« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
Accueil > Notre action > Interventions
7 mars 2016
Le Ministère indien des affaires extérieures et l’Observer Research Foundation (ORC) ont, co-organisé, à New Delhi, du 1 au 3 mars, le Dialogue de Raisina.
Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller international était l’une des invités à cette conférence qui a rassemblé plus de 600 invités, venant de 100 pays du monde dans le but « d’explorer les perspectives et les opportunités pour une intégration asiatique ainsi qu’une intégration de l’Asie dans le reste du monde. » Au menu des discussions, la nécessité d’accroître la coopération économique, humaine et digitale entre pays asiatiques, ainsi que les partenariats internationaux nécessaires pour faire face efficacement aux défis du XXe siècle.
Parmi les orateurs, de nombreux membres des gouvernements, hauts fonctionnaires et figures politiques de premier plan, en exercice ou ayant exercé des postes d’influence, dont Sushma Swaraj, ministre des Affaires extérieures et S. Jaishankar, secrétaire d’état aux Affaires étrangères et plusieurs autres ministres du gouvernement indien. Parmi les étrangers, il y avait le Ministre des affaires étrangères de Bangladesh, Abul Hassan Mahmood Ali ainsi que Li Zhaoxing, ancien ministre des Affaires étrangères de Chine et Ding Guorong, vice-président du fonds de la Nouvelle route de la soie. Trois anciens présidents asiatiques avaient aussi fait le voyage : Hamid Karzai (Afghanistan), Chandrika Bandaranaike Kumaratunga (Sri Lanka), James Mancham (Seychelles). Des figures politiques de premier plan y étaient aussi, notamment Helga Zepp-LaRouche, présidente internationale de l’Institut Schiller.
L’un des panels fut consacré à l’Union européenne. Deux élus du Parlement européen se sont penchés sur les défis posés à l’Europe par le terrorisme et la crise des réfugiés. Dans ce dernier dossier, l’absence de solidarité entre les pays européens a été mis en cause. Lors de la période de débats, Helga Zepp-LaRouche est intervenue plus concrètement sur l’urgence de lancer un vaste plan Marshall pour reconstruire tous ces pays détruits par des guerres initiées par l’Occident. Si personne n’a repris cette idée immédiatement, le thème a fait mouche revenant à plusieurs reprises dans les panels qui ont suivi au cours de la conférence.
C’est dans le panel consacré à la nécessité de « Connecter un continent, en créant l’Union Asiatique », qu’Helga Zepp-LaRouche a prononcé un discours qui a replacé ce thème dans le contexte plus vaste d’un monde qui oscille entre la menace d’une nouvelle guerre mondiale, y compris nucléaire, et le projet de Nouvelle route de la soie mis sur la table par la Chine, seul projet proposé à l’heure actuelle qui pourrait l’éviter.
D’autres panels ont été consacrés à des questions d’ordre sécuritaire : quel « ordre stratégique en Asie », quelles menaces « asymétriques » provenant d’acteurs étatiques ou non étatiques. En clair, les problèmes du terrorisme. Ou à des problèmes économiques de la région, comme le panel sur les « fleuves asiatiques », qui a traité du développement transnational des bassins hydrographiques asiatiques et de la nécessité de les combiner à des corridors énergétiques.
Je veux remercier les organisateurs de ce forum de haut niveau. Car, je pense que la plupart d’entre vous êtes au courant de la gravité de la crise que traverse le monde aujourd’hui, peut-être la plus importante de son histoire. La crise stratégique actuelle est décrite par beaucoup d’analystes comme étant plus dangereuse que celle du point culminant de la guerre froide : la crise des missiles de Cuba ; le système financier transatlantique se dirige vers une nouvelle crise, bien pire que celle de 2008 et la crise des réfugiés en Europe et non seulement une crise humanitaire d’ampleur gigantesque, mais elle est au bord de provoquer l’explosion de l’Union Européenne.
La question est, sommes-nous – la civilisation humaine - capables de changer les politiques erronées qui ont conduit à cette crise, ou sommes-nous condamnées à répéter les mêmes erreurs qui nous ont conduit, à cause de la géopolitique, aux deux guerres mondiales du XXe siècle ?
Heureusement, nous sommes aussi en train de voir l’émergence d’un paradigme entièrement nouveau. Sous l’impulsion des BRICS, un ensemble de relations nouvelles entre les États se développe, fondé sur l’intérêt mutuel, la coopération économique et la collaboration dans les domaines qui détermineront notre futur dans la haute technologie et dans la recherche de nouveaux principes physiques que sont la fusion thermonucléaire contrôlée, la recherche spatiale.
Le projet de Nouvelle route de la soie de la Chine – Une ceinture, une route – offre à toutes les nations qui le souhaitent, la possibilité d’imiter le miracle économique chinois, en rejoignant la perspective gagnant-gagnant de ce projet. Déjà 65 pays ont décidé de participer à ce nouveau modèle de coopération, et ce faisant, il contribue à éviter la géopolitique qui est source de guerre.
Le nouvel accord entre le Secrétaire d’État américain Kerry et le Ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour une cessation des hostilités en Syrie, peut changer les règles du jeu sur l’échiquier mondial, à condition que la Russie, la Chine et l’Inde travaillent immédiatement avec les pays du Moyen-Orient pour appliquer un programme de reconstruction non seulement dans les pays déchirés par la guerre (la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan) mais pour ceux de l’ensemble de la région allant de l’Afghanistan à la Méditerranée, du Caucase au Golfe Persique. Depuis le voyage du Président Xi Jinping en Iran, Égypte et l’Arabie saoudite, l’extension de la Route de la soie est désormais une possibilité concrète.
L’Institut Schiller a publié un projet de 370 pages intitulé « The New Silk Road Becomes The World Land-Bridge » (La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre mondial) disponible auprès de l’Institut Schiller, et qui est aussi disponible en Chinois, en Arabe, et bientôt en Coréen. Il s’agit du projet pour une montée en puissance considérable de l’ensemble de l’économie mondiale. Un projet spécifique pour la reconstruction de toute l’Asie du Sud-Ouest, en fait partie. Cette région entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique a un potentiel énorme de développement dont les ressources humaines et naturelles sont immenses.
La stratégie des cinq mers annoncée par le Président Assad en 2004 peut encore être un point de référence pour la création d’un réseau infrastructurel entre la Méditerranée, l’Océan indien, la mer rouge, la mer Caspienne et la mer Noire, faisant de toute cette région, un centre de prospérité, au cœur des échanges accrus entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
Deux corridors principaux de développement, l’un est-ouest, l’autre nord-sud, intégreront non seulement des chemins de fer rapides, des pipelines, des projets d’aménagement d’eau, des industries et un développement agricole. Avec des technologies modernes telles que l’énergie nucléaire pour le dessalement de vastes quantités d’eau venant des océans, avec la ionisation de l’humidité de l’atmosphère, nous aurons les outils qui nous permettront de reconquérir des parties importantes du désert pour l’agriculture et l’habit humain.
La Nouvelle route de la soie, qui s’étend déjà de Chongqing et Yiwu à Téhéran, où le premier train de la route de la soie est arrivé il y a trois semaines, peut s’étendre à partir de là via Bagdad, à Amman et Aqaba en Jordanie, puis continuer (…) vers le Caire. La route croise l’Euphrate, où les anciens trajets des routes de la soie peuvent être transformés en des corridors modernes, depuis le port de Bassora en Iraq au Golfe Persique, au nord-ouest d’Alep. Des routes existantes le long de l’Euphrate en Irak et un chemin de fer entre Alep en Syrie et Deir ez-Zor sur l’Euphrate, devrait être modernisés, et une nouvelle ligne depuis Bagdad reliant les principales artères de la Route de la soie devra être construite. Encore une fois, ces corridors ne sont pas que des rails ; ils devraient intégrer, transport, production d’énergie, communication, distribution et créer les conditions pour le développement de l’industrie et de nouvelles villes.
Une route vers l’Inde liant le chemin de fer iranien à Zahedan sur la frontière Indo-pakistanaise est déjà programmée. D’autres lignes partant de Deir ez-Zor vers Tadmor-Palmyre, Damas et Beyrouth, aussi. Une liaison Nord-Sud depuis la Syrie vers les zones industrielles de Damas, la Mecque et Médine ; un tunnel sous le détroit de Bab-el-Mandeb à partir de Djibouti vers la péninsule Arabique, et des liens vers l’Europe, la mère Noire et la Russie.
L’Inde a de bonnes relations avec pratiquement tous les pays de la région et a déjà été sollicitée par la Russie et la Chine, pour jouer les médiateurs dans cette perspective. Comme le souligne le Premier ministre Modi, 65 % de la population indienne a moins de 35 ans, et c’est le plus grand atout du pays. On doit donner à ces jeunes, non seulement une vision, pour aider à accroître la productivité de l’agriculture indienne grâce à l’utilisation de l’énergie nucléaire, de l’eau, fertilisants, semences de hautes qualité etc. afin que le nombre de fermiers puisse diminuer de moitié et que ces terres puissent être utilisées pour construire des infrastructures. Mais les jeunes indiens pourraient aussi adopter la mission que je viens de présenter comme la leur, et participer à la transformation économique de l’Asie du Sud-ouest et l’Afrique, et participer ainsi à la création d’un futur pour toute l’humanité.
La réalisation de cette perspective de développement est la seule façon de mettre fin à la crise de réfugiés et de faire revivre les économies d’Europe et des États-Unis et développer toute l’Asie.