« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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18 octobre 2016
Le monde est en proie à deux crises étroitement liées et très dangereuses : l’implosion imminente du système financier transatlantique, qu’il n’est plus possible de garder sous perfusion, et le bras de fer stratégique entre les États-Unis et la Russie autour de la Syrie, nouvelle guerre froide qui pourrait rapidement se transformer en guerre « chaude ». D’innombrables observateurs des deux côtés de l’Atlantique mettent en garde contre le danger très réel d’une escalade vers une guerre mondiale.
Un pas fatidique a été franchi le 3 octobre lorsque l’administration Obama a annoncé, par la voix de l’amiral John Kirby, porte-parole du département d’État, la rupture du dialogue avec la Russie pour trouver une solution au conflit en Syrie. Peu avant, la coalition américaine avait bombardé « par erreur » l’armée syrienne à Deir el-Zor, tandis que Washington accusait la Russie d’être responsable de l’attaque contre un convoi humanitaire en route vers Alep, sans en fournir aucune preuve, pour aboutir à la rupture du cessez-le-feu et une escalade de la rhétorique des deux côtés.
Entretemps, diverses options ont été avancées pour une intervention américaine en Syrie contre les forces du président Assad. Entre autres, la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne totale ou partielle au-dessus du pays, la création de zones de sûreté pour les réfugiés, le bombardement direct contre l’Armée de l’air syrienne, ou encore la livraison aux djihadistes de nouvelles armes létales, notamment des missiles portatifs antiaériens. Toutes ces actions auraient pour effet de renforcer les groupes djihadistes extrémistes que l’Occident prétend combattre. Encore plus inquiétant, les États-Unis se trouveraient alors en position d’affrontement militaire direct avec la Russie.
En réponse, les Russes ont annoncé le déploiement en Syrie de systèmes antimissiles S-300 et S-400, tout en suspendant l’accord russo-américain relatif à l’élimination du plutonium de qualité militaire. Les relations se sont dégradées au point que Washington a même bloqué une déclaration au Conseil de Sécurité condamnant l’attaque au mortier de l’ambassade russe à Damas par des rebelles.
À quelques exceptions près, les médias occidentaux tiennent la Russie, et le président Poutine en particulier, pour entièrement responsables de la terrible souffrance du peuple syrien et de la poursuite de la guerre civile. Il faut toutefois se demander qui a lancé la politique de « changement de régime » destinée à renverser le président Assad avec l’aide de forces corrompues, qui a entraîné et armé les groupes djihadistes extrémistes qui se font nommer tantôt Al-Qaïda et Al-Nosra, tantôt Daech, qui a déclenché les guerres en Afghanistan, Irak, Libye ou Syrie en s’appuyant sur des mensonges, et qui cautionne la guerre barbare menée par l’Arabie saoudite contre les patriotes yéménites ?
Pour résoudre la crise humanitaire qui sévit à Alep, l’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura propose que les terroristes du groupe Jabhat al-Nosra (alias Al-Qaïda), soutenu par Washington, soient autorisés à se retirer de la partie assiégée de la ville avec leurs armes, afin de permettre la livraison d’aide à la population civile parmi laquelle les rebelles se sont infiltrés. La Russie a soutenu cette proposition.