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Visioconférence internationale du 13 & 14 Novembre

La stratégie pour détruire Dope, Inc. au XXIe siècle

2ème session

15 décembre 2021

Dennis Small, rédacteur de l’Executive Intelligence Review

Au milieu des années 1970, il y a presque 50 ans, le penseur et économiste américain Lyndon LaRouche a déclaré la guerre à Dope, Inc - le cartel international de la drogue responsable de la nouvelle guerre de l’opium contre la population mondiale. Il savait qu’il y a une seule manière dont on peut gagner une telle guerre ---

[DIAPOSITIVE 1] : Valeur estimée des ventes mondiales de stupéfiants (en milliards de $)

et c’est en identifiant et en détruisant les banques et les intérêts financiers britanniques qui sont la force motrice et les principaux bénéficiaires de ce trafic de la drogue. C’est ce que nous, à l’EIR, avons fait dans le best-seller international fait à la demande de M. LaRouche — Dope, Inc, la guerre de l’opium de la Grande-Bretagne contre le monde.

Bien sûr : il faut avoir recours à des mesures répressives et même militaires dans certaines circonstances. Il faut éradiquer les cultures, détruire les laboratoires, saisir les stupéfiants, aider à traiter et à libérer les toxicomanes de leur asservissement à la drogue, et libérer les paysans tout aussi asservis et les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement de leur servitude en leur proposant des cultures alternatives productives et des projets agricoles.

Mais par-dessus tout, il faut traquer l’appareil bancaire et financier (représentant plusieurs milliards de dollars) qui dirige Dope, Inc. et ensuite essayer d’emprisonner les responsables – y compris dans leur costume trois pièces de banquier. Jusqu’à présent, on ne l’a jamais fait. Alors qu’on cesse de parler de l’impossibilité de mener une guerre à la drogue, que toutes les tentatives ont échoué. Il n’y a jamais eu de véritable guerre à la drogue - pas du genre que Lyndon LaRouche préconisait, qui commencerait par une séparation des banques de type Glass-Steagall, que mes collègues dans ce panel ont déjà présentée, et qui remplacerait l’économie de la drogue par des projets d’infrastructure mondiaux tels que le Pont terrestre mondial de LaRouche. La seule soi-disant stratégie qu’on a déjà essayée et qui a échoué, est celle de la légalisation des drogues.

Je vais vous montrer ce que je veux dire.

La drogue est une pandémie qui s’est propagée à travers la planète depuis un demi-siècle. Notre analyse du trafic de la drogue s’est toujours intéressé avant tout aux réelles quantités physiques de stupéfiants produits et à la valeur monétaire de leur vente potentielle.

[DIAPOSITIVE 2] : Production de cocaïne, sur le plan mondial (en tonnes)

Voici une vue d’ensemble : Au cours des 40 dernières années, le commerce de la drogue est passé d’une activité de 250 milliards de dollars par an à une activité qui rapporte aujourd’hui plus de 1500 milliards de dollars par an. Au XXIe siècle, sa valeur a triplé. Notez bien que plus de la moitié de ce revenu potentiel provient de la marijuana. Notez aussi qu’environ un quart des 200 millions de consommateurs de cannabis dans le monde sont des Américains. Bref, le moteur de l’expansion du marché mondial pour Dope, Inc. est la marijuana – c’est la porte d’entrée à la drogue par excellence. Et c’est la légalisation de la marijuana aux États-Unis qui est à l’origine de cette expansion, comme nous le verrons plus loin.

Il ne faut pas pour autant minimiser l’importance mortelle du rôle joué par les opiacés (opium et héroïne), la cocaïne et les stimulants de type amphétamine (ou ATS sur le graphique), notamment les méthamphétamines.

Je tiens à souligner que ce graphique est une estimation prudente de l’ensemble du trafic de la drogue. Il n’inclut pas les nouvelles substances psychoactives (ou NPS), que les chimistes de Dope, Inc., produisent à un rythme plus rapide que celui des autorités pour les classifier, voire à les déclarer illégales. On estime qu’il en existe plus d’un millier et que de nouvelles sont créées au rythme d’environ 80 par an. Il n’inclut pas non plus les CPD, ou médicaments sur ordonnance contrôlés, y compris les opioïdes comme l’oxycontin et le fentanyl, et leurs variantes synthétiques, qui sont la principale cause de la montée en flèche des décès par ?overdose ? aux États-Unis aujourd’hui.

Je tiens à souligner que, depuis l’accord passé entre les États-Unis et la Chine et depuis que la Chine a classé le fentanyl comme stupéfiant en mai 2019, le trafic de cette substance de la Chine vers les États-Unis a chuté : en 2017, 128 kilos de fentanyl d’origine chinoise ont été saisis ; en 2020, ce chiffre était tombé à un demi kilo.

Ainsi, si l’on tient compte des NPS et des CPD, il est tout à fait possible que la valeur totale de l’argent du sang de Dope, Inc. soit en réalité de l’ordre de 2000 milliards de dollars par an.

La valeur totale a augmenté en dépit du fait que les prix moyens de toutes les catégories de drogues ont considérablement diminué. En effet, la stratégie de marketing délibérément adoptée par Dope, Inc. consiste à réduire les prix afin d’augmenter le nombre de consommateurs, et donc les ventes totales.

Dans la série de graphiques qui suit, nous verrons les quantités physiques de diverses catégories de drogues qui sont produites. Commençons par la cocaïne.

[DIAPOSITIVE 3] : Production d’opium, sur le plan mondial (en tonnes)

La feuille de coca est cultivée et transformée en cocaïne dans seulement trois pays de la région andine des Amériques : le Pérou, la Bolivie et la Colombie. Elle est ensuite expédiée aux États-Unis - via l’Amérique centrale, le Mexique et les îles des Caraïbes (dont Haïti et la République dominicaine) - et en Europe. Là encore, notez l’augmentation spectaculaire de la quantité de cocaïne produite, passant de 777 tonnes d’équivalent cocaïne pure en 2000 à 1886 tonnes en 2019. Cette augmentation est surtout le fait de la Colombie, depuis qu’elle a mis fin à l’éradication aérienne des plantes de coca, sous la pression internationale des ONG écologistes et du Département d’État américain, pour se limiter à l’utilisation de... machettes.

[DIAPOSITIVE 4] : Marijuana : la valeur de production contre la valeur des ventes (en millions de $)

Légende :
— En vert, les ventes
— En rouge, les saisies

Examinons maintenant la production d’opium, dont une grande partie est vendue sous forme d’opium simple, et une autre partie est transformée en héroïne. En 2019, l’Afghanistan a produit 6700 tonnes sur les 8500 tonnes produites dans le monde, soit environ 80 % du total. Jusqu’au milieu des années 1990, l’Afghanistan cultivait très peu de pavot et produisait très peu d’opium. La forte baisse observée en 2001 est une anomalie importante et s’est produite pendant la période où l’ONUDC [l’office des Nations unies contre la drogue et le crime], alors dirigé par Pino Arlacchi, coopérait avec certaines parties prenantes internationales et avec les Talibans pour tenter de contrer la mainmise sur le pays de Dope, Inc. Puis, c’était l’occupation par les États-Unis et l’OTAN, et on voit ce que cela a donné.

Passons maintenant à la marijuana.

[DIAPOSITIVE 5] : Marijuana : le prix en fonction de la quantité (pourcentage en grammes pour 5% de THC ; en milliers de tonnes)

Légende :
— En rouge, la quantité
— En bleu, le prix

Ce graphique montre la valeur de vente dans la rue de la production mondiale de marijuana, ainsi que la quantité minuscule qui a été saisie : à peine 6 % du total produit. La somme totale des ventes potentielles est montée en flèche au XXIe siècle, passant de 134 milliards de dollars en 2000 à 823 milliards de dollars en 2019, soit une multiplication par six.

Mais il y a pire. Au cours de la même période, la teneur en THC par gramme de marijuana – il s’agit du composé psychoactif du cannabis - est passée d’environ 5 % en 2000 à 15 en 2019. Autrement dit, on consomme six fois plus de marijuana, et elle est en moyenne trois fois plus puissante aujourd’hui qu’en 2000. Mais il y a pire. Le graphique suivant est un peu plus compliqué, et je vais vous demander de l’examiner attentivement.

[DIAPOSITIVE 6] : Prévalence de la marijuana en 2019 (pourcentage de la population de 15-64 ans )

La ligne rouge ascendante décrit la croissance rapide de la quantité physique de marijuana produite dans le monde ces 40 dernières années. La ligne bleue est le prix moyen dans les rues américaines d’un gramme de marijuana, en corrigeant pour une teneur moyenne en THC de 5 %. On voit ici l’effet de la stratégie de marketing de Dope, Inc. : on a fait chuter le prix de l’herbe à partir des années 1990, qui a été divisé par quatre par rapport au prix actuel. Pendant la même période, la quantité produite et vendue a presque été multipliée par quatre.

Enfin, il faut voir tout ceci dans le contexte de la chronologie de la campagne pour la légalisation des drogues aux États-Unis.

D’abord, on a eu la dépénalisation, une campagne conduite et financée par des personnes comme le méga spéculateur George Soros. Ce sont les banquiers et les financiers qui ont favorisé la légalisation depuis le début. En 1973, l’Oregon est devenu le premier État à dépénaliser la marijuana, suivi par une douzaine d’autres États au cours des cinq années suivantes.

Cela a préparé le terrain pour la forte baisse des prix et pour étendre la consommation sous forme de la marijuana dite médicinale. La Californie a été le premier État à la dépénaliser en 1996 et, en l’espace de deux décennies, la majorité des États américains ont fait de même. C’est à partir de là que la consommation a vraiment décollé. Puis la légalisation totale de l’usage « à but récréatif » de la marijuana a été introduite en 2012 par le Colorado et l’État de Washington. Aujourd’hui, 18 États les ont suivis. Et pas moins de 40 des 50 États ont légalisé ou dépénalisé l’usage à but récréatif ou médical.

En 1995, 80 % des adolescents américains comprenaient que la consommation de marijuana comportait des risques. En 2019, après les tirs de barrage de propagande de la part du lobby de la drogue, de membres du Congrès sous influence, et des médias, ce chiffre avait reculé à 50 %. Aujourd’hui, la consommation de marijuana - la drogue d’introduction la plus réussie de Dope, Inc. - est omniprésente aux États-Unis d’Amérique.

[DIAPOSITIVE 7] : Les facteurs affectant la prévalence de l’abus d’opioïdes aux États-Unis (pourcentage de la population de 15-64 ans )

Ce n’est donc pas étonnant que la prévalence de l’usage parmi la population américaine soit d’environ 15 % - et en hausse, soit presque trois fois celle de l’Europe et quatre fois la moyenne mondiale.

Qualifier de mortel l’impact global de la pandémie de drogue est un euphémisme. Un demi-million de personnes sont mortes d’un décès lié à la drogue en 2019. Depuis le début du XXIe siècle, près de 10 millions de vies humaines ont été perdues à cause de la drogue. L’ONU calcule sur cette base le nombre de ce qu’elle appelle les années de vie en bonne santé perdues. Pour la seule année 2019, cela se traduit par 18 millions d’années de vie perdues. Au cours du XXIe siècle, nous avons perdu environ 600 millions d’années de vie potentiellement productives. Environ 25 de ces 600 millions, appartenaient à mon frère aîné... Et je suis sûr que chacun de vous qui regardez ce reportage a connu une perte similaire dont il pourrait témoigner.

Maintenant, passons à des réponses.

[DIAPOSITIVE 8] : Les principaux réseaux de cocaïne dans le monde

C’est l’économie, idiot. De tous les facteurs socio-économiques qui influent sur la prévalence de la consommation de drogues - en l’occurrence l’abus d’opioïdes - ce n’est pas le fait d’être noir, blanc ou hispanique ; ce n’est pas le fait d’avoir ou non un diplôme d’études supérieures ou secondaires. C’est le fait d’avoir ou non un emploi.

Donc, comme je l’ai dit au début, si vous voulez démanteler Dope, Inc, il est essentiel de remplacer la narco-économie mondiale par un dessein mondial de développement des infrastructures basées sur la haute technologie, du type défini par Lyndon LaRouche.

[DIAPOSITIVE 9] : Le réseau mondial antidopage de la cocaïne

Travailler avec d’autres nations, et l’initiative chinoise une Ceinture, une Route en particulier, pour construire le réseau du pont terrestre mondial. Cela permettra d’améliorer la productivité mondiale et de créer 1,5 milliard de nouveaux emplois productifs sur toute la planète.

[DIAPOSITIVE 10] : Le bassin des Caraïbes : le projet une Ceinture une Route

Légende :
— En pointillés, route maritime de la soie
— En ligne verte, route ferroviaire existante
— En ligne rouge, route ferroviaire proposée
— En grisé, Pays maintenant des relations diplomatiques avec Taïwan

Ce réseau doit remplacer ce que l’on pourrait appeler le pont de la drogue mondial. Nous voyons ici une carte schématique du cas du trafic de cocaïne.

[DIAPOSITIVE 11] : Les routes du trafic de cocaïne dans le bassin des Caraïbes

Carte 9 : Le trafic de cocaïne en provenance de la région andins d’Amérique du nord

Le bassin des Caraïbes, en particulier, doit devenir un lieu de coopération américano-chinoise pour remplacer l’économie de la drogue par des projets d’infrastructure high-tech, notamment des lignes ferroviaires à grande vitesse, de nouveaux ports industriels et des centres scientifiques.

Aujourd’hui, l’économie de la région est dominée par le trafic de cocaïne et d’autres stupéfiants.

Ce qui m’amène à mon dernier point : Haïti.

L’approche politique suivie jusqu’à présent par l’administration Biden ne permettra jamais d’établir la sécurité en Haïti, car les gangs qui y contrôlent désormais la vie quotidienne prospèrent grâce à la pauvreté qui ravage l’ensemble de la population, en particulier les jeunes. De plus, ces gangs ont reçu des armes lourdes et d’autres formes de soutien de la part de Dope, Inc. Haïti, tout comme la République dominicaine, est un important site de transbordement dans les Caraïbes de la cocaïne et d’autres drogues en provenance des pays andins et à destination des États-Unis.

Une invasion américaine pure et simple ne fonctionnerait pas non plus, contrairement à ce que proposent certaines têtes brûlées à Washington et ailleurs. La seule « politique de sécurité » susceptible de fonctionner est celle basée sur le développement économique immédiat d’Haïti - et de toute la région - comme l’Institut Schiller le présente dans son Plan de développement d’Haïti.

Une approche viable consisterait à déployer un corps multinational d’ingénieurs d’armée venant de nations amies, sous l’autorité des Nations unies, qui respecterait la souveraineté d’Haïti et travaillerait avec ses autorités pour résoudre simultanément les problèmes économiques et de sécurité. Ce corps devrait garantir tout de suite la distribution de pétrole, de nourriture et d’autres produits de première nécessité, actuellement tenus en otage par les gangs, par le biais de convois armés autorisés à déployer toute la force nécessaire. Ce corps d’ingénieurs lancerait immédiatement des projets de type CCC pour que les jeunes débutent la reconstruction nationale. Il devrait faire appel à des ingénieurs militaires américains, chinois, brésiliens et autres. Une telle approche gagnerait rapidement la confiance de la population et isolerait les gangs (et leurs contrôleurs) – dès que la population aura compris qu’elle est sérieuse, qu’elle marche et qu’elle respecte la souveraineté haïtienne.

En même temps, dans le cadre d’une coopération internationale similaire, un effort sera lancé pour empêcher toute entrée et toute sortie de stupéfiants à Haïti et dans la République dominicaine. Cela permettra de tarir rapidement la source de financement et d’armement des gangs. Il ne restera alors plus qu’un enjeu : le développement.

Un tel programme d’action d’urgence servirait alors de modèle pour le type d’approche nécessaire au niveau mondial pour détruire Dope, Inc. au XXIe siècle.

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