Rétablir la confiance dans la parole des Occidentaux

17 janvier 2023

Le général (cr) Dominique Delawarde était invité à s’exprimer le 10 janvier dernier lors d’une conférence internationale de l’Institut Schiller intitulée « Que pensez-vous du droit des peuples Mme Merkel ? ».

La conférence portait sur le scandale provoqué par l’aveu d’Angela Merkel et François Hollande que les accords de Minsk II, établissant un cessez-le feu dans le Donbass en échange de certains engagements des différentes parties, n’avaient pour but que de gagner du temps pour armer l’Ukraine, le orateurs se sont interrogés sur les conséquences d’un tel mensonge.

Le général Delawarde a répondu à deux questions :

Question 1 : Quel sens pourrait avoir un quelconque accord avec des représentants de l’Occident si l’on doit partir du principe qu’ils ne font ce qu’ils disent que pour imposer leur feuille de route ?

Question 2 : Au point où nous en sommes de mensonges et de trahisons, la confiance peut-elle être restaurée ?

DD : Un quelconque accord avec des représentants de l’occident n’aurait aucun sens dans les conditions actuelles. Pourquoi ? Parce que la parole des occidentaux ne vaut plus rien depuis la chute de l’Union Soviétique, parce que les occidentaux n’ont jamais tenu parole depuis 1990 et parce que cette fâcheuse tendance à la duplicité et au mensonge s’est accrue au fil du temps.

Rappelons nous cet aveu terrible de Mike Pompeo, Secrétaire d’État US à une conférence dans une université du Texas (A&M University) le 15 Avril 2019 : We lied, We cheated, We stole We had entire training courses. It reminds you of the glory of the American experiment." sous les applaudissements nourris d’un auditoire de jeunes étudiants hilares.

Avec des interlocuteurs du même modèle dans la diplomatie et plus largement dans les administrations états-uniennes et occidentales, il est désormais impossible de négocier en confiance.

Il n’est pas inutile de rappeler quelques faits historiques que Poutine a tous vécu aux premières loges :

Les faux témoignages des couveuses du Koweït d’Octobre 1990, prétexte pour déclencher la première guerre d’Irak ;

Le faux massacre de Racak de janvier 1999, prétexte pour déclencher la phase finale du démembrement de l’ex Yougoslavie et le bombardement de Belgrade ;

Le faux témoignage à la tribune des Nations Unies le 5 février 2003 de Colin Powell, sur les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein, prétexte mensonger pour déclencher la seconde guerre du Golfe ;

Les multiples attaques au gaz sous faux drapeau en Syrie entre Septembre 2013 et 2018 visant à justifier les frappes conjointes du gang des 3 (USA, United Kingdom and France) sur la Syrie.

Les extensions de l’OTAN à l’Est de 1999 à nos jours en contradiction totale avec les promesses faites à Gorbatchev en 1990.
On pourrait y rajouter les montages des affaires Skripal par le Royaume Uni et de l’affaire Navalny par l’Union européenne, dans le but constant de salir la Russie et plus particulièrement Poutine.

Cette duplicité d’origine anglo-saxonne a été observée et vécue par la planète entière, a provoqué une véritable prise de conscience planétaire et a suscité beaucoup de réprobation, de rejet, voire d’exaspération.

Depuis son arrivée au pouvoir, Poutine a vécu 22 années de duplicité et de mensonges occidentaux. Aujourd’hui la coupe est pleine, et la confiance a finit d’être totalement détruite pas les aveux d’Angela Merkel et de François Hollande disant, à la face du monde, que les accords de Minsk n’étaient pas faits pour être respectés mais pour gagner du temps afin de préparer l’Ukraine à la guerre contre la Russie.

Question 2 : Au point où nous en sommes de mensonges et de trahisons, la confiance peut-elle être restaurée ?

Ma réponse est non. Pourquoi ? Parce que ce rétablissement de la confiance ne peut passer aujourd’hui que par la disparition pure et simple du paysage politique mondial de l’establishment néoconservateur et mondialiste US et européen. Tant que cette disparition ne sera pas réalisée et actée, la restauration de la confiance restera impossible car le projet pour un nouveau siècle d’hégémonie américaine, obtenue par tous les moyens, restera la règle pour les administrations US et UE. Cette éviction des néoconservateurs mondialistes, liés aux puissances d’argent qui font la pluie et le beau temps dans les élections états-uniennes, présidentielles ou législatives, n’est pas envisageable tant les moyens financiers consacrés à la conquête et à « l’exploitation » du pouvoir sont immenses.

La Russie de Poutine doit donc aujourd’hui faire tout ce qui est possible pour briser ce rêve en affaiblissant l’aigle occidental et en lui coupant les ailes.

Hier, la Russie a perdu la guerre froide par un effondrement économique et social. Aujourd’hui, elle cherchera à obtenir un effondrement économique et social de l’occident global, en agissant, avec ses nombreux et puissants alliés et partenaires, en jouant sur l’arme énergétique, et en cassant le monopole du dollar.

Sur le théâtre ukrainien, la Russie ne négociera, le moment venu, qu’en position de force, et à ses propres conditions. Mais il lui faut laisser du temps au temps car le temps joue, pour l’instant, en sa faveur en précipitant l’occident dans les difficultés économiques et sociales.

Il n’y a donc rien à attendre à court terme. Rien à attendre avant, au mieux, l’été 2023 mais plus probablement 2024. Un hiver supplémentaire, au moins, pour achever l’affaiblissement des économies occidentales et les conquêtes territoriales en Ukraine ne me surprendrait pas.

Merci de votre attention.