population espagnole se voit imposer une austérité draconienne et que l’économie réelle est étranglée, dans le but de sauver des bulles financières spéculatives fictives, le débat sur une réforme bancaire prend un tour intéressant dans le pays.
Le 3 septembre, le troisième quotidien espagnol, ABC (de tendance conservatrice), a publié un long article sur la lutte pour restaurer les normes du Glass-Steagall au niveau mondial, avec une grande photo de Franklin Delano Roosevelt portant la légende : « F.D. Roosevelt a promu la loi Glass-Steagall pour séparer les banques de dépôts et les banques d’affaires. » L’article évoque ensuite le projet de loi de la députée américaine Marcy Kaptur, ainsi que les critiques de la « règle Volcker » et du gouvernement Obama qui s’en tient à la loi Dodd-Frank.
Sous-titrant « Et en Espagne ? », l’article continue : « Javier Otazu est un professeur d’économie à l’université de Navarre et un ferme défenseur du contrôle des excès du système bancaire. (…) Otazu fait partie du mouvement international de « LaRouche », dirigé par l’économiste et philosophe américain Lyndon LaRouche, qui cherche à faire rétablir la loi Glass-Steagall sur le plan mondial. (…) Le modèle logique pour Otazu est celui où « le système bancaire serait divisé en deux : les banques de dépôts légitimes, liées à l’économie réelle, et les banques d’affaires, plus orientées vers la spéculation ». »
Le nom de LaRouche donne un hyperlien au site internet du LPAC en langue espagnole.
Fin août, une chaîne de journaux dans la région de Navarre avait publié une tribune d’opinion d’Otazu sur le même sujet, provoquant un intérêt au niveau national.
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