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Coalition internationale pour la paix

Le plan Oasis, chemin vers la paix et le développement #88

12 février 2025

Compte-rendu de la réunion du vendredi 7 février

La réunion s’est tenue au lendemain de la rencontre, le 4 février à la Maison Blanche, entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Lors de la conférence de presse qui a suivi cette rencontre, avec un Netanyahou souriant à ses côtés, M. Trump a annoncé un « plan » visant à expulser tous les Palestiniens de Gaza, à faire en sorte que les États-Unis s’en emparent et à construire une nouvelle « Riviera » sur les décombres. Ce développement choquant a été à l’origine d’un débat intense au cours des travaux de la CIP, auquel ont participé des Palestiniens, des Israéliens, d’anciens responsables américains de la CIA et d’autres personnes, qui ont discuté de ses implications.

Helga Zepp-LaRouche a ouvert le débat en notant que M. Trump avait répondu à une question sur les habitants de la « Riviera » en parlant des « peuples du monde », et non les Palestiniens. Elle a fait remarquer que le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait déjà ordonné aux Forces de défense israéliennes (FDI) de se préparer à déplacer la population. Elle a également relevé l’ironie de la déclaration des responsables de Trump : « Si vous avez un meilleur plan, faites-le nous savoir », puisque l’Institut Schiller et la CIP ont présenté un « meilleur plan » qui permettrait réellement de prévenir la guerre et d’instaurer la paix et le développement, le plan Oasis. Celui-ci a été proposé pour la première fois par Lyndon LaRouche en 1975 - une politique massive de développement de l’eau et de l’énergie, non seulement pour la Palestine, mais pour toute la région. Elle a appelé à une mobilisation mondiale pour que le plan Oasis soit présenté à la Conférence sur la Palestine prévue en juin à l’ONU.

Jonathan Kuttab, directeur exécutif des Amis de Sabeel Amérique du Nord et cofondateur de Nonviolence International, a déclaré que le « plan » de Trump n’était pas sincère, mais un cadeau à Bibi Netanyahou. C’est ce que les sionistes radicaux ont toujours voulu : pas de Palestiniens et un « Grand Israël ». La seule chose vraie dans les propos de Trump, a-t-il remarqué, est que Gaza est invivable, mais sans mentionner que la personne qui sourit à côté de lui est la raison pour laquelle elle était devenue invivable. La seule chose qui, cependant, soit démontrée est que Netanyahou a échoué. Pour trouver une solution, il a déclaré qu’il y avait des critères qui devaient être remplis pour que tout plan réussisse : la justice, l’autodétermination, la démocratie et les droits de l’homme, la coopération et la coexistence.

Sans développement, il n’y aura pas de justice

Mme Zepp-LaRouche a ajouté que ces critères sont corrects et nécessaires, mais qu’il doit y avoir un développement économique pour rendre ces critères possibles. M. Kuttab a ajouté qu’il y avait un problème : « la plupart des gens disent qu’ils veulent le développement économique, mais c’est un substitut à la liberté et à la souveraineté », ce à quoi Mme Zepp-LaRocue a aobjecté que :« Nous ne sommes pas la plupart des gens » tout en ajoutant que la notion de « droits de l’homme » telle qu’elle est vue en Occident n’est pas un véritable droit de l’homme - la Chine, qui a sorti 800 millions de personnes de la pauvreté, fait la démonstration d’un véritable droit de l’homme ; l’éradication de la pauvreté est le plus grand facteur de respect des droits de l’homme.

Fernando Garzón, dirigeant de l’Union équatorienne-palestinienne, consultant auprès de diverses agences internationales de développement et conseiller en matière de plans stratégiques de développement régional pour l’Équateur, a déclaré qu’il fallait mettre en place un plan d’urgence pour Gaza basé sur le plan Oasis et sur la souveraineté du peuple palestinien. Il a déclaré que les BRICS devraient être appelés à fournir une solution, non seulement de la part de la Chine, mais aussi de tous les pays du Sud.

L’ancien président du Guyana, Donald Ramotar, a déclaré que le rôle des États-Unis et de l’Occident en tant que principaux négociateurs au Moyen-Orient ne fonctionnait pas, car leur politique soutenait pleinement Israël. Il a proposé que tous les membres du Conseil de sécurité des Nations unies soient des partenaires égaux dans les discussions, de sorte que la Russie et la Chine aient un rôle égal. Aujourd’hui, trop de pays sont dans une logique d’apaisement avec les États-Unis, à l’image du Panama et du Canada qui viennent de céder aux exigences de Trump. Donald Ramotar n’a pas caché qu’il considérait que la situation actuelle est très dangereuse, comme celle de l’époque précédant la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’Occident a cherché à calmer Hitler jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Mme Zepp-LaRouche a répondu que le Conseil de sécurité de l’ONU ne fonctionnait pas parce que les États-Unis utilisaient leur droit de veto pour empêcher toute solution possible. Elle a déclaré que les BRICS pourraient peut-être jouer ce rôle. Le président Ramotar a répondu que le problème est que les États-Unis n’accepteront pas non plus les BRICS et qu’il faut trouver un moyen d’impliquer la Russie et la Chine.

Gershon Baskin, un Israélien qui a joué un rôle de premier plan dans la facilitation de la coopération israélo-palestinienne, notamment dans les accords d’Oslo de 1993 en coopération avec le Premier ministre Yitzhak Rabin, a déclaré qu’il n’y avait « aucune chance » que le peuple palestinien soit expulsé de sa patrie, notant que même si certaines personnes voulaient émigrer, elles n’étaient « pas les bienvenues ». Il a ironiquement suggéré que les États-Unis pourraient peut-être les inviter à s’installer le long de la côte du Golfe. Il a déclaré que le plan « Riviera » de Trump, tout comme le plan similaire et antérieur de son gendre Jared Kushner, était « délirant ». Le résultat potentiel de ce processus pourrait être l’effondrement du cessez-le-feu, et même des accords de paix israéliens existants avec les États arabes. Il a indiqué qu’il participerait à une conférence à Chypre la semaine prochaine avec des représentants d’Israël et des Palestiniens.

Une paix réussie n’exige aucune exclusion

Jonathan Kuttab est intervenu pour soulever le problème qu’il voyait dans les propositions du Dr Baskin, lequel avait proposé que le Hamas soit exclu de tout nouveau gouvernement pour Gaza. Pour Kuttab, bien qu’il ne soutienne pas le Hamas, celui-ci ne peut pas être exclu, car il représente une partie importante du peuple palestinien. Il existe des factions au sein du gouvernement israélien dont les idées et les politiques sont odieuses, mais elles ne peuvent pas non plus être exclues. Interrogé par Jose Vega sur l’existence de mesures provisoires en faveur de la paix qui pourraient être mises en œuvre immédiatement, M. Kuttab a répondu « oui - lever le siège, laisser entrer les matériaux de construction, permettre aux Palestiniens de commencer à reconstruire leurs maisons ».

Dennis Speed a rappelé que le président Dwight Eisenhower avait proposé en 1968 de construire des usines de dessalement à énergie nucléaire au Moyen-Orient, afin de commencer à fournir de l’eau douce pour reverdir le désert. C’était nécessaire à l’époque et ça l’est encore aujourd’hui.

Larry Johnsona avancé un autre interprétation quant aux propositions de M. Trump lors de sa rencontre avec M. Netanyahou. Pour lui, il ne s’agit pas d’un « plan », dans la mesure où aucun financement n’a été proposé, aucun calendrier n’a été fixé, ni de troupes impliquées. Il s’est dit surpris que les sionistes extrémistes du cercle de Netanyahou en aient fait l’éloge, puisque Trump avait affirmé qu’à la fin de la guerre, Israël remettrait Gaza aux États-Unis, ce qui contredisait le projet sioniste d’un grand Israël sous contrôle israélien. Il a rappelé aux participants que le cessez-le-feu était largement reconnu comme venant de Trump, et que ce dernier avait publié une vidéo de l’économiste Jeffrey Sachs sur son site Truth Social, dénonçant Netanyahou comme un monstre génocidaire. « Je pense qu’il essaie de créer un récit qui bercera les sionistes extrémistes », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que Tsahal, avec 15 mois de bombardements massifs, avec un contrôle total des frontières et de l’espace aérien sur une population prise au piège, n’avait pourtant pas réussi à vaincre le Hamas, comme le montrent les combattants armés du Hamas qui ont rendu les otages. « Tsahal peut tuer plus de Palestiniens, mais elle ne peut pas vaincre le Hamas. Les milliers de Palestiniens qui marchent vers le nord le long de la côte pour retourner dans leurs maisons détruites témoignent de l’endurance et du dévouement du peuple palestinien. »

En outre, selon Larry Johnson, Trump s’est sérieusement ouvert à l’Iran, montrant (comme il l’avait fait avec Kim Jong Un en Corée du Nord) qu’il préférait un accord à la guerre.

Helga Zepp-LaRouche a déclaré qu’elle prendrait en compte les remarques de M. Johnson. Elle s’est dite d’accord avec Helmut Käss en appelant les participants à écouter le discours du général allemand Harald Kujat (ret.), qu’elle a qualifié de « voix de la raison » concernant la guerre en Ukraine et les relations avec la Russie, à quelques semaines des élections allemandes.

Dans ce discours,le général Kujat met en garde contre les méthodes géopolitiques d’Henry Kissinger ; il a déclaré que l’Ukraine devrait servir de pont entre l’Est et l’Ouest et que les dirigeants occidentaux ne devaient pas se laisser aller à une guerre généralisée, comme ce fut le cas lors de la Première Guerre mondiale.

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