« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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Visioconférence des 7 et 8 décembre 2024

Le nucléaire iranien et la seconde administration Trump

Session 1

28 décembre 2024

Par Hossein Mousavian, ancien ambassadeur d’Iran en Allemagne

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Lors de la campagne présidentielle, le président Trump a déclaré : « J’aimerais que l’Iran connaisse un grand succès. La seule chose, c’est qu’ils ne peuvent pas avoir d’arme nucléaire. Je ne veux pas être impliqué dans un changement de gouvernement du pays. » Il n’a pas mentionné d’autres différends avec l’Iran, tels que les questions régionales, pendant sa campagne électorale.

Cependant, sous la présidence Trump, nous pourrions être confrontés à l’un des quatre scénarios suivants :

Scénario A : Si sa seule préoccupation concerne un nouvel accord nucléaire garantissant que l’Iran n’aura pas accès aux armes nucléaires, il pourrait être possible de parvenir à un accord, sur la base de deux principes :

1. L’Iran acceptera un maximum de mécanismes de vérification et d’inspection, ainsi que le maintien d’un programme nucléaire ouvert et transparent afin de garantir qu’aucune arme nucléaire ne soit en cours de développement.

2. En échange, les États-Unis lèveront les sanctions nucléaires à l’encontre de l’Iran.

Scénario B : Pour Israël et d’autres opposants au JCPOA (Plan d’action global commun) aux États-Unis et dans la région, la question portait sur les « clauses d’extinction ». Ils ont fait valoir que ces clauses expireraient après une certaine période, laissant l’Iran libre de poursuivre la mise au point d’armes nucléaires.

Si les dispositions de caducité du JCPOA étaient rendues permanentes, cela reviendrait à une discrimination flagrante à l’égard du traité TNP. Pendant un certain temps, l’Iran peut prendre volontairement des mesures allant même au-delà du TNP pour instaurer la confiance, mais il n’acceptera pas d’être soumis à une discrimination flagrante permanente par rapport aux autres membres du TNP.

Pour résoudre ce problème, les principes fondamentaux du JCPOA pourraient être régionalisés, en rendant permanentes les principales dispositions de caducité, telles que l’enrichissement de l’uranium à moins de 5 % et l’interdiction du retraitement.

Étant donné que l’Arabie saoudite négocie également avec les États-Unis pour disposer d’un cycle complet du combustible et de l’enrichissement, la régionalisation des principes du JCPOA permettrait de garantir une vérification maximale des programmes nucléaires de l’ensemble de la région. En outre, des limitations telles que l’enrichissement inférieur à 5 % ou l’interdiction du retraitement serviraient de garantie contre le développement d’armes nucléaires dans toute la région.

Scénario C : Récemment, j’ai entendu un républicain bien connu, ancien responsable du dossier nucléaire iranien, dire que ce que veulent Trump et Netanyahu, c’est que l’Iran cesse complètement ses activités d’enrichissement. Si un tel scénario est proposé, il s’agirait essentiellement d’un retour à la case départ, et aucune négociation ne donnerait de résultats.

Il existe toutefois une solution à ce scénario : l’idée d’un consortium multilatéral d’enrichissement, similaire à l’URENCO européen, mais au sein du Moyen-Orient ou de la région du golfe Persique.

En 2005, alors que j’étais membre de l’équipe de négociation nucléaire iranienne, j’avais proposé cette idée dans une interview accordée au journal russe Itar-Tass et j’ai alors été critiqué par des autorités iraniennes de haut niveau.

Après l’accord JCPOA, des scientifiques nucléaires de l’université de Princeton ont publié un article suggérant cette initiative pour sauver le JCPOA, et j’ai également présenté cette idée dans mon livre, A Middle East Free of Weapons of Mass Destruction (Un Moyen-Orient sans armes de destruction massive).

Scénario D : Trump pourrait non seulement soulever la question nucléaire, mais aussi les questions régionales. Massad Boulos, son conseiller pour le Moyen-Orient, a déclaré à un journal français que Trump avait trois problèmes avec l’Iran : le nucléaire, les missiles et l’axe de la résistance dans la région. Dans ce cas, les deux pays auraient besoin d’établir un dialogue global et inclusif, et il serait extrêmement difficile et complexe de parvenir à un accord.

A cause de décennies de guerre, le Moyen-Orient s’est enfoncé dans la pauvreté et l’instabilité et il est au bord de l’effondrement. Pour sauver la région, des initiatives majeures sont nécessaires, telles que la fin des guerres, l’éradication du terrorisme, l’absence d’armes de destruction massive, des pactes de non-agression entre les pays et des initiatives de développement constructives telles que le « plan Oasis » de l’Institut Schiller.

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