« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Appel international
29 novembre 2021
Le 23 novembre 2021
Il est regrettable qu’après 20 mois de cette pandémie de coronavirus, le monde n’ait pas encore lancé une campagne unifiée d’éducation et d’information destinée à tous les peuples sur l’action à entreprendre. Les pandémies sont insensibles aux cycles électoraux, aux déclarations de guerre, aux fluctuations boursières et aux campagnes médiatiques. Elles ne réagissent qu’à des mesures de santé publique énergiques, compétentes et implacables, associées à des percées médicales permettant de faire face à de nouvelles situations. Les pandémies, de par leur nature, ne peuvent être vaincues au niveau local ou régional, elles doivent être traitées à l’échelle mondiale, impliquant une coopération et une coordination internationales.
Bien que les différents gouvernements arborent divers niveaux de réussite, nous connaissons tous la triste réalité : nous avons maintenant franchi le funeste cap des 5 millions de morts dans le monde dus à la COVID-19, et ce chiffre est sans doute sous-estimé, car de nombreux décès dans certaines parties du monde n’ont pas toujours été déclarés.
Les nouveaux cas de COVID-19 montent en flèche dans certaines régions d’Europe. En Autriche, un nouveau confinement a été imposé. En Allemagne, où l’on a supprimé 5000 lits de soins intensifs l’an dernier, en pleine pandémie, le triage médical est désormais envisagé pour les malades gravement atteints nécessitant ce type de soins. Les États-Unis sont loin d’être tirés d’affaire, avec plus de 1000 décès par jour depuis plusieurs semaines. De grandes parties de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique du Sud, ainsi que d’autres régions du monde dont les populations appauvries sont frappées par la famine, attendent, comme des boîtes de Pétri, l’arrivée de la prochaine vague d’infection dévastatrice.
Pourtant, aujourd’hui encore, après 20 mois de souffrance et de ravages causés par la pandémie de COVID-19, le monde n’a toujours pas adopté d’approche adéquate, globale et unifiée pour résoudre cette crise. Le manque d’information, ou la désinformation pure et simple, trop largement répandus, contribuent à une situation de plus en plus intenable.
Au nom du Comité pour la coïncidence des contraires, je demande aux virologues et experts médicaux du monde entier d’entreprendre une campagne d’éducation internationale, coordonnée et intégrée, afin d’adopter une approche saine pour faire face à cette pandémie et à d’éventuelles pandémies à venir.
Cette campagne devrait comprendre un exposé clair des points suivants : — Qu’est-ce qu’une pandémie ? — Comment combattre une pandémie ? — Qu’est-ce que la santé publique et comment unir nos forces pour mettre en œuvre des mesures élémentaires de santé publique éprouvées – assainissement, eau potable, alimentation nutritive – ainsi que la fourniture de médicaments préventifs et analeptiques, y compris les vaccins, essentiels pour vaincre cette pandémie ? — Quelle est l’efficacité comparative des différents vaccins et autres mesures actuellement déployés dans les différentes nations et régions pour prévenir les maladies graves et les décès ? — Comment équiper chaque pays d’un nombre suffisant d’hôpitaux, de centres de santé et de personnel médical, notamment par le recrutement systématique de jeunes agents de santé publique, pour aider dès maintenant à maîtriser la pandémie ?
Il y a 76 ans, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde a dit « plus jamais ça » à « l’indifférence dépravée », le plus mortel des virus à combattre pour empêcher la propagation incontrôlée de la maladie et de la mort. Ce dont le monde a besoin aujourd’hui, pour faire face à l’ensemble des maladies auxquelles nous pourrions être confrontés, c’est de l’implantation d’un système de santé moderne dans chaque nation, assurant la nourriture, une eau propre et salubre, l’électricité, des logements décents, des installations sanitaires, des routes et autres infrastructures.
Les médecins du monde entier doivent maintenant s’engager pour faire le travail qui n’a pas été fait. Nous devons éduquer les gens pour que la science prenne le pas sur la superstition, que l’espoir vainque le désespoir et que le souci du bien-être de l’humanité tout entière l’emporte sur le souci autodestructeur d’une poignée d’individus. Je demande à la communauté médicale mondiale de se joindre à cet effort.
Dr Joycelyn Elders, ancienne directrice générale de la Santé publique aux Etats-Unis Co-fondatrice du Comité pour la coïncidence des opposés