« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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4 février 2014
Le sort de l’Ukraine se trouvait au centre d’âpres échanges le week-end dernier lors de la Conférence de sécurité à Munich. Les participants occidentaux ont affiché sans vergogne leur ingérence dans la situation interne du pays, tout en sachant que celle-ci fomentera les violences, divisera le pays et mènera en fin de compte à un conflit nucléaire avec la Russie.
Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré de façon péremptoire que « l’avenir de l’Ukraine se trouve dans l’UE ». Mais qui est-il pour décider de l’avenir d’un pays souverain ? Appartenir à l’UE, a-t-il ajouté, garantirait la démocratie ; mais en quoi l’UE est-elle démocratique, avec ses décisions prises en catimini, ses violations répétées des constitutions nationales, ou l’immunité juridique qu’elle accorde aux responsables de ses institutions ?
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a défendu la même ligne. Après avoir rencontré les dirigeants de l’opposition ukrainienne à Munich, il a martelé que les manifestants combattent pour la démocratie, sans dire un mot de l’aile ultra-nationaliste et néofasciste qui n’a rien à voir avec la démocratie.
Par contre, cette question a été pertinemment soulevée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de son intervention à la conférence. « Pourquoi personne ne condamne ceux qui s’emparent de bâtiments administratifs, agressent les policiers, scandent des slogans racistes et antisémites ? Pourquoi les responsables politiques européens en vue encouragent-ils de facto ces comportements, bien qu’ils répriment immédiatement et sévèrement toute atteinte à la loi dans leurs propres pays ? », a-t-il demandé.
« Comment réagirait l’Union européenne, si des membres du gouvernement russe se mettaient à exprimer ouvertement leur soutien, y compris par leur présence personnelle, aux fauteurs de troubles à Londres, à Paris ou à Hambourg ? » Il n’a reçu aucune réponse.
Ce mouvement de protestation, comme l’a récemment indiqué Sergueï Glaziev, un conseiller du président Poutine chargé des affaires d’intégration économique régionale, n’est pas né spontanément en novembre dernier, il a été promu depuis longtemps de l’extérieur. Ces 20 dernières années, selon Glaziev, les Etats-Unis et leurs partenaires de l’OTAN « ont, rien que par le biais des canaux officiels du département d’Etat, déboursé 5 milliards de dollars (chiffre donné par la secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland), émis sous la forme de bourses en vue de développer une communauté intellectuelle d’experts, orientés contre la Fédération de Russie et attachés à développer des attitudes russophobes au sein de la société ukrainienne ».
En effet, on estime que depuis la chute de l’Union soviétique, entre 30 et 40 milliards de dollars ont été investis par divers biais dans de telles opérations antirusses et dans les 2200 ONG en Ukraine.
La tentative de déstabiliser l’Ukraine fait partie intégrante de la politique stratégique des Etats-Unis, de l’UE et de l’OTAN visant à encercler à la fois la Russie et la Chine, afin de neutraliser leur force de riposte. Les dirigeants de ces deux pays ont clairement signifié qu’ils n’accepteraient pas une telle évolution et ont pris des mesures militaires en conséquence.