« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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8 janvier 2019
Ceux qui en 2007 niaient tout risque de crise systémique veulent vous faire croire aujourd’hui qu’il n’y aura pas d’effondrement sur les marchés financiers et que toutes les pertes enregistrées sur les Bourses en 2018 ont leur cause spécifique. Ainsi, par exemple, la baisse d’environ 10 % du Dow Jones serait due à la « guerre commerciale » avec la Chine ; celle de Londres (12,4 %) au Brexit, celle de Francfort (18,3%) aux scandales autour de l’industrie automobile et à la Deutsche Bank, celle de Milan (16,5%) au gouvernement « populiste » de Rome. Comme il est plus difficile de trouver une explication pour la chute la plus importante, - 24,7 % à la bourse d’Athènes, on invoque des facteurs de « contagion ».
Mais quoi qu’en disent les experts du secteur, la réalité s’impose. La gestion financière des actifs s’avère calamiteuse. Les bulles de la dette d’entreprise dans les pays transatlantiques sont en train d’éclater et l’énorme marché des produits dérivés est au bord de l’effondrement. La dette contractée par les entreprises non financières est deux fois plus importante qu’en 2007 (9100 milliards contre 4900 milliards). Et le bradage des actifs concernés a déjà commencé.
A titre d’exemple, la valeur des obligations d’entreprises à haut rendement détenues par des fonds d’investissement, des fonds négociés en Bourse, etc. diminue depuis le 15 novembre passant d’une moyenne de 98,5 cents à un peu plus de 90 cents par dollar en valeur nominale. Ces perturbations sur le marché du crédit sont des signes plus fiables d’un danger de krach que tout ce qui se passe sur les Bourses.
Aujourd’hui, le rôle des dettes « poubelles » des entreprises regroupées dans des prêts garantis sur nantissement (CLO) est similaire à celui des dettes des subprimes avant 2007. Les grandes banques de Wall Street utilisent ces CLO pour se décharger de dettes de plus en plus toxiques sur toutes sortes d’investisseurs. Ce transfert des pertes par les grandes banques montre pourquoi il est urgent d’établir au niveau international, dans le cadre d’un accord monétaire, la séparation des banques suivant les critères de la loi Glass-Steagall. Une telle mesure empêcherait les banques de se débarrasser ainsi de leurs dettes en créant des centaines de milliards de titres et de piller la richesse de la nation en cas de crash.
La situation sur les marchés des obligations d’entreprise fait craindre des problèmes de liquidités chez les grandes banques. A tel point que le secrétaire au Trésor américain, Steve Mnuchin, a créé la surprise le 23 décembre, en appelant les PDG des six plus grandes banques américaines pour s’enquérir du niveau de leurs liquidités, puis en rendant publique son initiative. La dernière fois qu’une telle action avait été prise c’était par Alan Greenspan suite à la crise de Lehman.