« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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L’Institut Schiller manifeste devant l’UNESCO

28 février 2024

Remise à la secrétaire générale de l’UNESCO et au représentant permanent de l’Inde auprès de cette institution, d’une pétition exigeant la levée immédiate des sanctions occidentales contre la coopération en matière de patrimoine culturel mondial.

Le jeudi 22 février, les membres et sympathisants de l’Institut Schiller avaient organisé un rassemblement devant le siège de l’UNESCO à Paris. « Patrimoine culturel mondial, l’UNESCO et l’Occident doivent lever les sanctions contre l’Afghanistan, la Syrie, etc. », pouvait-on lire en français et en anglais sur leurs banderoles. Les manifestants ont distribué des tracts aux délégués de l’UNESCO et au personnel entrant dans les bureaux. En fin de matinée, une délégation a déposé une pétition signée par près de 600 personnes de diverses nationalités, demandant à la communauté internationale de mettre fin immédiatement à cette forme de « punition collective », qui « crée de la souffrance et de l’injustice, promeut l’ignorance et met en danger la capacité de l’humanité à se respecter et à se comprendre mutuellement ».

Dans les jours précédant cet événement, la pétition, avec la liste de ses signataires, avait été envoyée à près de 200 délégations des États représentés auprès de l’UNESCO à Paris. À New York, les délégués des pays membres de l’ONU ont également reçu des copies de la pétition et des informations sur l’initiative. À Kaboul, les organisateurs ont appelé l’Agence France Presse (AFP) pour l’informer de ce qui allait se passer à Paris.

Le texte de la pétition, avec les noms des signataires, a été publié sur les sites internet de l’Institut Schiller, en français [1], en anglais [2] et en allemand [3].

Genèse de l’événement

Tout a commencé il y a trois mois à Kaboul. Au cours d’un groupe de travail sur le patrimoine culturel, les experts invités de l’Institut Schiller et les archéologues de l’Académie des sciences d’Afghanistan sont arrivés à la même conclusion : l’arrêt brutal de toute coopération entre l’Occident « global » et les pays considérés comme opposés à leurs « valeurs » et à leurs « règles » est néfaste pour tous.

La non-reconnaissance du gouvernement afghan a des conséquences désastreuses. En Syrie, en Afghanistan et au Turkménistan, Daech et autres groupes terroristes, soupçonnés d’être soutenus par des services de renseignement occidentaux, continuent à piller des sites archéologiques pour vendre tout ce qu’ils y trouvent à prix cassés à des collectionneurs privés étrangers.

Hypocritement, l’Occident verse des larmes de crocodiles sur la destruction du patrimoine culturel de l’humanité, alors qu’il a suspendu, parfois du jour au lendemain, toute aide ou coopération avec ces pays. « Si je retourne travailler en Afghanistan, se désole un archéologue, le gouvernement français (qui ne reconnaît pas le régime des Talibans au pouvoir à Kaboul) supprimera immédiatement mon salaire... »

L’UNESCO, qui devrait être en première ligne pour s’élever contre toute nouvelle forme d’apartheid, s’aligne malheureusement trop souvent sur le narratif géopolitique du Département d’État américain. Ainsi, elle n’a cessé d’aggraver la situation en politisant des questions qui ne relèvent pas de ses prérogatives.

Pétition internationale

C’est pourquoi, à l’issue de la conférence de Kaboul, en novembre dernier, une pétition a été rédigée d’un commun accord, sommant les gouvernements du monde et l’UNESCO d’abandonner leur attitude destructrice. En un temps record, le Centre de recherche et de développement Ibn-e-Sina a recueilli plus de 550 signatures de la société civile afghane, notamment d’académiciens, de professeurs d’université, médecins, procureurs, commerçants, enseignants, etc., parmi lesquelles 140 femmes afghanes.

En janvier, l’appel a également été approuvé par des membres éminents du gouvernement afghan, notamment le vice-ministre des Affaires étrangères, le ministre de l’Agriculture en exercice et le vice-ministre chargé de la Culture et de l’Art.

Dans le reste du monde, un florilège de chercheurs de renom et d’universitaires de plus de 20 pays ont ajouté leur nom à la pétition. Entre autres, deux anciens membres du Parlement européen, des membres des Académies des sciences de Russie et de Chine, ainsi que des grandes institutions de recherche nationaux français et italiens. Parmi les critiques de l’arrogance anglo-américaine, on trouve l’ancien chef de la CIA à Kaboul, Graham Fuller, et le cinéaste oscarisé Oliver Stone.

Invité à clarifier la politique de son pays en matière de patrimoine culturel, le ministre afghan, rompant clairement avec l’ancienne politique des talibans, a fait une déclaration, transmise sous la forme d’une lettre spéciale à l’UNESCO, soulignant que son gouvernement est fermement engagé à protéger tout le patrimoine culturel « matériel et immatériel », qu’il soit « préislamique, non-islamique ou islamique ».

L’UNESCO sur la défensive ?

Bien que l’UNESCO n’ait pas répondu publiquement aux demandes des organisateurs de l’appel, certains signes nous permettent de croire qu’à huis clos, la pétition a fait l’objet d’un débat intense et semble avoir encouragé l’Organisation à faire timidement quelques pas pour sauver la face.

Le 25 janvier, un événement surprenant a eu lieu, bien entendu non relayé sur le site web de l’UNESCO ni dans les médias occidentaux.

C’est sur le site du ministère afghan de l’Information et de la Culture (MOIC) que l’on apprend que Patricia McPhillips [4], directrice de l’UNESCO pour l’Afghanistan, désormais basée à Islamabad, a eu une réunion informelle fructueuse à Kaboul avec Moulvi Atiqullah Azizi, vice-ministre de l’Art et de la Culture, qui a rappelé la position de son pays : « L’Émirat islamique s’est engagé à protéger l’identité historique et culturelle du pays et nous demandons aux communautés culturelles internationales de ne pas lier le domaine culturel à la politique et d’aider l’Afghanistan en ce sens. »

De son côté, Mme McPhillips a pris soin de reconnaître que "le ministère de l’Information et de la Culture s’est engagé à protéger le patrimoine culturel et nous voulons développer ces efforts ensemble. L’UNESCO étendra ses activités cette année pour protéger l’identité culturelle et historique de l’Afghanistan... »

Ce 22 février, au nom de l’Institut Schiller, Karel Vereycken a remis la pétition avec sa liste de signataires, ainsi que la lettre du ministre afghan de la Culture, à Mme Audrey Azoulay, secrétaire générale de l’UNESCO, et à SEM Vishal V. Sharma, représentant permanent de l’Inde auprès de cette institution. Ce dernier a été désigné en janvier dernier pour organiser et présider la 46e session du Comité du patrimoine mondial, qui se tiendra cette année à New Delhi, du 21 au 31 juillet.

Après le dépôt de la pétition, Karel Vereycken et Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller international, ont fait de brèves déclarations vidéo expliquant l’initiative et remerciant toutes les « grandes signatures » et « petites mains » qui ont transformé ce qui n’était au départ qu’une bonne idée en événement historique et riche de promesses.


L’Ambassadeur d’Afghanistan à Paris, Délégué permanent auprès de l’UNESCO & de l’ICESCO signe la pétition de l’Institut Schiller

Le jeudi 29 février 2024, à Paris, SE Mr Mohammad Homayoon Azizi, Ambassadeur d’Afghanistan à Paris et auprès l’UNESCO (à droite sur la photo), a ajouté sa signature à la pétition de l’Institut Schiller appelant les gouvernements du monde occidental à étendre et renforcer la coopération afin de protéger et préserver le patrimoine culturel afghan. SEM Azizi a précisé qu’il souhaite vivement que la 46e Session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui se tiendra en juillet cette année à New Delhi, en Inde, contribuera à renforcer les relations dans ce domaine avec son pays. Sur la photo, Karel Vereycken, représentant de l’Institut Schiller (à gauche), remerciant vivement l’ambassadeur pour son engagement.



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