« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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11 décembre 2018
On pouvait penser que la misère décrite par Charles Dickens dans ces romans, au moment où l’empire victorien brillait de tous ses feux, concernait une période révolue de l’histoire de l’humanité, mais tel n’est malheureusement pas le cas. Le 16 novembre dernier, le rapporteur de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits humains, Philip Alston, a terminé une enquête de deux semaines au Royaume-Uni dont les des conclusions dépassent ce que l’on pouvait redouter. « Calamité sociale », « désastre économique » : tels sont les termes emploiyés pour qualifier le niveau de pauvreté des enfants dans la cinquième plus grande économie du monde. Il avertit que le pourcentage d’enfants vivant dans la pauvreté pourrait atteindre 40 % en 2022.
A l’heure actuelle, on compte environ 14 millions de pauvres – un cinquième de la population – dont 1,5 million sont dans le dénuement total, c’est-à-dire incapables de couvrir leurs besoins de base, selon les statistiques de l’Institute for Fiscal Studies et de la Joseph Rowntree Foundation.
Il faut lire la déclaration d’Alston pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts socio-économiques. Selon lui, le gouvernement a infligé une « grande misère » au peuple, usant de politiques d’austérité « punitives, mesquines et cruelles », motivé par une volonté politique de faire de la réingénierie sociale plutôt que de répondre à la nécessité économique. Il accuse les politiques d’austérité d’enfreindre quatre accords sur les droits de l’Homme relatifs aux femmes, aux enfants, aux handicapés et aux droits économiques et sociaux.
Au-delà des chiffres et des faits, le rapporteur de l’ONU est allé à la rencontre de personnes en difficulté dans de nombreuses villes britanniques, afin de constater les difficultés sur le terrain, ce qui sera documenté dans son rapport. Pour le citer : il est évident à « quiconque ouvre les yeux de constater l’immense accroissement des banques alimentaires et des queues pour y accéder, les gens qui dorment à même la rue, l’accroissement du nombre de sans-abris, un sentiment de profond désespoir qui amène même le gouvernement à désigner un Ministre pour la prévention du suicide, et la société civile à faire état de niveaux sans précédent de solitude et d’isolement. »
Par ailleurs, un rapport publié la semaine dernière par le Imperial College of London constate que l’espérance de vie chez les pauvres a diminué au cours des six à sept dernières années, alors même que le gouffre se creuse entre pauvres et riches.