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29 juillet 2014
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE, qui se sont réunis le 24 juillet à Bruxelles, ont approuvé un nouveau catalogue de sanctions contre la Russie, qui doit être intégralement publié le 29 juillet. L’ambassadeur russe à l’UE, Vladimir Tchizov, a plusieurs fois prévenu que les nouvelles mesures de l’UE se retourneront avec force contre l’Occident. Telle est aussi l’opinion d’experts compétents en Occident.
Considérant les chiffres du commerce, Larry Elliott fait remarquer dans le Guardian à quel point les économies de l’UE sont dépendantes des exportations de la Russie. Le commerce avec la Russie en 2013 s’élevait à 66 milliards d’euros pour l’Allemagne, 37 milliards pour les Pays-Bas, 30 milliards pour l’Italie, 26,7 milliards pour la Pologne, 18 milliards pour la France et 12,6 milliards pour le Royaume-Uni. Avant les sanctions, la Chambre allemande du commerce avait déjà projeté une chute de 10% du commerce avec la Russie et une perte de 4 milliards d’euros en 2014.
Les nouvelles sanctions « interdiront à tout sujet de l’UE d’investir dans la dette, les actions et autres instruments financiers similaires ayant une maturité supérieure à 90 jours et émis par les institutions financières détenues par l’Etat russe, après l’entrée en vigueur de la mesure de restriction n’importe où dans le monde », déclare le document de l’UE. Cela empêchera la Russie de refinancer sa dette publique grâce à des obligations à long terme et mettra en danger tous les accords à long terme, en particulier parce que la Sberbank, principal partenaire des banques allemandes en ce qui concerne les prêts aux moyennes entreprises allemandes, figure sur la liste des sanctions.
L’Association des petites et moyennes entreprises allemandes a exprimé son opposition. Son président, Mario Ohoven, a fait savoir au Handelsblatt que « quiconque demande des sanctions contre la Russie met 300 000 emplois en Allemagne sur la sellette ». La Russie peut quant à elle remplacer l’Europe par la Chine, a-t-il dit.
Ohoven, tout comme le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, a dénoncé l’« hypocrisie » du gouvernement britannique qui a poussé à ce que l’on durcisse le ton à l’égard de Moscou, sans avoir de son côté annulé un seul de ses 250 contrats militaires avec la Russie. Les Français ont réussi à maintenir la vente de leur Mistral hors de cette liste de sanctions, mais l’Italie a apparemment cédé aux pressions britanniques et suspendu sa coopération sur le sous-marin S-1000, bien que ce soit pour des prétextes bureaucratiques.