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Coalition internationale pour la paix

Asie du Sud-Ouest : y a-t-il des adultes dans la pièce pour mettre fin au cycle de la guerre ? #89

19 février 2025

Compte-rendu de la réunion du vendredi 14 février 2025

Cette réunion a été dominée par la présence de Naledi Pandor, ancienne ministre des Relations internationales et de la Coopération d’Afrique du Sud (2019-2024) et du dialogue entre elle et Helga Zepp-LaRouche. Membre du Congrès national african (ANC), fondé par Nelson Mandela, Naledi Pandor est connue pour son rôle en Afrique du Sud, et au sein du Sud planétaire plus généralement, notamment dans la saisine par l’Afrique du Sud de la Cour internationale de justice des Nations unies sur la question du génocide perpétré par Israël dans la bande de Gaza.

Helga Zepp-LaRouche a ouvert ce dialogue en notant qu’en dépit de la menace toujours présente d’une guerre nucléaire, des changements spectaculaires se produisent et donnent de l’espoir pour l’avenir. Elle a fait référence, comme autant d’indicateurs de ces changements, à l’appel téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, à l’appel du président américain pour relancer les négociations sur le contrôle des armes entre les États-Unis, la Russie et la Chine, et à la déclaration des États-Unis selon laquelle l’Ukraine ne sera pas autorisée à devenir membre de l’OTAN. En revanche, la déclaration de Trump affirmant vouloir prendre le contrôle de Gaza et d’en expulser ses habitants en vue de convertir Gaza en une « Riviera », au delà de son ignominie et d’être parfaitement inacceptable pour les Palestiniens - comme pour tous les pays de la région, sauf Israël - fait peser un doute quant au bien fondé des décisions du nouveau président américain. Cette proposition, constitue selon Mme Zepp-LaRouche, une preuve supplémentaire de l’urgence de mettre en place le plan Oasis, ainsi qu’une solution à deux États.

Le plan conçu par l’Égypte pour reconstruire Gaza est un bon début, mais nous devrions le combiner avec le plan Oasis, a-t-elle précisé, pour répondre aux besoins massifs de développement de toutes les nations de la région. Se référant à la conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue du 14 au 16 février, elle a rappelé qu’il s’agissait à l’origine d’un forum permettant à toutes les nations de discuter sérieusement des questions de sécurité, mais qu’il était devenue au fil du temps un événement de relations publiques pour l’OTAN. L’édition 2025 de la conférence s’est toutefois distinguée par les propos du vice-président américain J.D. Vance qui a « fait la leçon à l’auditoire sur la démocratie » en particulier lorsqu’il a affirmé que les dirigeants européens avaient désormais peur de leurs électeurs ! Dans un tel contexte, la création d’une nouvelle architecture mondiale de sécurité et de développement est une étape nécessaire pour résoudre les nombreux problèmes auxquels l’humanité est confrontée.

Le Dr Naledi Pandor a ensuite pris la parole, en exprimant son soutien au plan Oasis qu’elle a décrit comme « une idée importante, une proposition très utile qui doit être étudiée par les groupes en conflit ». Elle a rappelé qu’il y a 30 ans, lorsque les Sud-Africains ont entamé leur lutte pour se libérer de l’emprise coloniale, ils ont convenu qu’ils devaient dialoguer avec leurs oppresseurs, tout en veillant à ne pas ignorer les besoins des opprimés. Le développement est nécessaire, a-t-elle déclaré, mais nous devons impliquer le peuple palestinien, tout en parlant aux Israéliens, ainsi qu’à ceux qui, en Occident, les ont soutenus dans le génocide. Nous devons demander aux Palestiniens ce qu’ils veulent pour leur avenir, a-t-elle souligné. Tout plan qui n’inclut pas la souveraineté est inacceptable. Presque tout le monde soutient la solution des deux États, mais les choses ont radicalement changé au fil des ans, car les colons israéliens ont occupé de vastes parties du territoire palestinien, à coup de meurtres et d’expropriations, rendant la création d’un État impossible sans la suppression de ces colonies illégales. Il faudra bien à un moment donné surmonter la colère entre les deux parties.

Libérer les opprimés et les oppresseurs

En réponse à une question, Mme Pandor est revenue sur la luttre du mouvement pour la liberté en Afrique du Sud et comment il a très vite compris qu’il fallait unifier le peuple africain, alors que la politique coloniale visait à le diviser ; que l’oppression ne reposait pas uniquement sur l’identité raciale mais sur des principes moraux, et qu’ils devaient donc s’opposer à l’apartheid et non aux Blancs en tant que tels. Elle a demandé à l’Institut Schiller et à la CIP de trouver un moyen de tester le processus d’engagement - pour voir si les Palestiniens sont prêts à s’asseoir avec les Israéliens, et vice versa. Nous avons besoin d’« adultes dans la pièce », a-t-elle souligné en reconnaissant n’est pas sûre d’en avoir identifié beaucoup jusqu’à présent. Elle a donc invité la CIP à s’efforcer de trouver partout où c’est possible les « adultes » qui s’organiseront pour « la paix par le développement ».

L’Institut Schiller et la CIP peuvent jouer un rôle crucial en convoquant et en lançant ce processus, et peut-être en organisant une série de réunions pour aborder ces questions. Concernant l’attaque de Trump contre l’Afrique du Sud, elle a noté que les Afrikaners (Sud-Africains blancs descendant principalement de colons néerlandais) à qui il a offert un « refuge » aux États-Unis, avaient déjà rejeté son idée. Elle a ajouté que le décret de Trump avait été signé à la légère et sur une vision faussée des politiques de son pays. Elle attend avec impatience que la CIP « trouve les adultes » et fasse comprendre à Trump que l’Afrique du Sud est un partenaire à part entière pour les États-Unis.

Donald Ramotar, l’ancien président du Guyana, a remercié Mme Pandor et a déclaré que dans notre lutte mutuelle pour la paix, nous devons nous attaquer aux conditions économiques injustes dans de nombreuses régions du monde. Nous devons avoir un « plan audacieux, comme l’approche gagnant-gagnant du [président chinois] Xi Jinping, sans aucun perdant ». Le plan LaRouche Oasis, a-t-il dit, est basé sur la paix et le développement combinés. L’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI) donne de l’espoir pour ce type de solution, à l’inverse de l’initiative malheureuse de Trump lorsqu’il a ordonné au Panama de couper les liens avec la BRI chinoise. Le plan Oasis présente un plan viable pour reconstruire Gaza et la région, et il peut être un élément central d’un plan global, a-t-il déclaré, mais la Russie et la Chine doivent faire partie du processus. Il partage le point de vue de Mme Pandor sur la nécessité d’une solution à deux États et estime que l’ONU doit jouer un rôle central, car il s’agit de la seule institution existante qui représente toutes les nations.

Dennis Fritz, directeur de l’Eisenhower Media Network (REM), sergent-chef à la retraite de l’armée de l’air américaine, s’est dit optimiste quant à la fin de la guerre en Europe décidée par M. Trump, mais pessimiste quant à la situation au Proche-Orient. Il a déclaré que l’administration du président américain Joe Biden était « la plus malfaisante de mon époque, en permettant et en cautionnant le génocide à Gaza ». Il a ajouté que le président américain George W. Bush « et les néoconservateurs » nous ont entraînés dans les guerres en Irak, en Libye et en Syrie, tandis que « Biden et les sionistes » nous ont donné le désastre au Moyen-Orient. D’autre part, il a déclaré que le REM publiait un rapport louant M. Trump pour avoir « essayé d’être un adulte », avec son appel du 13 février au président Poutine et son appel à la reprise des négociations sur les armes avec la Russie et la Chine. Il a averti que les ennemis de la paix et de la diplomatie « essaieront de le faire tomber ». Il a remercié tout particulièrement M. Pandor pour le rôle que l’Afrique du Sud a joué dans l’arrêt du génocide à Gaza et a déclaré qu’il soutenait le plan Oasis.

Helga Zepp-LaRouche a déclaré que nous ne devons pas nous laisser décourager par les problèmes du passé, mais considérer que nous vivons un moment de grand changement. Elle a déclaré que nous présentons le plan Oasis au cabinet de Trump comme le seul plan qui puisse fonctionner. Elle a fait remarquer que l’Égypte a proposé un plan utile et que nous devrions essayer de combiner leur plan avec le plan Oasis. « Nous sommes tous dans le même bateau », a-t-elle constaté, et nous devrions envisager de verdir l’ensemble du désert, de l’Afrique du Nord à l’Asie centrale. Mme Pandor est d’accord avec le président Ramotar sur le lien entre la paix et le développement. Une grande partie du monde vit encore dans la pauvreté, le désespoir et l’hostilité croissante à l’égard des nations du Nord. Si nous manquons ce moment, je n’ose imaginer le chaos qui pourrait s’ensuivre, a-t-elle déclaré. Nous devons assurer un retour à la rationalité. Nous avons besoin d’une coalition mondiale pour devenir des conseillers positifs avec une voix qui sera entendue dans toutes les nations. Le plan Oasis comprend de nombreuses questions importantes pour le continent africain, où l’accès à l’eau et à l’électricité reste très limité. Les dirigeants africains devraient s’associer à l’effort d’adoption du plan : L’Agenda 2063 de l’Union africaine « s’accorde assez bien » avec le plan Oasis.

Helga Zepp-LaRouche a ajouté qu’en plus du plan Oasis, l’Institut Schiller a promu le plan Transaqua visant à acheminer l’eau du fleuve Congo pour développer les pays du bassin du lac Tchad, ainsi que le projet de barrage Grand Inga pour la production d’électricité. Elle a également noté que l’économiste chinois Zhang Weiwei avait déclaré lors d’une récente conférence de l’Institut Schiller que la Chine pourrait construire le plan Oasis, comme ils ont reverdi les déserts en Chine. Interrogé sur ce qu’il fallait faire face à l’effondrement en cours des économies européennes, Zepp-LaRouche a appelé les Américains à intervenir. Les médias de l’establishment européen ont été totalement hystérisés par la coopération de Trump avec la Russie. Elle a fait remarquer que les médias en Europe, en particulier en Allemagne, sont totalement corrompus et que s’il doit y avoir « une quelconque liberté d’expression », les Américains doivent s’exprimer.

Bill Jones, de l’Institut Schiller, a rappelé à Mme Pandor que lui et sa défunte épouse Marsha Freeman s’étaient rendus en Afrique du Sud pour une conférence sur l’astronomie il y a plusieurs années et l’avaient interviewée pendant leur visite. Elle avait alors souligné l’importance de la science et de la technologie. Mme Pandor a répondu qu’elle se souvenait bien de l’entretien et que l’Afrique du Sud avait continué à mettre l’accent sur la science et la technologie, notamment en construisant le plus grand radiotélescope du monde. L’Afrique du Sud entretient de bonnes relations avec la NASA et d’autres institutions scientifiques américaines, a-t-elle ajouté, appelant la CIP à contribuer à l’établissement de relations amicales entre les deux pays.
Helga Zepp-LaRouche a conclu l’événement en renouvelant son appel à la création d’un Conseil de la raison, composé de personnes de tous les pays qui ont démontré par leur vie leur engagement en faveur du bien commun.

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