« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Coalition internationale pour la paix
15 juillet 2025
Compte-rendu de la réunion du 4 juillet
La réunion a pris la forme d’une table ronde, notamment au sujet de la menace qui pèse sur le droit international, à la suite des violations flagrantes commises par Israël et les États-Unis. La question qui s’est posée était la suivante : y a-t-il un espoir de rétablir ce droit international, ou sommes-nous désormais contraints de nous acclimater à une nouvelle réalité, dans laquelle les nations qui possèdent une puissance militaire suffisante peuvent le violer en toute impunité ?
Helga Zepp-LaRouche a indiqué qu’à la suite de la collaboration corrompue des dirigeants de l’Agence internationale de l’énergie atomique (l’AIEA) avec le parti américain de la guerre, les « néocons », l’Iran a suspendu sa coopération avec l’agence, mais n’abandonnera pas le traité de non-prolifération nucléaire. Donald Trump cherche à obtenir un cessez-le-feu de 60 jours avec le Hamas, qui a indiqué sa volonté de négocier, mais Netanyahou a rejeté toute accalmie dans ses attaques contre la population de Gaza. La question se pose donc de déterminer qui, de Trump ou de Netanyahou, a l’ascendant ? Trump « a les moyens de mettre les pieds dans le plat », mais il ne l’a pas fait. Les États-Unis ont suspendu les livraisons d’armes à l’Ukraine, dans l’attente d’un inventaire des stocks américains. De son côté, Emmanuel Macron a parlé à Poutine après trois ans d’interruption, ce que M. Zepp-LaRouche a qualifié de « petit pas dans la direction de la diplomatie ». Quant à Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, il a rencontré Kaja Kallas (Vice-présidente de la Commission européenne), et lui a communiqué sans ambages que si la Russie était vaincue en Ukraine, la Chine était parfaitement consciente qu’elle serait la prochaine cible...
Mme Zepp-LaRouche a donné un sens de l’état d’esprit en Allemagne en rapportant qu’un dirigeant de la CDU exigeait qu’elle se dote d’armes nucléaires dans un contexte de plus en plus tendu où les informations sont de plus en plus sous contrôle. Ainsi, les journalistes Thomas Röper et Alina Lipp ont reçu une interdiction de revenir en Allemagne, parce que leurs reportages ne plaisaient pas au parti belliciste. Röper a d’ailleurs comparé la rhétorique des dirigeants allemands actuels à celle des nazis. Certains parrallèles deviennent effectivement très embarrassant lorsque, par exemple, on se rappelle que Hitler appelait l’Allemagne à devenir ’Kriegsfähig’ (apte à la guerre) et que, aujourd’hui, le ministre de la Défense Boris Pistorius utilise le terme ’Kriegstüchtig’ (prêt pour la guerre).
Il y a pourtant des perspectives plus optimiste, notamment avec le sommet annuel des BRICS, qui débutera à Rio de Janeiro le 6 juillet. Parmi les propositions discutées : une « nouvelle plateforme d’investissement » visant à canaliser le crédit vers le développement, et non vers la spéculation. Trump, s’il est rationnel, ne devrait pas considérer cela comme une menace.
Prenant la parole, Ray McGovern a déclaré qu’il faisait ses valises et qu’il se réjouissait de participer à la conférence de l’Institut Schiller à Berlin les 12 et 13 juillet puis a demandé un instant de silence pour le génocide en cours à Gaza, déplorant ensuite la descente vers le chaos engendrée par les activités des États-Unis et d’Israël, mais exprimant aussi sa satisfaction de la poursuite du dialogue entre les les États-Unis et la Russie, malgré les événements récents. C’est le cas du porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, qui souhaite améliorer les relations avec les États-Unis, malgré l’injustifiable guerre menée contre l’Iran.
Faisant référence à la conversation entre Poutine et Macron, McGovern a déclaré que ni lui ni Poutine ne faisaient confiance à Macron après tant d’accords non respectés. Les sondages en Russie indiquent que pour les Russes, l’Allemagne a désormais remplacé les États-Unis comme principal ennemi. McGovern a également affirmé qu’en raison des fautes commises par l’AIEA, nous avons perdu notre capacité à surveiller avec précision le programme nucléaire iranien.
Mme Zepp-LaRouche a réagi en reconnaissant les dommages causés au droit international, mais en affirmant également que l’accord conclu le 4 février 2022 entre Poutine et Xi, lors des XXIVes Jeux olympiques d’hiver à Pékin, soulignaient une nouvelle réalité stratégique de partenariat durable entre leurs deux nations.
Jonathan Kuttab, intervenant habituel dans les réunions de la Coalition pour la paix, a déclaré qu’« il y a des indices, des signes qui indiquent que la Chine pourrait jouer un rôle plus important » en Asie du Sud-Ouest. Les États-Unis et leurs collaborateurs de l’OTAN s’accrochent à l’ordre international actuel, « même s’il est en train de s’effondrer ». En effet, les États-Unis et Israël se sont exhibés en pleine violation du droit international et ce, en toute impunité comme on le voit avec les menaces ouvertes, absolument sans précédent, contre les juges de tribunaux internationaux, et leurs familles ! Kutlab a insisté sur un fait connu de tous mais qui ne provoque pourtant quasi aucune réaction en déclarant à propos des images largement diffusées sur les réseaux sociaux du génocide à Gaza : « Ici, c’est tous les jours sous vos yeux... contrairement à l’holocauste en Allemagne, qui s’est déroulé dans l’ombre. »
Sur la question de savoir si le droit international est moribond, Helga Zepp-LaRouche a déclaré qu’en ce qui concerne Gaza, seul le rôle courageux de l’Afrique du Sud a sauvé l’honneur de l’humanité. McGovern a pu faire remarquer que la Russie et la Chine continuent d’honorer leurs engagements vis-à-vis de l’ONU, et que les sondages aux États-Unis montrent que l’opinion publique se retourne contre « Netanyahou et son patron, Trump ».
Juan Carrero, président de la Fondation S’Olivar en Espagne, a salué le travail de la CIP et de l’Institut Schiller dans la lutte contre le génocide, dénonçant les horreurs qui se déroulent actuellement en Afrique et à Gaza. Il a présenté une déclaration vidéo d’Adolfo Perez Esquivel, lauréat du prix Nobel de la paix en 1980, rappelant aux participants que l’Iran est le septième et dernier changement de régime prévu au Moyen-Orient. Il a déclaré que l’Iran « possède quelque chose de plus puissant que les armes nucléaires : la dignité ». Dans la vidéo, il appelle la communauté internationale, et en particulier les alliés d’Israël, à agir pour surmonter la léthargie de l’ONU et mettre fin au génocide à Gaza, tout en dénonçant le « mépris de l’humanité et des valeurs » de l’Occident.
Dennis Small a ensuite décrit la rencontre extraordinaire entre le président brésilien Lula da Silva et l’ancienne présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner, qui purge une peine de six ans d’assignation à résidence pour des crimes qu’elle n’a pas commis, ajoutant que Perez Esquivel avait également rencontré Lula lors de sa visite en Argentine.
Dans une déclaration vidéo, M. Georgy D. Toloraya, directeur russe pour la recherche sur les BRICS, directeur du Centre de stratégie asiatique de l’Institut d’économie, et chercheur en chef de l’Institut de la Chine et de l’Asie contemporaine de l’Académie russe des sciences, a déclaré qu’il avait le sentiment que les diplomates étaient contournés et que de véritables accords étaient conclus par des personnes inconnues opérant dans les coulisses. Il a aussi souligne qu’« Israël a violé toutes les règles possibles », mais que la réaction de l’Iran est restée très limitée, de sorte qu’il semble qu’une sorte d’accord ait pu être conclu. Comment les relations internationales vont-elles évoluer maintenant qu’il n’y a plus de règles et que tout est permis ? L’Occident, représenté par l’OTAN, cherche à extraire des revenus indus des anciennes nations colonisées. Si l’Occident tente d’éliminer tous ses adversaires, cela peut conduire à une guerre nucléaire a-t-il conclu.
Des militants pacifistes du monde entier ont ensuite rendu compte de leurs activités, à commencer par une description de la récente conférence sur le [1] [2] tenue au campus Iztapalapa de l’Université autonome du Mexique (UAM) à Mexico. [3], comprenant une présentation de l’ambassadeur Sisulu d’Afrique du Sud.
Cette présentation a été suivie d’un rapport sur la « brigade John Quincy Adams » constituée d’Américains venus à Berlin pour aider à préparer la conférence de l’Institut Schiller. D’autres rapports ont été présentés par des organisateurs en France, en Espagne, en Colombie et à Boston aux États-Unis.
Une dirigeante du mouvement de jeunesse LaRouche au Mexique a posé une question à Mme Zepp-LaRouche, sur le conflit entre l’optimisme et le désespoir dans la crise stratégique actuelle,demandant si le [4] de Nicolas de Cues [5] pourrait fournir une bonne inspiration, ou un bon cadre pour lancer une discussion. [6] ce à quoi Mme Zepp-LaRouche a répondu en expliquant que ce document aide clairement les citoyens à élever leur pensée et à avoir une approche plus philosophique. Dans le dialogue en question, dix-sept représentants de différentes religions et cultures demandent à Dieu de les guider, car disent-ils : « nous nous entretuons tous en ton nom ». Dieu montre alors comment, du point de vue supérieur de la philosophie, les différentes religions sont en accord.
Poursuivant sur cette piste, elle est revenue sur cette interrogation courante vis-à-vis du plan Oasis : peut-on se lancer dans le développement économique sans qu’il y ait la justice ? Cette question est difficile et contre intuitive, mais il existe une dimension, une réponse, illustrée par la paix de Westphalie qui a pris pour point de départ que, pour obtenir la paix, il fallait avoir penser en termes de « l’avantage de l’autre » ce qui implique le pardon des offences et l’oubli des griefs passés. A ces seules conditions, peut s’établer une paix durable et la prospérité pour tous.
[1] Plan Oasis
[3] https://schillerinstitute.com/the-oasis-plan-the-larouche-solution-for-southwest-asia/
[4] De Pace Fidei
[5]
[6] https://archive.schillerinstitute.com/transl/cusa_p_of_f.html