« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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1er juin 2015
Suite à des entretiens stratégiques et extrêmement productifs, la présidente brésilienne Dilma Rousseff et le Premier ministre chinois Li Keqiang ont signé le 19 mai plus de 30 accords de coopération économique, prévoyant des investissements chinois, à hauteur de 53 milliards de dollars, dans l’infrastructure, l’industrie et l’agriculture brésiliennes. Citons, entre autres, le feu vert donné à une étude de faisabilité pour la première ligne ferroviaire transcontinentale d’Amérique du Sud reliant l’Atlantique au Pacifique.
De plus, la Chine pourrait apporter 20 milliards supplémentaires à un « Fonds bilatéral de coopération productive » en matière de développement industriel. Les relations bilatérales iront donc au-delà des échanges commerciaux et de la vente de matières premières.
Le diplomate brésilien José Alfredo Graça Lima a résumé la situation en ces termes : « Il s’agit d’un Plan Marshall sans conditions politiques ou idéologiques. »
En effet, ces relations permettront au Brésil de prendre ses distances avec Wall Street et la City. Depuis que Dilma Rousseff a été réélue en octobre 2014, le Brésil fait l’objet d’un harcèlement financier et politique qui nuit gravement nui à l’économie, paralyse ses plus grandes entreprises et remet en question le maintien au pouvoir de la Présidente. C’est ainsi que le ministre des Finances Joaquim Levy, un valet de Wall Street qui a fait ses classes à l’Université de Chicago, a amputé le budget fédéral de 23 milliards de dollars pour imposer une austérité meurtrière et a bloqué la participation du pays à la banque des BRICS.
Désormais, non seulement les projets d’infrastructure brésiliens pourront aller de l’avant, mais 7 des 53 milliards de dollars promis doivent être investis dans la compagnie pétrolière nationale Petrobras, qui est la cible centrale des attaques lancées par Wall Street. De plus, deux jours après la signature des accords, la Chambre des députés a approuvé le décret du gouvernement autorisant la création de la Nouvelle banque de développement des BRICS et du Système de réserve en devises.
Ces relations s’appuient sur « des valeurs intangibles », a déclaré Mme Rousseff. La Chine « est une civilisation millénaire d’une grande richesse culturelle, qui a survécu au pillage colonial et au traumatisme de deux guerres mondiales, pour retrouver sa place dans le système international. Aujourd’hui la Chine est un pays dont le rôle dans le monde est basé sur des conceptions comme le développement économique, le rêve chinois et le concept confucéen d’harmonie, autrement dit les éléments de stabilité nécessaires à un ordre international juste et équitable. (…) L’amitié entre la Chine et le Brésil, au-delà de toutes les avancées concrètes dont nous avons été témoins, est également fondée sur des valeurs immatérielles, entre autres, l’égalité, la confiance mutuelle et, encore une fois, le temps, l’harmonie et le respect de la diversité. »
Le Premier ministre Li a poursuivi sa tournée sud-américaine en Colombie, au Pérou et au Chili.