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Les sanctions contre la Syrie doivent être levées

12 mars 2021

PAM-Dina_Elkassaby

L’histoire de l’humanité devrait nous l’avoir enseigné une bonne fois pour toute, la famine est une arme de guerre, et plus encore dans notre monde moderne où les capacités de production en font un anachronisme n’ayant pas lieu d’être. Aussi, lorsque le Programme alimentaire mondial (PAM) ajoute la Syrie à la liste des pays concernés par la faim, alors que les combats ont pour l’essentiel cessé depuis 2019, à l’exception de ceux fomentés par des puissances étrangères, on ne peut que s’interroger.

La réalité tragique que vit aujourd’hui la Syrie retombera, intérêts compris, sur les pays occidentaux s’ils continuent à accepter aveuglément qu’une population ayant subi des années de guerre et de privation soit aujourd’hui otage de calculs géopolitiques.

Concrètement, la politique de sanctions économiques soutenue par l’Union européenne et les Etats-Unis paralyse entièrement la vie économique de la Syrie et empêche ses habitants de vivre de leurs revenus. Les échanges commerciaux à l’échelle internationale sont interdits de telle sorte que le pays est progressivement étranglé par un blocus impitoyable.

La Syrie est ainsi condamnée à vivre en autarcie alors que son économie et ses infrastructures ont été détruites, que des millions de Syriens qualifiés ont dû s’exiler et qu’elle subit le vol et la destruction de ses ressources par des forces étrangères. Les conséquences, parfaitement prévisibles, sont là : tout manque, le cours de la Livre syrienne s’est effondré, les Syriens n’ont plus accès à leur propre pétrole et ne peuvent donc se chauffer. Plus de 60 % (12,4 millions de personnes) de la population ne mange pas à leur faim, selon les chiffres du PAM.

La politique de sanctions vise clairement à empêcher la reconstruction de la Syrie et à continuer par d’autres moyens une guerre que la coalition internationale a perdue. Bien qu’il ait prétendu vouloir retirer les troupes américaines de Syrie, et même commencé à le faire, Donald Trump n’a pas stoppé ces sanctions iniques et a même ajouté le volet Caesar Act. Son successeur n’a pas dévié de cette trajectoire et a même, en violation flagrante du droit international, donné l’ordre de bombarder des objectifs en Syrie, là encore un acte de guerre caractérisé.

Alors, pour se justifier du calvaire qu’ils imposent à des populations civiles et à tout un pays, les pays occidentaux brandissent l’épouvantail Bachar El-Assad, quitte à être de moins en moins crédibles. Le rejet d’un homme ne peut justifier la torture d’un peuple.

Au delà de la plus élémentaire humanité, cette politique n’est pas seulement fondamentalement erronée, elle est nuisible à nos propres intérêts en entretenant un foyer d’instabilité propice à tous les extrémismes. Or, les solutions existent, elles seront au cœur de notre visioconférence internationale des 20 et 21 mars, où la situation de la Syrie sera abordée.

Nous souhaitons également relayer, ci-dessous, l’appel rédigé par 137 femmes franco-syriennes à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, qui dit en peu de mots l’essentiel d’une situation dramatique.

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