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« Stratégie pour l’Indo-pacifique », l’interventionnisme à grande échelle

15 février 2022

Alors que les États-Unis continuent de marteler qu’une invasion russe de l’Ukraine est imminente la Maison blanche publie un nouveau document détaillant sa « Stratégie pour l’Indo-pacifique », en vue d’assurer l’hégémonie américaine dans la région et de contenir l’influence chinoise.

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L’Indo-Pacifique, une zone immense touchant une grande partie de l’humanité. Une zone très éloignée des Etats-Unis.

Très occupés à maintenir leur hégémonie sur ce qu’ils considèrent être leurs zones d’influence, les Etats-Unis, dans le document sur leur nouvelle stratégie indo-pacifique indiquent que, sous la direction du président Biden, ils « sont déterminés à renforcer leur position et leur engagement à long terme dans la région indo-pacifique » et qu’ils se concentreront sur tous les coins de la région tout en laissant entendre que les alliés européens devraient également aider les États-Unis.

L’impression de déjà-vu n’est sans doute pas fortuite. On retrouve en effet dans ce document tout le narratif répété 24 heures sur 24 par tous les medias mainstream des « alliés » des Etats-Unis : « cette intensification de l’attention américaine est due en partie au fait que l’Indo-pacifique est confronté à des défis croissants, en particulier à cause de l’importance de la République populaire de Chine. La [Chine], avec sa puissance économique, diplomatique, militaire et technologique, est en quête d’une sphère d’influence dans l’Indo-pacifique et cherche à devenir la puissance la plus influente du monde. La coercition et l’agression de la [Chine] s’étendent à toute la planète, mais c’est dans la région indo-pacifique qu’elles sont les plus graves. De la coercition économique de l’Australie au conflit le long de la ligne de contrôle réelle avec l’Inde, en passant par la pression croissante sur Taïwan et l’intimidation des voisins dans les mers de Chine orientale et méridionale, nos alliés et partenaires dans la région supportent une grande partie du coût du comportement nuisible de la [Chine]. Dans ce processus, la [Chine] porte également atteinte aux droits de l’homme et au droit international, notamment à la liberté de navigation, ainsi qu’à d’autres principes qui ont apporté la stabilité et la prospérité à l’Indopacifique. »

C’est donc en puissance salvatrice de l’équilibre mondial et, implicitement, de la civilisation que les Etats-Unis abordent leurs relations avec la Chine : « nos efforts collectifs au cours de la prochaine décennie détermineront si la [Chine] parvient à transformer les règles et les normes qui ont profité à l’Indo-pacifique et au monde entier. Pour leur part, les États-Unis investissent dans les fondements de leur force au niveau national, alignent leur approche sur celle de leurs alliés et partenaires à l’étranger et rivalisent avec la [Chine] pour défendre les intérêts et la vision de l’avenir qu’ils partagent avec d’autres. Nous renforcerons le système international, le maintiendrons ancré dans des valeurs communes et l’actualiserons pour relever les défis du XXIe siècle. Notre objectif n’est pas de changer la [Chine] mais de façonner l’environnement stratégique dans lequel [elle] opère, en construisant un équilibre d’influence dans le monde qui soit le plus favorable possible aux Etats-Unis, à nos alliés et partenaires, ainsi qu’aux intérêts et valeurs que nous partageons. Nous reconnaissons la valeur stratégique d’un rôle régional croissant pour l’Union européenne. »

C’est au nom des défis présumés que posent cette évolutions qu’une telle approche est préconisée par les Etats-Unis, changement climatique, pandémie de COVID et programmes d’armement nucléaire de la Corée du Nord. Pourtant bien d’autres défis devraient urgemment être à l’ordre du jour : situation humanitaire catastrophique en Afghanistan, augmentation importante des pays concernés par la sous-alimentation, voire la famine, gagner la paix au Yemen, etc., mais ceci ne semble pas l’urgence...

En revanche, la stratégie exposée des États-Unis pour les deux années à venir aura pour objectif :

— « (...) le renforcement de la résilience au sein des pays, comme nous l’avons fait aux États-Unis. Dans la région, cela inclut nos efforts pour soutenir les sociétés ouvertes et pour garantir que les gouvernements de l’Indo-pacifique puissent faire des choix politiques indépendants et libres de toute coercition ; nous le ferons en investissant dans les institutions démocratiques, une presse libre et une société civile dynamique. Les États-Unis soutiendront la liberté d’information et d’expression et combattront l’ingérence étrangère en soutenant le journalisme d’investigation, en promouvant les médias pluralistes et indépendants, et en renforçant la collaboration pour faire face aux menaces liées à la manipulation de l’information. »

— « [N]ous renforcerons le soutien aux approches fondées sur des règles dans le domaine maritime, notamment en mer de Chine méridionale et en mer de Chine orientale. »

— « Un Indo-pacifique libre et ouvert ne peut devenir réalité que si nous construisons une capacité collective pour une nouvelle ère ; l’action commune est désormais une nécessité stratégique. Nous travaillerons au sein de groupements souples qui mettent en commun notre force collective pour faire face aux problèmes déterminants de notre époque, notamment par le biais de la Quadrilatérale. »

Le document parle du soutien des « institutions démocratiques », de la mise en place de connexions Internet fiables et sécurisées, de la promotion des programmes STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) dans les écoles, de la lutte contre la pandémie de COVID et de l’amélioration des capacités militaires américaines dans la région pour inclure tous les environnements - espace, cyberespace, opérations de commandement et de contrôle et opérations asymétriques. Cela inclut la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à la Royal Australian Navy (par le biais de l’AUKUS) dans les meilleurs délais.

Il est donc clair comme de l’eau de roche que la région sera la cible des politiques vertes : « les États-Unis travailleront avec leurs partenaires pour élaborer des objectifs, des stratégies, des plans et des politiques pour 2030 et 2050 qui soient compatibles avec la limitation de l’augmentation de la température mondiale à 1,5° Celsius, et ils chercheront à être le partenaire privilégié de la transition de la région vers un avenir net zéro. Grâce à des initiatives telles que Clean EDGE, nous encouragerons les investissements dans les technologies d’énergie propre et leur déploiement, nous chercherons à favoriser la décarbonation du secteur de l’énergie et nous encouragerons les investissements dans les infrastructures adaptées au climat. Les États-Unis travailleront avec leurs partenaires pour réduire leur vulnérabilité aux effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement, et ils soutiendront la résilience des infrastructures essentielles et la sécurité énergétique. Nous nous efforcerons également de préserver la santé et l’utilisation durable des vastes océans de la région. »

Ensuite, il explique comment les États-Unis vont « traiter avec la Chine » : « nous travaillerons également avec des partenaires à l’intérieur et à l’extérieur de la région pour maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, notamment en soutenant les capacités d’autodéfense de Taïwan, afin de garantir un environnement dans lequel l’avenir de Taïwan est déterminé pacifiquement, conformément aux souhaits et aux intérêts souverains du peuple taïwanais. Ce faisant, notre approche reste conforme à notre politique d’une seule Chine et à nos engagements de longue date en vertu de la loi sur les relations avec Taïwan, des trois communiqués conjoints et des six assurances . »

Dans l’ensemble, il s’agit d’une stratégie qui fait froid dans le dos et qui ne peut qu’entraîner une augmentation des tensions et un pas de plus vers une guerre mondiale, comme le détaillent également d’autres documents de la Maison Blanche.


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