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Draghi explique comment la BCE a renfloué la City de Londres

3 février 2017

Dans une lettre récente à deux membres du parlement européen, Marco Valli et Marco Zanni, qui lui avaient demandé ce que deviendrait le système TARGET2 si un pays membre venait à quitter la zone euro, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi s’est exprimé pour la première fois sur le sujet. Les médias financiers ont répercuté cet aspect de la lettre de Draghi, mais ont censuré un aspect encore plus important, à savoir que près de la moitié du Programme d’achat d’actifs (APP) de la BCE a servi à renflouer les banques de la City !

Pour ce qui concerne l’euro, Draghi estime que si un pays devait quitter la zone euro, il devrait solder entièrement ses comptes avec la BCE, tant au niveau des actifs que des passifs. Dans le cas de l’Italie, le gouvernement devrait verser 359 milliards d’euros, qui représentent selon la BCE la dette courante de l’Italie dans le système de compensation TARGET2, auquel sont parties prenantes les banques centrales de la zone euro (Eurosystem). Autrement dit, l’Italie devrait payer une rançon pour se retirer.

Quant à TARGET2, l’ensemble du système a été mis en place pour renflouer la City de Londres. Comment ? Dans le cadre du Programme d’achat d’actifs (APP), la BCE rachète aux banques une quote-part d’obligations souveraines, d’obligations de sociétés privées et de titres garantis par des actifs, de manière à leur fournir des liquidités. La BCE n’achète pas ces titres directement, mais à travers les banques centrales concernées. Les banques reçoivent immédiatement les liquidités attendues et les soldes entre banques centrales nationales (BCN) sont réglés par le biais du système de compensation TARGET2.

Dans sa lettre, Draghi écrit que « presque 80 % des obligations achetées par les banques centrales nationales » ont été vendues par des contreparties d’un pays tiers, et qu’environ la moitié d’entre elles l’ont été par « des contreparties domiciliées à l’extérieur de la zone euro, la plupart d’entre elles pouvant accéder au système de paiement TARGET2 par le biais de la Bundesbank allemande ».

Pour des explications supplémentaires Draghi renvoie ses interlocuteurs à un rapport de la BCE daté de mars 2016, où on peut lire :

Les institutions de crédit domiciliées à l’extérieur de la zone euro participent à TARGET2 par le biais d’une BCN de l’Eurosystem, dont les grandes banques internationales opérant depuis la City de Londres ne sont pas les moindres.

Jusqu’ici, la BCE a fourni aux banques européennes quelque 1400 milliards d’euros de liquidités via l’APP. Ce dernier doit se poursuivre au moins pour l’année 2017, et ainsi, les banques auront reçu d’ici la fin de l’année presque 2000 milliards d’euros, ce qui signifie de fait que la City de Londres a reçu presque 1000 milliards d’euros de la BCE, par l’intermédiaire de la Bundesbank !

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