« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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5 juin 2024
Compte-rendu de la 52ème réunion de la Coalition Internationale pour la Paix, le 31 mai
La réunion du 31 mai a marqué le premier anniversaire de la Coalition internationale pour la paix, avec 52 réunions hebdomadaires en ligne consécutives. Des personnes de plus de trente pays y ont participé. Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller, a annoncé que la réunion se concentrerait sur l’Ukraine, en raison du danger extrême que représentent les trois attaques menées par ce pays contre des installations de radars d’alerte précoce en Russie. Ces installations ne sont pas liées à la guerre en Ukraine, mais font partie intégrante des systèmes de défense stratégique de la Russie. L’Institut Schiller a diffusé une alerte rouge sur ces événements, qui ont ensuite été diffusés dans les médias grand public, mais n’ont toujours pas reçu l’attention qu’ils méritaient. S’en est suivi un débat entre experts militaires, scientifiques et diplomatiques, dont Theodore Postol, expert en armes nucléaires et professeur émérite de science, technologie et sécurité nationale au Massachusetts Institute of Technology ; le colonel (à la retraite) Wilfried Schreiber, chercheur principal au WeltTrends Institute for International Politics à Potsdam, en Allemagne ; le lieutenant-colonel (à la retraite) Ralph Bosshard des forces armées suisses, consultant en affaires militaro-stratégiques ; le colonel Richard H. Black (ret.), ancien chef de la division du droit pénal de l’armée américaine au Pentagone et ancien sénateur de l’État de Virginie ; et l’ancien ambassadeur Chas Freeman, diplomate et spécialiste des relations entre les États-Unis et la Chine.
M. Postol a ouvert le débat en expliquant la fonction du système de radars d’alerte précoce de la Russie. Ces installations permettraient à la Russie de détecter une frappe nucléaire à l’approche. Si les États-Unis venaient à perdre l’un de leurs radars terrestres d’alerte avancée, ils seraient toujours en mesure d’observer la situation depuis l’espace, grâce à leur système de satellites, mais les Russes ne disposent pas encore de cette capacité. Les satellites peuvent détecter immédiatement le lancement d’un missile, alors que « le rayon de balayage » des radars ne détectent les missiles qu’à partir d’une certaine altitude. La désactivation de l’un de ces « le rayon de balayage » réduit de quelques minutes cruciales le temps dont dispose la Russie pour décider de sa réaction, c’est-à-dire pour décider de lancer ou non une contre-attaque nucléaire. Le colonel Black a ajouté que les attaques contre les radars russes ne pouvaient avoir lieu sans l’accord explicite des États-Unis et qu’elles « n’ont d’autre but que d’aveugler la dissuasion nucléaire de la Russie ». En outre, « nous n’avons pas la capacité de détruire préventivement toutes les défenses nucléaires de la Russie », qui comprennent des missiles lancés par des sous-marins, a déclaré le colonel Black. « Nous pouvons détruire la civilisation russe, mais pas sa capacité de riposte. »
Les implications, donnant à réfléchir, d’une tentative de « rendre aveugle la dissuasion nucléaire de la Russie » ont été discutées par les panélistes. L’ancien ambassadeur Chas Freeman, dans une interview vidéo diffusée pendant la réunion, a déclaré qu’aucune grande puissance nucléaire ne peut se permettre de compromettre l’équilibre de la dissuasion nucléaire, mais c’est précisément ce que fait l’Ukraine, en agissant par procuration. Le colonel Black a affirmé que le feu vert donné à l’attaque des radars, combiné à la livraison d’avions F-16 à capacité nucléaire, signifie que les États-Unis et l’OTAN mettent en place le cadre d’une éventuelle frappe nucléaire contre la Russie.
Le colonel Black a demandé aux participants d’examiner le contraste entre les doctrines américaine et russe en ce qui concerne l’utilisation des armes nucléaires. Côté américain, une attaque nucléaire de première frappe - « attaque furtive » - n’est pas interdite. « En revanche, la doctrine nucléaire russe est exclusivement défensive. » Le colonel Bosshard a déclaré : « Pour rester crédible, l’OTAN doit menacer la Russie d’utiliser des armes nucléaires, et non l’inverse. »
On s’est interrogé sur l’état d’esprit des responsables occidentaux : qu’est-ce qui pouvait les pousser à flirter avec l’utilisation d’armes susceptibles d’anéantir l’ensemble de l’humanité ? Helga Zepp-LaRouche a qualifié cette question d’« ahurissante ». M. Bosshard a déclaré que « les hommes politiques occidentaux ne sont apparemment pas conscients des risques qu’ils prennent » et a suggéré qu’ils pensent que Poutine bluffe. M. Postol a ajouté que, contrairement aux professionnels de carrière qui connaissent bien ces questions, les élus entrent en fonction avec peu ou pas de connaissances et sont obnubilés par la ’politique’. M. Black a attribué les récentes actions de M. Biden à l’échec de sa campagne de réélection : « Le président Biden reconnaît que le projet ukrainien s’est effondré. (...) Plus la Maison Blanche est obnubilée par les prochaines élections (...), plus le risque d’une manœuvre militaire à très haut risque est grand ».
Le rôle des médias dans la promotion de ce climat d’affrontement a également été examiné. L’ambassadeur Freeman a reconnu l’importance de la diffusion de l’alerte rouge de l’Institut Schiller, l’opposant à « l’analphabétisme militaire et stratégique de la génération actuelle de journalistes ». Mme Zepp-LaRouche a répondu que les médias ne sont pas simplement incompétents : « Les médias sont absolument entre les mains de ceux qui poussent à la confrontation. » Elle a notamment décrit comment les dirigeants qui contestent le « récit » pro-guerre, comme le Premier ministre slovaque Robert Fico, deviennent des cibles de harcèlement et même d’assassinat, et a donné comme exemple les désormais célèbres « kill lists » des agences ukrainiennes de « contre-désinformation ».
Mme Zepp-LaRouche a également soulevé la question de l’autorisation récemment donnée par M. Biden à l’Ukraine d’utiliser des armes américaines pour frapper des cibles en territoire russe. Certains dirigeants européens, comme le chancelier allemand Olaf Scholz, s’étaient auparavant opposés à cette idée, mais « ce matin, tout d’un coup, il a accepté parce que Biden a accepté ». Le colonel Black a insisté sur le fait que les États-Unis dominent l’Europe et dirigent l’OTAN, au sujet de laquelle il a déclaré : « Il y a bien longtemps qu’elle n’est plus de nature défensive. Elle est devenue une organisation mondiale très agressive ».
Le colonel Schreiber a mentionné certaines des nouvelles dimensions de la guerre qui sont apparues au cours de sa vie, en disant que la numérisation ouvre un nouvel horizon dans la politique de guerre : la guerre dans le cyberespace. Les utilisations militaires possibles des impulsions électromagnétiques représentent également un nouveau type de guerre.
Diane Sare, la candidate indépendante larouchiste au Sénat des États-Unis, a indiqué qu’elle avait déposé près de 70 000 signatures pour se qualifier, dépassant largement les 45 000 signatures requises par la loi. Elle a déclaré que de nombreux électeurs de son État (New York) sont préoccupés par les diverses affaires judiciaires contre Donald Trump et s’est étonnée que, alors que l’on pourrait penser qu’au cours d’une élection présidentielle, nous nous concentrions tous sur le danger stratégique, de nombreuses personnes sont plutôt fascinées par le « spectacle pornographique et infantile » d’un ancien président jugé dans une affaire de paiement d’une prostituée à partir d’un mauvais compte bancaire. Elle a montré aux participants sa ’carte de palme’, ornée du slogan « Let us beat swords into plowshares » (réduisons les épées en socs de charrue). Elle a rappelé que Lyndon LaRouche avait dit un jour que les « guerres de rétribution et de vengeance » sont les plus stupides et qu’elles se retournent contre la nation qui les a lancées.
Au cours de la période de discussion, Jacques Cheminade, ancien candidat à l’élection présidentielle française, a demandé au colonel Alain Corvez (ret.) de donner son avis sur la question. Ce dernier a répondu : « Je compte beaucoup sur la Chine et la Russie. (...) Il faut savoir que Poutine a fait preuve d’une grande réserve dans ses actions. (...) La Chine ne peut pas permettre que cette attaque contre la Russie se poursuive, car elle sait qu’elle sera la prochaine cible ».
Francis Boyle, avocat international spécialisé dans les droits de l’homme, qui s’est exprimé sur la situation en Israël et à Gaza, a déclaré que le procureur de la Cour pénale internationale avait demandé des mandats d’arrêt pour crimes de guerre, mais qu’il aurait dû également demander des mandats d’arrêt pour génocide ; l’Afrique du Sud a présenté des preuves soigneusement documentées. Les trois juges de la CPI subissent d’énormes pressions, y compris du chantage, des menaces et des intimidations, pour ne pas délivrer de mandats d’arrêt.
En conclusion, Mme Zepp-LaRouche a rappelé aux participants les dates de la prochaine conférence de l’Institut Schiller, qui se tiendra le 15 et 16 juin, en précisant que la paix de Westphalie constitue une bonne référence historique. Elle a fait l’éloge de la nouvelle initiative Chine/Brésil pour mettre fin à la guerre en Ukraine, ajoutant qu’elle doit être combinée avec une Renaissance des meilleures traditions culturelles de toutes les nations, afin de parvenir à un nouveau paradigme pour créer la base d’une paix durable.