« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
Accueil > Notre action > Coalition int. pour la paix
Coalition internationale pour la paix
9 janvier 2025
Compte-rendu de la réunion de la CIP du 3 janvier 2025
Helga Zepp-LaRouche a ouvert la réunion du 3 janvier en mettant en garde contre l’effritement prévisible de l’ordre mondial actuel en 2025, ce qui conduira soit à une guerre mondiale, soit à un nouveau paradigme. Dans ce contexte, le programme « America First » du président élu Trump ne résout pas le problème, car il pourrait inciter d’autres nations à suivre son exemple, créant ainsi davantage de conflits. Nous avons besoin d’un paradigme complètement nouveau mettant l’ « humanité unique » au premier plan. Passant en revue les zones de conflit actuelles, elle a averti que même si l’Occident envoie plus d’armes, l’Ukraine ne peut pas sortir vainqueur de la guerre qui l’oppose à la Russie, notamment parce qu’elle n’a pas assez de soldats et les Ukrainiens sont parfaitement conscients qu’ils ont été utilisés comme des pions dans une guerre par procuration.
Concernant l’Asie du Sud-Ouest, le site Axios rapporte que le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a discuté du programme nucléaire iranien avec le président Biden, y compris de la possibilité que les États-Unis lancent une attaque militaire contre l’Iran. Pour donner un sens de l’enjeu associé à une telle escalade, et de ce que cela dit de l’Occident, Mme Zepp-LaRouche a recommandé la vidéo de l’historien et journaliste indien Vijay Prashad, « Le génocide à Gaza a révélé l’effondrement moral de l’Occident ». Elle a conclu en soulignant l’importance de l’année 2025 en tant qu’année jubilaire, une occasion d’inaugurer un nouveau paradigme. Affirmant que l’Occident doit cesser la confrontation avec le Sud (qui est devenu la majorité mondiale), elle a cité les neuf pays qui sont devenus des nations partenaires des BRICS depuis le 1er janvier.
Ray McGovern a évoqué le massacre biblique des innocents par le roi Hérode. Aucun pays, et surtout pas l’Amérique, ne peut plus prétendre être le « pays exceptionnel », après que 500 000 enfants aient été tués par les sanctions en Irak et que la secrétaire d’État Madeleine Albright ait proclamé que cela « en valait la peine ». Nous ne devons pas seulement « ne pas faire de mal », nous devons aussi faire le Bien, a-t-il insisté, en lisant un poème Michael Rosen, « Don’t Mention the Children » (ne parlez pas des enfants), écrit après qu’Israël eut interdit une émission de radio qui citait des enfants gazaouis tués.
Après Ray McGovern, des médecins ont décrit ce qu’ils avaient pu voir de leurs propres yeux à Gaza et rendre compte de la dimension dantesque des crimes commis. Le Dr Nidal Jboor, cofondateur de Médecins contre le génocide, a déjà rappelé qu’« un massacre massif d’enfants s’est produit au cours des 15 derniers mois » et souligné que la complicité des puissances occidentales dans le génocide aura des ramifications à long terme avec lesquelles nous devrons tous vivre. Israël prétend mener une « guerre », mais dans une guerre, on combat des armées, pas des écoles, des hôpitaux et des cliniques. Nidal Jboor est revenu sur le cas particulièrement tragique de l’hôpital Kamal Adwan qui a été incendié, de comment les patients ont dû fuir vers un hôpital abandonné, sans aucun service et comment le directeur de l’hôpital, le docteur Hussam Abu Safiya, a été enlevé et torturé. Face à cela, le régime israélien affirme ne pas pouvoir le localiser. Quant à l’American Medical Association et d’autres institutions médicales américaines, elles sont restées silencieuses. « Nous les interpellons », a déclaré M. Jboor.
Le Dr Mimi Syed, médecin urgentiste née et formée aux États-Unis, vient, quant à elle, de rentrer de Gaza où elle a prodigué des soins d’urgence à des enfants terriblement blessés. Elle a expliqué ne pas avoir été témoin d’opérations militaires ni d’avoir vu de combattants dans les hôpitaux. Elle a décrit « des scènes de chaos et de désespoir ... une réalité atroce ».
Un autre point, très directement lié à la dynamique de guerre a été abordé : celui de la dette. Fernando Garzón, leader de l’Union équatorienne et palestinienne, a discuté de la signification de l’annonce par le pape François d’une année jubilaire et du fait que les institutions financières internationales sont responsables non seulement de la dette, mais aussi des conflits tels que celui de Gaza. L’Équateur a réussi à répudier une grande partie de sa dette publique en 2008 sous la présidence de Rafael Correa, après avoir réalisé une étude détaillée prouvant que la dette était « odieuse et illégitime », ce qui a entraîné la persécution politique de Correa. La politique de « conditionnalités » du FMI et de la Banque mondiale a créé une situation honteuse où « la dette extérieure est devenue une dette éternelle ». M. Garzón était vice-ministre au sein du gouvernement équatorien lorsque celui-ci a publié son étude historique sur la dette. L’Équateur est un petit pays, mais il a donné une très grande leçon au monde d’aujourd’hui.
Karameh Hawash-Kuemmerle, cofondatrice de Médecins contre le génocide, a déclaré que les gens se sentent malades à cause du génocide, non pas parce que nous sommes fragiles, mais parce qu’il s’agit d’une chose anormale. « Ce qui se passe à Gaza dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Nous sommes désorientés et déprimés, nous souffrons de fatigue chronique, de troubles du sommeil et de bien d’autres symptômes, parce que nous sommes les témoins d’un génocide. Nous devrions honorer les médecins qui luttent pour la vie humaine, et non les ’médecins qui disent que si vous parlez du génocide, vous serez licenciés’ ». En réponse à une question, elle a répondu : « Le traitement de la maladie due au génocide consiste à s’organiser pour mettre fin au génocide. »
Josephine Guilbeau, vétéran de l’armée américaine depuis 17 ans, mère de quatre enfants, qui a servi en tant qu’analyste du renseignement et qui est actuellement directrice associée de la communication pour le réseau Eisenhower Media Network, est récemment intervenue, en uniforme, devant la commission des affaires des anciens combattants de la Chambre des représentants. « En tant qu’Américain, je vais reconnaître la douloureuse vérité », à savoir que les États-Unis ont été complices du génocide à Gaza, et « je m’engage à demander des comptes à mon gouvernement ».
Un autre groupe, Taxpayers Against Genocide, a lancé une action en justice contre le Congrès, l’accusant d’avoir aidé à armer l’armée israélienne en violation du « droit international et fédéral qui interdit la complicité dans le génocide ». Mme Guilbeau a ajouté qu’il fallait que les universités créent des plates-formes pour accepter les étudiants menacés d’expulsion en raison de leur opposition publique au génocide. Mme Zepp-LaRouche a déploré qu’en dépit de l’engagement pris dans son pays natal, l’Allemagne, il y a 80 ans, de ne plus jamais tolérer de génocide, les Allemands risquent aujourd’hui l’arrestation et la prison pour avoir ne serait-ce que parlé du génocide en cours dans la bande de Gaza.
Dennis Speed est intervenu sur le fait que de nombreuses personnes « oublient commodément Aaron Bushnell », un militaire américain en service actif qui s’est auto-immolé pour protester contre la complicité des États-Unis dans le génocide. Bushnell a déclaré : beaucoup d’entre nous aiment se demander : « Que ferais-je si j’étais encore en vie à l’époque de l’esclavage ? Ou du temps de Jim Crow dans le Sud ? Ou l’apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? La réponse est que vous êtes en train de le faire. En ce moment même. »
John Steinbach, cofondateur du Comité de paix Hiroshima-Nagasaki, a déclaré que le bilan officiel de 46 000 morts à Gaza ne tient compte que des personnes qui ont été identifiées. Une estimation prudente réalisée il y a six mois par la revue médicale britannique The Lancet fait état d’un bilan réel de 186 000 morts. Il est erroné de considérer qu’Israël « influence le gouvernement américain » : Israël, dirigé par les disciples de Meir Kahane, met en œuvre les politiques du gouvernement américain.
Le Dr James Cobey, chirurgien orthopédique de renom qui a servi à plusieurs reprises à Gaza et qui a mené la campagne d’interdiction des mines terrestres il y a 30 ans, en obtenant le soutien de l’American Medical Association, a déclaré que nous devions amener l’AMA à s’opposer au génocide actuel.
Dennis Small, a fait remarquer que le serment d’Hippocrate n’est pas tenu par le simple refus de faire du mal ; il faut activement faire le bien - tout comme la répudiation de la dette n’est pas suffisante. Elle doit être suivie par l’émission de crédits productifs pour une croissance réelle et l’éradication de la pauvreté. Le Dr Jboor a abondé dans ce sens, déplorant le silence de la communauté médicale. Il a déclaré que son organisation essayait de reproduire les efforts du mouvement étudiant sur les campus américains.
Helga Zepp-LaRouche a conclu en disant que de nombreux Allemands pouvaient prétendre, il y a 80 ans, qu’ils n’étaient pas au courant des atrocités commises par leur gouvernement. Les gens qui vivent aujourd’hui, avec une couverture médiatique omniprésente du génocide en cours, n’ont pas cette excuse. « Nous pouvons faire honte aux gens d’aujourd’hui, qui savent et prétendent ne pas savoir. »