« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

Accueil > Notre action > Interventions

100 secondes avant minuit sur l’horloge de l’apocalypse nucléaire

Il nous faut une nouvelle architecture de sécurité au plus vite !

8 février 2022

Par Helga Zepp-LaRouche, présidente et fondatrice de l’Institut Schiller
Cette déclaration, traduite de l’allemand, a été publiée le 5 février dans l’hebdomadaire Neue Solidarität (No. 6, 10 fév. 2022)]

.

.

« Une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée », ont affirmé les cinq puissances nucléaires et membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU dans une déclaration commune le 3 janvier de cette année. Étant donné que l’utilisation d’armes nucléaires comporte toujours le risque de mettre en branle l’ensemble de l’arsenal nucléaire, dont un faible pourcentage suffirait à provoquer l’extinction de l’espèce humaine, la confirmation de cette idée fondamentale devrait effectivement avoir des implications pratiques pour la stratégie militaire de toutes les puissances nucléaires.

Au mépris de cette déclaration commune, dans la dernière semaine de janvier, le Commandement stratégique américain a lancé l’exercice Global Lightning 22, destiné à tester l’état de préparation des forces nucléaires américaines.

Bien qu’il s’agisse d’une manœuvre dite « de routine », intégrée cette année au Commandement américain de l’Indo-Pacifique et visant donc un éventuel affrontement avec la Chine, dans le contexte des tensions accrues entre la Russie d’une part et les États-Unis et l’OTAN de l’autre, elle peut être considérée comme un élément de plus - mais peut-être le plus dangereux - de la manière dont l’Occident joue avec le feu vis-à-vis de la Russie et de la Chine.

Le lancement de ces manœuvres a coïncidé avec des allégations, encore pas prouvées à ce jour, des États-Unis et du Royaume-Uni selon lesquelles la Russie planifiait une attaque militaire contre l’Ukraine entre fin janvier et mi-février, ce que le gouvernement russe a démenti à plusieurs reprises. L’exercice de commandement et de contrôle nucléaire est basé sur le plan de guerre nucléaire actuel du Commandement stratégique américain. Hans M. Kristensen, directeur du Projet d’information nucléaire de la Fédération des scientifiques américains, a pu, en vertu de la loi sur la liberté d’information, obtenir la page de couverture de ce plan, intitulé « Stratcom Conplan 0810-12, ’Strategic Deterrence and Force Deployment’, Change 1 ». Kristensen, l’un des spécialistes les plus compétents dans le domaine de la stratégie et des armes nucléaires, a expliqué à Newsweek que l’exercice Global Lightning ne suppose pas simplement une première frappe nucléaire par l’un ou l’autre camp, mais une guerre nucléaire se poursuivant au-delà du premier échange.

Même si les différentes composantes de ce nouveau plan de guerre, opérationnel depuis le 30 avril 2019, sont soumises au plus grand secret, les grandes lignes de cette conception se dessinent. L’hypothèse est que les États-Unis et l’OTAN seraient en mesure de survivre à une première frappe nucléaire de la Russie ou de la Chine, puis de riposter, d’absorber d’autres attaques, de riposter à nouveau, etc. dans un conflit militaire continu. Ce plan de guerre comprend non seulement des armes nucléaires mais aussi divers autres systèmes létaux tels que des systèmes de défense antimissiles, des armes à énergie dirigée (armes à impulsion électromagnétique et lasers), des cyber-attaques et des attaques de la « Space Force » depuis l’espace. Qui pourrait survivre à une guerre nucléaire se prolongeant ainsi ? Les quelques personnes qui peuvent se terrer dans des bunkers souterrains profonds ? À côté de cela, les fantasmes morbides du Docteur Folamour ressemblent à une fête d’anniversaire enfantine.

Alors que les manœuvres Global Lightning d’avril 2021 étaient axées sur un conflit potentiel avec la Russie, cette année, elles sont consacrées à un éventuel affrontement avec la Chine. Depuis 2017, les différents documents stratégiques du Pentagone désignent de plus en plus la Russie et la Chine comme des rivaux et des adversaires géopolitiques, la concurrence entre grandes puissances venant remplacer la lutte contre le terrorisme mondial en tant que priorité stratégique. En même temps, la modernisation de la triade nucléaire entamée par l’administration Obama s’est poursuivie et le seuil d’utilisation des armes nucléaires a été de plus en plus abaissé par le stationnement d’ogives à faible rendement sur les sous-marins Trident, entre autres.

Le conflit stratégique

Bien qu’il y ait eu peu de commentaires officiels à ce sujet, la présentation des nouveaux systèmes nucléaires russes figurait au programme du discours du président Vladimir Poutine à l’Assemblée fédérale du 1er mars 2018. Ce qui comprenait le missile hypersonique Avangard (un missile balistique intercontinental se déplaçant à 20 fois la vitesse du son et doté d’une excellente maniabilité, rendant pratiquement obsolète le système de défense antimissile américain), le missile de croisière hypersonique Kinzhal, ainsi que des missiles de croisière à propulsion nucléaire, des drones sous-marins rapides et des armes laser - un choc pour l’establishment militaire occidental. Entre-temps, la Chine a également développé ses propres missiles hypersoniques dotés d’une technologie d’autoguidage infrarouge, capacité dont l’armée américaine pourrait ne pas disposer avant deux ou trois ans. L’imagerie satellitaire américaine a également localisé environ 300 silos à missiles en construction, disséminés à travers toute la Chine, dont certains pourraient rester vides mais d’autres contiendraient des missiles nucléaires en état de « lancement sur alerte » afin de prévenir une attaque surprise désarmante.

C’est dans ce contexte stratégique que Poutine a présenté le 15 décembre deux accords, l’un aux États-Unis et l’autre à l’OTAN, exigeant qu’ils soient rendus juridiquement contraignants : pas de nouvelle expansion de l’OTAN vers l’est, pas de systèmes d’armes offensifs stationnés aux frontières de la Russie et des garanties que l’Ukraine ne sera pas admise dans l’OTAN.

Contrairement à de nombreux politiciens et médias transatlantiques, pour le général Harald Kujat (retraité), ancien inspecteur général des forces armées allemandes et ancien président du Comité militaire de l’OTAN (2002-2005), le déploiement de quelque 120 000 soldats russes près de la frontière ukrainienne (parfois à plusieurs centaines de kilomètres pour certains) n’est pas le signe d’une attaque imminente contre l’Ukraine, mais une démonstration de force de Moscou dans ce contexte menaçant, afin d’obliger les États-Unis et l’OTAN à négocier sur un pied d’égalité.

Jusqu’à présent, les États-Unis et l’OTAN ont refusé de s’engager sur les principales demandes de Poutine et semblent disposés à s’engager uniquement sur ce que la Russie considère comme des questions secondaires relatifs à de nouveaux pourparlers de désarmement. En cas de refus définitif, Poutine a annoncé des « mesures militaro-techniques ». Étant donné que le stationnement de systèmes d’armement potentiellement offensifs à proximité des frontières russes, dans le cadre de l’élargissement de l’OTAN vers l’est (y compris, par exemple, le système de défense antimissile Aegis stationné en Pologne et en Roumanie) a créé pour la Russie une situation comparable au déploiement de missiles soviétiques à Cuba, on peut se demander à quoi ces « mesures » pourraient ressembler. Selon l’expert américain de la Russie, Gilbert Doctorow, elles pourraient inclure le stationnement, en Biélorussie et à Kaliningrad, de missiles à courte portée SS-26 Iskander-M dotés d’armes nucléaires, afin de menacer en retour les États de la ligne de front de l’OTAN et l’Allemagne orientale. Il soupçonne en outre la Russie d’installer des missiles de croisière hypersoniques Tsirkon, « équipés d’armes nucléaires », au large des côtes de Washington D.C., dont les experts russes ont déjà averti qu’ils pourraient détruire la capitale américaine si rapidement que le Président n’aurait même pas le temps de monter à bord d’Air Force One pour y échapper. En théorie, les missiles hypersoniques Tsirkon pourraient bien sûr être utilisés n’importe où sur les sept mers et sont très difficiles à détecter et à intercepter par les défenses aériennes conventionnelles en raison de leur vitesse (neuf fois la vitesse du son) et de leur maniabilité en vol.

Il est donc logique que le 20 janvier 2022, l’horloge de l’apocalypse du Bulletin of the Atomic Scientists indique 100 secondes avant minuit. Cela ne fait qu’une minute et demie avant l’apocalypse nucléaire. Même si, avec l’escalade de la crise ukrainienne, après un profond sommeil de près de 40 ans, le mouvement anti-guerre a lancé toute une série d’appels, d’interpellations publiques et de lettres ouvertes - la dernière en date étant celle d’une centaine d’organisations américaines demandant au président Biden de désamorcer les tensions avec la Russie -, l’ampleur de la menace n’a nullement pénétré la conscience du public.

Incertitude quant aux causes

Mais même chez les Occidentaux qui reconnaissent l’imminence du danger, il y a souvent un manque de clarté sur les causes sous-jacentes de ce danger existentiel pour l’existence humaine. Elles se trouvent, d’une part, dans le caractère systémique de la crise du système financier néolibéral, désormais entré dans sa phase finale hyper-inflationniste, et d’autre part, dans la revendication de l’establishment financier de la City de Londres, de Wall Street et de la Silicon Valley, d’un monde unipolaire dans lequel seuls leurs intérêts de pouvoir déterminent ce qui se passera dans « l’ordre fondé sur des règles ».

Le dilemme découle désormais d’une dynamique opposée. Depuis le changement de paradigme d’août 1971, reconnu prophétiquement par Lyndon LaRouche - lorsque Nixon mit effectivement fin au système de Bretton Woods en abolissant les taux de change fixes, ouvrant ainsi la voie à la maximisation du profit spéculatif - on assiste à un changement croissant dans le monde transatlantique, délaissant les investissements dans l’économie physique productive au profit de la spéculation dans des produits financiers dérivés de plus en plus exotiques, dont la dernière folie en date appelle à « transférer des trillions » dans le Green New Deal.

Du point de vue de l’économie physique, cette politique consistant à investir dans des industries à densité de flux énergétique la plus faible possible, représente en fin de compte une vaste destruction de capital, tout comme les investissements dans l’armement militaire et dans l’armée. Le fait que cet effet ne soit généralement pas reconnu est lié à la confusion qui règne autour des valeurs monétaires, de l’argent par rapport à la richesse réelle, et à l’illusion que la valeur des actions des sociétés cotées en bourse reflète la productivité de l’économie. Bien entendu, il est dans l’intérêt des milliardaires propriétaires de yachts, dont certains ont depuis longtemps acquis des condominiums dans des bunkers profondément enterrés en Australie et ailleurs, que cette économie de bulle soit maintenue aussi longtemps que possible, même si la proportion de population pauvre ne cesse d’augmenter et que la classe moyenne se réduit.

Lorsque l’Union soviétique s’est dissoute en 1991 et que, malgré tous les avertissements (du pape Jean-Paul II, notamment), l’establishment transatlantique a succombé au fantasme d’avoir « gagné » la Guerre froide, interprétant « la fin de l’histoire » comme signifiant que le monde entier devait désormais se soumettre à l’ordre néolibéral fondé sur des règles, il n’était plus nécessaire de tenir les promesses faites à la Russie de ne pas étendre l’OTAN vers l’est. Toute la gamme des instruments permettant de cimenter le monde unipolaire fut utilisée : changements de régime, soit par des révolutions de couleur, soit par des guerres « humanitaires » contre les gouvernements défendant d’autres valeurs. Victoria Nuland s’est publiquement vantée que le département d’État avait dépensé 5 milliards de dollars pour financer des ONG rien qu’en Ukraine, ce qui allait conduire à la « révolution orange » de 2004. Lorsque le président Viktor Ianoukovitch refusa d’adhérer à l’accord d’association avec l’UE fin 2013, notamment parce qu’elle est entièrement liée à l’OTAN en termes de traités et de sécurité, le côté pas si démocratique de l’ordre fondé sur des règles éclata au grand jour avec le coup d’État nazi de Maidan, en février 2014. Cela a abouti, non pas à l’annexion de la Crimée par Poutine, mais à un référendum organisé par le peuple de Crimée, qui souhaitait se détacher des politiques fascistes de Kiev. Déjà alors, Poutine a déclaré qu’en réalité, l’Occident cherchait à contenir la Russie et que s’il n’y avait pas eu l’Ukraine, ils auraient trouvé une autre excuse pour le faire.

C’est en 2017 au plus tard que le durcissement décisif à l’égard de la Russie et de la Chine devint particulièrement visible à travers le changement de langage dans les doctrines de sécurité du Pentagone et la désignation de ces deux pays comme des « ennemis » et des « autocraties ». A l’annonce de la Nouvelle Route de la soie par Xi Jinping, en septembre 2013, après avoir accueilli l’évènement par un silence absolu durant pas moins de quatre ans, les institutions occidentales réagissent aujourd’hui à ce qui incarne le plus grand projet d’infrastructure de l’histoire humaine comme s’il s’agissait d’une menace existentielle – pour le monde unipolaire, bien entendu !

Entretemps, pratiquement toutes les sanctions qui ont été imposées partout dans le monde de manière unilatérale, c’est-à-dire sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU, visent en fin de compte à empêcher l’essor économique de la Chine et le retour de la Russie au rang d’acteur mondial. La transcription du point de presse du 25 janvier par deux hauts-fonctionnaires (anonymes) de la Maison Blanche, révèle de manière choquante cette intention. Ils y présentent tout un éventail de « mesures économiques lourdes », démarrant au plus haut niveau d’escalade, pour contrecarrer les ambitions stratégiques de Poutine d’industrialiser son économie, en lui refusant l’accès aux technologies avancées telles que l’IA, les ordinateurs quantiques et toute technologie liée à la défense ou à l’aérospatiale, afin de l’empêcher de « diversifier » l’économie russe au-delà de l’exportation de pétrole et de gaz – le but ultime étant d’asphyxier l’économie russe.

Cette politique, formulée dans un langage incroyablement brutal, n’est autre que la continuation de la fameuse « thérapie de choc » de Jeffrey Sachs, dans les années 1990, qui avait pour objectif explicite de reléguer la Russie, de son statut de superpuissance de l’ère soviétique à celui de pays du tiers-monde exportateur de matières premières. Comme elle l’était à l’époque, cette politique constitue encore aujourd’hui une déclaration de guerre - à la seule différence que Poutine n’est pas un personnage pathétique comme Boris Eltsine, choyé par l’Occident pour des motifs géopolitiques, mais un brillant stratège qui sait comment défendre les intérêts de son pays.

Les tirades non moins haineuses contre la Chine, que l’on peut entendre aujourd’hui de la part des scribouillards de l’Empire, ainsi que d’anciens de la faction maoïste du SDS (ligue des étudiants socialistes allemands) ayant accédé aux plus hautes fonctions du Parti vert, ne pourront rien changer au succès exceptionnel de l’économie chinoise, qui a enregistré un taux de croissance de plus de 8 % en 2021 malgré le coronavirus. La Chine a fait plus pour les droits de l’homme que n’importe quel pays de la prétendue communauté de valeurs occidentale, en sortant 850 millions de personnes de la pauvreté au niveau national (y compris les Ouïghours, qui bénéficient désormais d’un bien meilleur niveau de vie et d’une croissance démographique supérieure à la moyenne) et en offrant pour la première fois à de nombreux pays en développement la possibilité de vaincre la pauvreté.

Le silence de ces mêmes cercles sur la plus grande de toutes les catastrophes humanitaires, déclenchée par les sanctions occidentales en Afghanistan, qui menace de faire mourir de faim un million d’enfants et pourrait entraîner la mort de 23 millions de personnes cet hiver, scelle leur discrédit total.

Déclaration commune de Poutine et Xi

Si divers auteurs ont averti que les campagnes contre la Russie et la Chine pourraient conduire à un rapprochement entre ces deux pays, soyez assurés que c’est exactement ce qui s’est passé lors de la visite de Poutine aux Jeux olympiques en Chine. Aussi est-il grand temps de retirer ses œillères idéologiques et de reconnaître l’extraordinaire opportunité que cette déclaration conjointe représente pour le monde entier, dans une situation mondiale extrêmement dangereuse.

Ce document de 16 pages, intitulé « Déclaration conjointe de la République populaire de Chine et de la Fédération de Russie sur les relations internationales dans une nouvelle ère et le développement durable mondial », appelle à remplacer l’affrontement géopolitique par la coopération économique comme base d’une politique de sécurité commune. Les deux pays demandent à l’OTAN de s’abstenir de tout nouveau projet d’expansion, de dépasser la logique de la Guerre froide et d’entériner les garanties de sécurité à long terme exigées par la Russie. Ils proposent par ailleurs de renforcer le rôle des organisations internationales telles que le G20, les BRICS, l’OCS, l’APEC et l’ASEAN. La Russie coopérera à la réalisation de « l’Initiative mondiale pour le développement » proposée par la Chine et souligne l’importance du concept de « communauté de destin pour l’humanité ».

Revenons aux « 100 secondes avant minuit » de l’horloge de la guerre nucléaire : qui peut nier que nous soyons une communauté de destin indivisible ? Ces dernières semaines, des voix plus pondérées se sont élevées en faveur d’une nouvelle architecture de sécurité paneuropéenne incluant la Russie et l’Ukraine, qui pourrait être inscrite dans un nouvel accord d’Helsinki. Toutefois, compte tenu de la complexité de la situation internationale, de la menace pour la paix mondiale qui touche tous les États et du caractère indissociable de notre sécurité à tous, il est nécessaire d’aller au-delà d’Helsinki pour créer une architecture de sécurité internationale qui englobe les intérêts de sécurité de tous les États de la planète.

Cette architecture doit être fondée sur les principes de la paix de Westphalie, c’est-à-dire qu’elle doit garantir les intérêts de tous les États et surtout, leur droit au développement économique et culturel. Le maintien de la paix mondiale implique de renoncer totalement et définitivement à la politique malthusienne, tout en exigeant un accès sans partage aux acquis du progrès scientifique et technologique pour toutes les nations. Ce nouvel ordre, condition de la survie de l’espèce humaine, requiert un nouveau paradigme de pensée, puisant aux sources des meilleures traditions de toutes les cultures, pour s’élever au plus haut niveau de l’humanisme.

Nous devons donc choisir : soit laisser l’horloge tourner jusqu’à ce que la dernière des 100 secondes ait sonné, et il n’y aura alors plus personne pour commenter le résultat ; soit nous souvenir que nous sommes la seule espèce créative connue dans l’univers et décider de façonner ensemble notre avenir commun.


A lire aussi  :

Votre message

Notre action

Dans la même rubrique