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26 juillet 2012
Un exemple accablant de criminalité bancaire et de complicité gouvernementale a été présenté au Sénat américain le 17 juin, lors d’une audition de la Sous-commission permanente d’enquêtes et dans le rapport de plus de 300 pages qu’elle a rendu public. L’audition sur le thème « Les vulnérabilités des Etats-Unis face au blanchiment de l’argent de la drogue, du trafic de stupéfiants et du financement du terrorisme » était consacrée au cas de la banque HSBC (autrefois la Hongkong and Shanghai Banking Corporation de l’empire britannique).
De 1978 à 1980, Lyndon LaRouche et ses collaborateurs ont mené une dure bataille en vue d’empêcher cette même banque de gagner une position stratégique au sein du système bancaire américain au moyen du rachat de la Marine Midland Bank de l’Etat de New York. Ils ont produit à l’époque le best-seller Dope, Inc., qui montrait que la Hong Shang avait traditionnellement fait fonction de « banque centrale » pour le trafic de l’opium, et cherchait alors à infiltrer les Etats-Unis.
Cette bataille a été perdue, et les conséquences de la folle dérégulation qui s’ensuivit, couronnée par l’abrogation de la loi Glass-Steagall en 1999, viennent d’être examinées par la Sous-commission du Sénat. Le 18 juillet, ses deux présidents, le démocrate Carl Levin et le républicain Tom Coburn, ont interrogé des responsables de la banque pendant de longues heures sur les éléments montrant que HSBC avait sciemment violé des lois américaines en recyclant sur la dernière décennie des milliards de dollars de fonds provenant de cartels de la drogue et de bailleurs de fonds du terrorisme.
Alors que 80 % des stupéfiants arrivant aux Etats-Unis passe par le Mexique, HSBC, selon le rapport, est impliquée dans 60 % du blanchiment de l’argent sale pour les cartels mexicains. Entre 2006 et la mi-2009, la filiale d’HSBC aux Etats-Unis (HBUS) a fait entrer plus de 15 milliards de dollars en provenance de sa filiale mexicaine HBMX. Celle-ci gérait 50 000 comptes bancaires totalisant plus de deux milliards de dollars dans une filiale aux Iles Caïman, alors qu’elle n’y avait aucun bureau ni employé !
Le rapport de la Sous-commission fustige le Bureau du contrôleur de la monnaie (OCC) pour n’avoir jamais rappelé à l’ordre HSBC en dépit de violations énormes des lois. L’OCC, l’organisme de régulation des banques américaines, relève directement du département du Trésor de Tim Geithner.
Au cours de six années à partir de 2004, l’OCC n’a aucune action disciplinaire à l’égard de la banque. Il a tout au plus menacé de lui imposer des sanctions pour enfreinte aux lois sur la protection des consommateurs, et cela uniquement après que deux autres organismes l’avait informé, en 2010, d’enquêtes au pénal contre HSBC. Pire, en 2006, alors que l’OCC était informé de 83 problèmes légaux à HBUS, il a néanmoins exonéré HSBC du contrôle de la Réserve fédérale !
(Pour se défendre, Geithner affirmé que l’OCC est un « bureau indépendant » du département du Trésor, mais la loi dit autrement. En outre, le chef de l’OCC est nommé par le Président sur recommandation du secrétaire au Trésor.)
Autre aspect explosif du rapport de la Sous-commission, la partie sur la Al Rajhi Bank et le financement du terrorisme. Pendant plus de 25 ans, HSBC a fourni des services bancaires à cette banque saoudienne – même après qu’on ait appris qu’elle finançait des opérations terroristes et que l’un de ses fondateurs était l’un des premiers bailleurs de fonds d’al Qaïda ! Un rapport de 2003 de la CIA constatait que « d’influents membres de la famille al-Rajhi soutiennent depuis longtemps des extrémistes islamistes et savent sans doute que des terroristes utilisent leur banque ». Al Rajhi Bank fournissait aussi des services bancaires à plusieurs pirates de l’air des attentats du 11 septembre 2001.
Enfin, en janvier 2005, HBUS a décidé de mettre fin à ses relations avec Al Rajhi Bank. Puis, en décembre 2006, elle a renoué les relations pour quatre ans de plus !
Aujourd’hui encore, la sanction la plus sévère que « négocie » le département de Geithner avec HSBC concerne le versement d’une amende civile d’un montant infime par rapport aux profits engrangés par la banque pour ses activités illégales.