« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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21 juillet 2015
Le 7 juillet, les sénateurs Elizabeth Warren (démocrate), Maria Cantwell (démocrate), John McCain (républicain) et Angus King (indépendant) ont déposé au Sénat la proposition de « Loi pour le Glass-Steagall du 21e siècle ».
Les quatre élus, qui avaient déposé une proposition identique au cours de la dernière session, ont publié le même jour un communiqué expliquant que ce texte « permettrait de séparer les banques traditionnelles s’occupant des comptes chèques et de dépôt, assurées par l’Agence fédérale de garantie des dépôts (FDIC), des institutions financières plus risquées car tournées vers les activités de services tels que l’investissement, l’assurance, les échanges de swaps et les activités de fonds spéculatifs ainsi que les placements en bourse. (…) Il rendrait aussi les institutions « trop grosses pour sombrer » plus petites et sûres, minimisant la probabilité d’un renflouement par l’État. »
Rappelons que la proposition similaire, déposée à la Chambre des représentants il y a quelques mois, compte aujourd’hui 62 cosignataires, nombre appelé à augmenter très rapidement.
Si l’Amérique allait de l’avant en rétablissant la Loi Glass-Steagall, il y a fort à parier que les parlements européens lui emboîteraient le pas. Dans un tel contexte, il serait alors possible d’organiser une restructuration de la dette, non seulement pour la Grèce mais globalement.
Lyndon LaRouche, économiste et homme politique américain, s’est félicité de cette initiative, faisant remarquer que Wall Street est de facto en faillite et que l’adoption du Glass-Steagall lui infligerait le coup de grâce. Selon lui, des membres importants du Sénat savent que faute d’un tel nettoyage du système financier, toute l’économie s’effondrera. Mettre le Glass-Steagall à l’ordre du jour, a-t-il poursuivi, aura un effet électrisant dans le pays, tout en provoquant la panique à Wall Street.
En effet, les soutiens à la nouvelle proposition de loi sont nombreux, à commencer par le candidat démocrate à l’investiture présidentielle Martin O’Malley, qui a placé la séparation bancaire au centre de sa campagne.
Martin O’Malley, candidat démocrate et ancien gouverneur du Maryland, vient d’ailleurs de publier un Livre blanc de dix pages intitulé Protéger le rêve américain d’un nouveau krach de Wall Street. Il y entre dans le détail de sa promesse visant à rétablir le Glass-Steagall s’il était élu Président, et des mesures décisives qu’il prendrait pour entraver la corruption du Congrès et divers organismes de régulation par Wall Street.
Il a également rendu publique le 9 juillet une lettre ouverte aux mégabanques et à leurs dirigeants, dans laquelle il réaffirme son soutien à l’adoption de Glass-Steagall et aux réformes structurelles des banques. Il existe près de 6500 banques aux Etats-Unis, rappelle-t-il, dont la grande majorité cherche à servir la population, mais « 29 d’entre elles comptent plus de 100 milliards de dollars d’actifs et quatre ont à elles seules plus de 1000 milliards de dollars d’actifs. Les activités illégales, irresponsables et à haut risque de ces mégabanques sont la cause principale du krach de 2008, qui a provoqué la pire récession depuis la Grande dépression et a coûté entre 14 000 et 22 000 milliards de dollars à l’économie américaine, selon les estimations. »
A ceux qui disent que réformer le système est « anti capitaliste », O’Malley répond que « le comportement irresponsable de [leurs] mégabanques n’est pas capitaliste, il en est l’antithèse. Le vrai capitalisme exige une concurrence équitable où tout le monde joue suivant les mêmes règles ». Or, aujourd’hui, les actifs des mégabanques s’élèvent à près de 65 % du PIB, et la faillite d’une seule d’entre elles suffirait « à couler l’ensemble de l’économie américaine ».
A cause de cette menace potentielle, leurs dirigeants échappent aux poursuites, même en cas de conflit d’intérêt et d’activité criminelle ; ce qui ne les a nullement empêché de s’accorder des bonus extravagants.
O’Malley termine par un défi : « Voilà les mauvaises nouvelles – pour vous. En tant que Président, je n’ai pas l’intention d’abandonner la lutte. Je travaillerai inlassablement à éliminer le danger unique posé par une poignée de banques trop grosses pour sombrer. Et en ce faisant, j’introduirai au gouvernement un véritable contrôle contraignant et une véritable supervision (...) pour qu’elles commencent à faire le travail que les Américains attendent d’elles et cessent de rester les bras croisés.
« Si vous et vos mégabanques – que nous, les contribuables américains, avons sauvés – veulent que soit restaurée la confiance en votre leadership, il faut commencer par dire deux choses : « nous regrettons » et « merci ». »
Pour bien comprendre l’importance de cette prise de position claire et courageuse, il faut noter qu’elle a contribué à renforcer le débat très vif sur la nécessité de réintroduire de toute urgence le Glass Steagall Act aux Etats-Unis comme l’attestent les prises de positions ci-dessous :