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Visioconférence internationale du 13 & 14 Novembre

Arrêter l’hyperinflation avant qu’elle ne soit hors de contrôle

2ème session

2 décembre 2021

Paul Gallagher, rédacteur économique de l’Executive Intelligence Review (États-Unis)

Commençons par une ironie : ce mercredi, le président Joe Biden a indiqué une nouvelle « priorité absolue » : l’arrêt de l’inflation. Il dira aux régulateurs américains de mettre un frein à la spéculation, de faire baisser les prix de l’énergie, etc. De nombreux commentaires n’ont pas tardé :« Biden avait l’air de se croire en Chine ! » où cela a été fait récemment. Peut-être Biden l’a-t-il souhaité ?

Un dispositif heuristique démontrant pourquoi une inflation rapide et même des crises hyperinflationnistes se produisent a été introduit par le penseur et économiste américain Lyndon LaRouche dans les années 1990, qu’il a appelé « fonction d’effondrement typique de la Triple Courbe » (Figure 1).

Figure 1 : LaRouche discutant de la fonction d’effondrement typique et la représentation qu’il lui a donnée sous forme de « Triple courbe »

Le diagramme semble simple. Les tempêtes inflationnistes actuelles, qui menacent des millions de vies en frappant les engrais et la nourriture, le chauffage des ménages et l’énergie électrique, ne peuvent être traquées jusqu’à leur origine et leur cause, sans comprendre la fonction d’effondrement typique de LaRouche.

Il l’a introduit dans le cadre d’une prévision générale qu’il a faite, sur les conditions d’approche d’une crise d’effondrement financier et économique. Et, en effet, les années qui ont suivi ont été marquées par l’effondrement continu des différentes bulles d’endettement – celui des actifs boursier dans la « crise asiatique », la défaillance des obligations russes et brésiliennes, l’effondrement de la bulle Internet - qui ont tous conduit à la crise de l’immobilier américain et à l’effondrement financier mondial de septembre 2008.

Dans une visioconférence internationale comme celle-ci, LaRouche avait déclaré,14 mois avant cette crise mondiale de 2008, qu’elle était une certitude. Par conséquent, les actions économiques qu’il a proposées, après avoir introduit cette fonction de la Triple Courbe, pour arrêter cet effondrement fatal, sont essentielles a comprendre maintenant. Je reviendrai sur ce point au cours de cette discussion.

Rappelez-vous d’août 2019, lorsque les principaux banquiers centraux et mégabanquiers privés du monde se sont réunis à leur conférence politique annuelle de Jackson Hole, dans le Wyoming. Ils étaient profondément et publiquement inquiets que les économies transatlantiques ainsi que le Japon, la Corée, l’Australie puissent tomber dans une déflation ruineuse et irréversible. On dirait que c’était il y a longtemps. Les dirigeants présents à cette conférence – l’ancien chef de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, et quatre dirigeants de BlackRock, Inc. qui étaient tous d’anciens banquiers centraux en Europe ont déclaré que les grandes banques centrales devaient s’emparer des pouvoirs des gouvernements.

Ils ont eux-mêmes appelé cela un « changement de régime » dont le but était de créer de la demande et de l’inflation à tout prix. Leurs stratégies étaient les suivantes : émission sans restriction par la banque centrale de monnaie hélicoptère à des fins spécifiques de « dépenses d’urgence » (les banquiers de BlackRock) ; et création de monnaie numérique synthétique par les banques centrales (Carney).

Ainsi, les vagues d’inflation qui ont déferlé depuis environ un an sont intentionnelles, et ces banques centrales les ont provoquées.

Figure 2 : Deux ondes de choc de l’inflation des matières premières au cours de ce siècle

Voici l’inflation du prix de 20 produits de base d’importance mondiale, depuis le début de ce siècle, sans tenir compte des années qui ont immédiatement suivi le krach de 2008 et la grande récession (Figure 2).

Chaque année, l’étalon de mesure des prix est le mois de juillet. La période 2000-2005 montre une inflation significative « chaude » représentée ici en rose. Le prix moyen d’un produit de base sur 20 ans augmente de 11 % par an jusqu’à la crise de 2007-2008. Puis dans la décennie 2009-2019 : pas d’inflation de ces matières premières. Et dans les deux années 2019-2021, assez soudainement, on voit une « inflation forte » : le prix des matières premières ordinaires enfle de 30 % par an. Puis, pour ces trois derniers mois, du 15 juillet au 15 octobre, « inflation très chaude » : le prix des matières premières ordinaires enflerait de peut-être de 125 %/an si cela devait continuer.

Cette poussée inflationniste rapide et croissante est généralisée. Les produits énergétiques augmentent plus rapidement que la plupart des autres, mais aucun marché spéculatif n’explique ce phénomène. Il y a certainement des spéculations qui jouent un rôle important. Mais l’inflation galopante est généralisée et ne semble pas du tout transitoire.

Figure 3 : La dette mondiale atteint un nouveau record en 2020

Barres bleues : la dette mondiale (en dollar)
Ligne rouge : pourcentage de la dette mondiale prévue ( n rhs)

Qu’est-ce que ces banques centrales ont décidé de faire en 2019 ? Elles essayaient, et essayent toujours, de gonfler la bulle de la dette totale mondiale (figure 3), qui a augmenté de 40 000 milliards de dollars, soit 20 %, en seulement trois ans (2015-2018). Le PIB mondial, aussi mauvaise mesure qu’il soit, n’a augmenté que d’environ 8 % au cours de ces trois années, dont la moitié pour la Chine seule ; et le taux de croissance de l’économie mondiale ralentissait.

Plutôt que de réorganiser cette dette par des redressements bancaires de type Glass-Steagall, et des dépréciations des avoirs spéculatifs, et en émettant de nouveaux crédits pour des projets d’infrastructure à haute productivité nécessaires dans le monde, leur choix a été de la gonfler et de la remplacer par une nouvelle bulle gigantesque de « finance verte ».

Leur crainte était la suivante : si la déflation s’était installée pendant des années, avec cette immense « bulle de tout » mondiale de la dette et très peu de nouveaux investissements productifs en dehors de la Ceinture et la Route de la Chine, les défauts massifs des entreprises et des dettes souveraines auraient enterré les systèmes bancaires dans leurs propres spéculations.

Les banques centrales ont donc créé cette inflation intentionnellement. Mais elles n’ont pas vu, et n’admettent pas aujourd’hui, que leur politique de « changement de régime », combinée à une pression extrême pour créer une bulle d’actifs et d’instruments de dettes autour de la « finance verte », sous prétexte d’un new deal vert mondial, est un échec et a engendré un chaos économique qu’elles ne peuvent plus contrôler.

De même, il y a tout juste un siècle, la création d’une forte inflation par la Reichsbank allemande était intentionnelle, imprimant de la monnaie pour renflouer les dettes de la Première Guerre mondiale de l’Allemagne. Mais l’occupation par les Français et les Belges, au début de 1923, de la Rhénanie, le cœur de la production industrielle de l’Allemagne, a permis, en moins d’un an, à cette masse monétaire inflationniste de se transformer en une hyperinflation monstrueuse et incontrôlée qui a anéanti la richesse de la population allemande.

Encore une fois, cela souligne l’importance de la « fonction d’effondrement typique de la Triple Courbe » de LaRouche.

En octobre 2019, après un mois d’opérations de mises en pension dites « repo », au moyen desquelles la Réserve fédérale a déversé des centaines de milliards de dollars chaque nuit sur le marché des prêts interbancaires, la Réserve fédérale a commencé a faire ce qu’elle a prétendu ne pas être de l’assouplissement quantitatif (QE).

Et ces émissions sont rapidement devenues plus importantes que l’assouplissement quantitatif, ajoutant entre octobre 2019 et février 2020, juste avant le plongeon économique provoqué par la pandémie, une émission de 500 milliards de dollars de monnaie électronique. À partir de mars, c’est devenu un déluge : la Réserve fédérale, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon, ont déversé 10 000 milliards de dollars de nouvelle monnaie en 18 mois, un taux d’impression monétaire qui triple tout programme d’assouplissement quantitatif de la décennie précédente.

Et le gouvernement américain a ajouté à lui seul quelque 5 000 milliards de dollars de nouveaux emprunts et de dépenses du Trésor au titre de « l’allègement de la dette », en partenariat essentiellement avec la Réserve fédérale, qui a soutenu et acheté ces nouvelles émissions de dette. Il n’y a eu aucune création d’emplois productifs dans aucun secteur.

Le « changement de régime » et la « Grande Réinitialisation »

Voyons maintenant qui étaient les leaders de la stratégie de « changement de régime » déployée lors de la conférence des banquiers de Jackson Hole en août 2019. Mark Carney - parmi tous les banquiers internationaux de premier plan, le « guerrier du climat » le plus dévoué et même obsédé, comme la presse britannique l’a appelé, est un co-auteur de l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Il y avait aussi les banquiers travaillant chez BlackRock, Inc, la plus grande société de gestion financière au monde et la plus agressive pour forcer les investissements hors des combustibles fossiles.

Les deux politiques sont allées de pair :
1) le « changement de régime », c’est-à-dire le fait que les banques centrales se sont substituées aux gouvernements dans la tâche cruciale d’orienter et d’encourager les investissements à grande échelle, les gouvernements étant censés et/ou contraints de les soutenir par des réglementations, des promesses fiscales, etc., et
2) le « Green Deal » mondial. Le « changement de régime » s’est transformé en « Grande Réinitialisation ».

Entre-temps, il y a eu un arrêt très réel - en dehors des puissants résistants que sont la Chine, la Russie et l’Inde - des investissements dans les combustibles fossiles, la production d’électricité à partir de combustibles fossiles et le développement intensif des terres agricoles. Cela a provoqué une hyperinflation énergétique, des ravages et des pannes économiques, et a coûté de nombreuses vies humaines.

Les dirigeants africains qui ont dénoncé les mesures imposées par les « Verts » dans leurs pays, ont parlé de leur mise en œuvre réelle. Écoutez le vice-président nigérian Yemi Osinbajo : « Le Nigeria ... est contraint de se priver du bénéfice de ses propres ressources... Les progrès de l’Afrique pourraient être réduits à néant par les efforts du monde riche pour freiner les investissements dans tous les combustibles fossiles. »

Le président ougandais Yoweri Museveni a tenu les mêmes propos dans une tribune libre du ?Washington post ?. Le président de l’Afrique du Sud a signé à Glasgow un arrêt accéléré de la grande production de charbon de ce pays. Aux États-Unis, le charbon est tombé à la fin de 2020 à 15 % de la production nationale d’électricité, contre 39 % deux ans plus tôt. Et ainsi de suite.

Dans le même temps, les investissements dans les sources d’énergie intermittentes se sont poursuivis frénétiquement dans le monde entier. L’Agence internationale de l’énergie a indiqué en souriant que 90 % des ajouts d’énergie électrique mondiale en 2020-2021 sont venus des parcs éoliens, des fermes solaires et des centrales à turbine à gaz pour soutenir l’intermittence de ces derniers.

Il est évident que la pandémie de COVID-19 a provoqué une forte chute des économies productives du monde entier. Mais dans les principales économies d’Amérique du Nord et d’Europe, aucun projet d’infrastructure n’a été lancé pour rétablir l’emploi productif. Les hôpitaux dont le monde entier avait désespérément besoin n’ont pas été construits pour faire face à la pandémie, malgré l’exemple de la Chine. Les fonds publics ont tous été consacrés aux secours et à la substitution des salaires. Il n’y a eu qu’une seule exception : des projets éoliens et solaires de plus en plus importants, et leurs Sancho Panza, les turbines à gaz naturel.

Il est douloureusement clair que ces investissements ont fait échouer l’économie réelle et, par le biais de tempêtes inflationnistes, ont provoqué le chaos dans les domaines de l’énergie, de l’électricité et des transports, et menacent une production alimentaire déjà épuisée. Il s’est avéré que ces investissements ont réduit la productivité économique générale, ce qui frappe l’économie plus durement et plus longtemps qu’une simple contraction temporaire de l’activité économique.

Revenons maintenant à la « triple courbe de la fonction d’effondrement typique » de Lyndon LaRouche (Figure 1).

LaRouche a simplement montré que lorsque, sur la même ligne temporelle, l’économie productive réelle est en déclin accéléré, tandis que les actifs de la dette (« agrégats financiers ») et les émissions de monnaie nécessaires pour liquéfier les actifs de la dette, augmentent à des taux accélérés, un effondrement financier et économique général est imminent. Dans le cas particulier illustré par ces cercles, où la masse des agrégats monétaires, par le biais de l’impression monétaire, est artificiellement amenée à augmenter encore plus vite que la dette qu’elle soutient, une explosion hyper-inflationniste menace.

C’est l’image de l’inflation actuelle et de ce qu’elle présage.

La réponse des plus grandes banques, des gestionnaires de fonds et des fonds de pension a été claire lors du « sommet climatique » de Glasgow : ignorer le chaos et l’inflation et exiger un « transfert de milliards » encore plus important et rapide hors de tout ce qui produit du carbone et qui maintient la vie humaine et le nombre d’êtres humains - vers la finance verte.

Le prince Charles, le plus influent des marchands verts du monde, qui possède également la plus grande empreinte carbone du monde, a parlé en leur nom :

« le changement climatique et la perte de biodiversité [...] constituent une menace existentielle encore plus grande que la pandémie de COVID-19, et nous devons nous mettre sur un pied de guerre. Avec une population mondiale croissante qui crée une demande toujours plus forte sur les ressources limitées de la planète, nous devons réduire les émissions de toute urgence... Nous savons que cela nécessitera des milliers des milliards, et non des milliards de dollars... Ce qu’il faut, c’est une vaste campagne de type militaire pour mobiliser la force du secteur privé mondial. Avec des trillions à sa disposition, bien au-delà du PIB mondial, et avec le plus grand respect, au-delà même des gouvernements des dirigeants du monde, il offre la seule perspective réelle de réaliser une transition économique fondamentale. »

Il existe un modèle pour cette « transition économique fondamentale ». J’ai mentionné précédemment l’hyperinflation allemande du début des années 1920. Le banquier central, qui est arrivé en 1924 et a mis fin à cette situation avec une nouvelle monnaie et une politique d’austérité très douloureuse pour l’économie et les ménages, s’appelait Hjalmar Schacht.

Plus tard dans les années 1920, ce personnage puissant a démissionné de ses fonctions pour soutenir les nazis d’Hitler, et jouer un rôle majeur dans l’arrivée au pouvoir de ces derniers.

En 1933, Schacht a été prié de prendre le gouvernail de la Reichsbank (Banque centrale allemande) et est devenu le ministre nazi de l’Économie. Il lance rapidement une vague d’émissions de monnaie de la banque centrale, combinée à un transfert de la main-d’œuvre enrégimentée par le biais du « Front du travail » nazi, afin de pousser le capital vers le réarmement et la production d’armes. La production d’armes passe de 2 % du PIB allemand à 20 % en seulement deux ans, de 1933 à 1935.

Les salaires et les prix sont contrôlés.

Cette « économie schachtienne » de la banque centrale est le seul modèle historique de la volonté actuelle des marchands verts du monde entier de « transférer des milliards » hors de toute forme de production industrielle ou de culture de la terre liée au carbone, et dans une immense bulle de « finance verte » de nouvelles dettes soutenues par l’argent des impôts et des réglementations gouvernementales.

L’économie schachtienne est au cœur du fascisme, un système où les plus grands conglomérats financiers cooptent les pouvoirs des gouvernements pour accroître leur pillage et réduire les coûts de la main-d’œuvre et les coûts humains de l’activité économique.

Lyndon LaRouche a été le porte-voix de la lutte contre le retour de l’économie schachtienne pendant 50 ans. Lorsque le président Richard Nixon a mis fin en 1971 à la réserve d’or du dollar américain, il a détruit le système monétaire hautement productif de Bretton Woods du président Franklin Roosevelt. Nixon a mis en place un contrôle des salaires et des prix, et a promu une « stratégie vers le sud » politico-économique – c’était le début de la « mondialisation », envoyant les emplois industriels au sud vers des bassins de main-d’œuvre moins chers.

Lyndon LaRouche a immédiatement dénoncé, tout au long des années 1970, que cela ramenait à l’économie fasciste schachtienne, aux guerres et aux pandémies potentielles, et à la dépression. LaRouche s’est fait connaître en affrontant les économistes keynésiens dominants, qui étaient des admirateurs de Schacht attirés par sa « création d’emplois public » et ses politiques commerciales.

Les avertissements de LaRouche et ses propositions législatives pour arrêter le crash de 2007-2008 ont été bloqués. Il a donc défini comment empêcher un autre effondrement financier et économique encore plus grave d’arriver - celui qui nous arrive maintenant.

Tout d’abord, briser les plus grandes banques par des lois Glass-Steagall de stricte séparation bancaire. Il s’agit des banques de l’alliance de Mark Carney pour pousser les trillions dans la « finance verte ». Et ce sont d’énormes zombies, bien trop gros pour que les banques centrales les laissent faire faillite, et trop gros pour prêter ; ils se contentent de spéculer.

Ce sera le plus grand coup porté à la bulle verte. Deuxièmement, des contrats énergétiques à long terme de nation à nation, tels que les contrats de gaz Russie-Europe qui, contrairement aux absurdités de la propagande, ont fait baisser le prix du gaz naturel de 10 % en Europe cette semaine.

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