« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Conférence du 30e anniversaire de l’Institut Schiller
La conférence du trentième anniversaire de l’Institut Schiller, des 18 et 19 octobre 2014 près de Francfort en Allemagne, a sans doute été l’un des plus importants lieux de dialogue et de discussion des dernières années dans notre monde menacé par la guerre, l’effondrement financier et les épidémies.
Se sont succédés à la tribune des figures politiques, des industriels, des économistes, des stratèges et des analystes de plusieurs pays membres ou proches des BRICS, dont la Chine, l’Inde et l’Iran, ainsi que de nombreux pays d’Europe de l’Est et de l’Ouest, sans oublier les Etats-Unis et l’Australie. La conférence a rassemblé plus de 350 participants.
Cette conférence avait pour objectif de lancer la réflexion pour la mise en place d’une nouvelle architecture financière, de développement et de sécurité mondiale, largement inspirée du concept de Nouvelle route de la soie récemment mis de l’avant par le président chinois Xi Jinping, et du Pont terrestre mondial défendu par l’Institut Schiller depuis plusieurs décennies. Un autre sujet de discussion a été le nouvel « esprit des BRICS » (groupement de pays composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et l’Afrique du Sud) qui est en train de se propager à un nombre grandissant de pays opposés à la domination de Londres et de Wall Street. En effet, dans la foulée de la chute du Mur de Berlin en 1989, les néoconservateurs américains et britanniques ont réussi à imposer sur le monde un système unipolaire et arrogant, ainsi qu’une politique économique néolibérale agressive servant les intérêts d’une poignée de grandes fortunes.
Suite à l’adoption, par les États-Unis et autres pays occidentaux, de la doctrine d’« ingérence humanitaire » de l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, (exposée par Blair lui-même lors d’une conférence à Chicago en 1999), les tentatives réussies ou avortées de changements de régime se sont multipliées dans les pays africains, au Proche et au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et en Asie centrale, ainsi qu’en Amérique du Sud.
Contrairement aux agissements des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la plupart des pays membres de l’OTAN et des monarchies du Golfe, les BRICS cherchent à privilégier la voie diplomatique plutôt que le recours à la force, tout en exigeant que soit respectée la souveraineté des peuples.
Un autre point important concerne la défense des pays les plus vulnérables contre les attaques des spéculateurs et des fonds vautours, comme on l’a vu récemment dans le cas de l’Argentine, et pour créer les conditions d’une stabilité financière favorisant l’investissement public à long terme dans les grands projets d’infrastructure. Cela implique le rejet des politiques d’ajustement structurel du FMI (imposant à chaque fois l’austérité, la déréglementation financière, le libre-échange et l’investissement privé dans l’exploitation des matières premières, l’éducation et la santé) et des exigences de la Banque mondiale (qui ne prête qu’en fonction de critères environnementaux et/ou de « technologies appropriées »).
La multiplication des projets d’infrastructure les plus novateurs, comme les chemins de fer à grande vitesse et à lévitation magnétique en Chine, et bientôt en Russie, en Inde et même sur la côte est africaine, ainsi que la construction de nouveaux canaux transocéaniques en Egypte et au Nicaragua, sont des exemples appropriés de la dynamique nécessaire pour assurer une renaissance de l’économie mondiale.
Tout comme l’a fait l’Institut Schiller tout au long de son histoire, les BRICS se battent aujourd’hui pour la défense du droit de tous les pays au savoir scientifique et aux technologies les plus avancées, non seulement pour le développement économique en tant que tel mais également dans l’objectif de préparer l’humanité à faire face aux défis de demain : utilisation des technologies spatiales pour prévoir les tremblements de terre, recherche sur la fusion nucléaire et exploitation éventuelle de l’hélium-3 sur la Lune, usage du dessalement de l’eau de mer par le nucléaire pour irriguer les déserts, coopération technique et scientifique internationale pour détecter et neutraliser les astéroïdes potentiellement menaçants, etc.
Dans son discours lors de la session finale du sixième sommet des BRICS au Brésil le 15 juillet, le Premier ministre indien Narendra Modi avait expliqué que pour la première fois les BRICS « rassemblent un groupe de pays en fonction de leur ’’potentiel futur’’ » et non pas « sur la base de leur prospérité [ou puissance] actuelle ou selon les idéologies qu’ils partagent ». C’est ce qui fait que « l’idée même des BRICS est tournée vers l’avenir », et qu’ils entendent enfin répondre aux aspirations et aux besoins de tous les pays en voie de développement. Ainsi, l’idée de respect mutuel implique l’inclusion de tous les pays, indépendamment de leur niveau de puissance ou de la nature de leurs institutions. D’où le terme « inclusif » qui revient souvent dans les communiqués publiés par les dirigeants russes, chinois et indiens en particulier.
La convergence de ce nouvel état d’esprit avec les idéaux défendus par l’Institut Schiller constitue sans aucun doute le moyen le plus puissant pour changer la donne ici même en Occident, et créer les conditions pour l’émergence de cette nouvelle architecture inclusive dont le monde a si urgemment besoin.
Les discours sous forme de texte et de vidéo sont disponibles sur le site de la conférence.