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21 juillet 2015
A la veille de l’ouverture du sommet des BRICS (des 8 et 9 juillet) à Oufa en Russie, les gouverneurs de la Nouvelle banque de développement (NBD) se réunissaient pour la première fois. En même temps, il était décidé de faire entrer en vigueur au 30 juillet le pool de réserves en devises (CRA), un fonds de 100 milliards de dollars pour protéger les membres contre les fluctuations et les attaques spéculatives.
La NBD, dont le siège est à Shanghai, sera dotée d’un capital initial autorisé de 100 milliards de dollars, et d’un capital souscrit de 50 milliards. Celui-ci sera partagé en parts égales entre ses cinq membres fondateurs. Bien qu’elle doive se consacrer en priorité au développement de l’infrastructure de ses membres, la banque pourra également investir dans des pays tiers.
Le premier président de la banque, Kundapur Varman Kamath, a déclaré à l’agence Spoutnik le 9 juillet que les gouvernements des BRICS devront soumettre des propositions d’investissement, afin que la banque soit en mesure d’accorder ses premiers prêts en avril 2016.
Dans un entretien avec Russia India Report (RIR) le 10 juillet, Kamath a déclaré que les pays en voie de développement disposeront dorénavant de suffisamment de ressources pour financer les projets « bancables ». C’est-à-dire que le projet doit pouvoir garantir un retour sur investissement, mais pas seulement. « Le projet doit également avoir des répercussions sociales, être pertinent de ce point de vue. »
On prévoit que 40 à 50 % des paiements entre pays membres des BRICS se feront bientôt en devises locales.
La NBD souhaite coopérer avec les institutions financières existantes (Banque mondiale, Banque asiatique de développement), a ajouté son vice-président, Zhu Xian, mais « nous ne comptons pas coopérer les yeux fermés. Nous apprendrons d’eux dans certains cas et nous agirons différemment dans d’autres cas ».
Dans les coulisses du sommet, de nombreux accords bilatéraux ont été conclus, notamment dans le domaine du nucléaire entre la Russie et l’Inde, ainsi qu’entre la Russie et l’Afrique du Sud. Autre sujet de discussion important, reflétant l’orientation future des dirigeants des BRICS, la coopération dans la recherche spatiale et aux frontières de la science.
Le sommet des BRICS a été suivi de celui de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dont font partie la Chine, la Russie et les quatre pays d’Asie centrale que sont le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Le président chinois Xi y a présenté la doctrine stratégique sous-tendant la Nouvelle route de la soie promue par son pays.
Ce qui ressort de ce sommet est l’intégration de plus en plus poussée entre les projets et perspectives des BRICS et ceux de l’OCS et de l’Union économique eurasiatique (EAEU), regroupant l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, la Russie et très bientôt le Kirghizistan. Pour le président russe Poutine, les trois organisations peuvent accomplir « une vigoureuse percée économique ». Xi et Poutine ont tous deux déclaré que les trois organisations pourraient constituer le noyau d’un nouvel ordre international.
La déclaration finale des dirigeants des mouvements syndicaux des BRICS, émise le 9 juillet à Oufa, appelle à la croissance économique, tout en rejetant l’austérité dont l’oligarchie européenne est si friande :
Nous ne pouvons accepter les mesures d’austérité, qui ont échoué en Europe et aux Etats-Unis, comme moyen de sortir de la crise. Les revenus doivent être utilisés pour augmenter l’investissement dans le secteur productif, les projets d’infrastructure, la santé, l’éducation, la science et la technologie, la recherche et le développement, la formation professionnelle et l’amélioration des compétences. L’investissement doit être utilisé pour créer des emplois décents et augmenter les salaires. Les inégalités chroniques, qui subsistent de longue date et vont en s’intensifiant, ne découlent aucunement de lois naturelles de l’économie. Elles ont été produites par les politiques mises en œuvre, et elles peuvent être surmontées si ces politiques sont abandonnées, dans l’intérêt de la grande majorité des citoyens.
Cette déclaration souligne également l’importance des nouvelles institutions des BRICS, notant : « Pour l’acquisition d’une indépendance souveraine à l’égard du système de Bretton Woods en faillite, les membres des BRICS peuvent s’appuyer pleinement sur la Nouvelle banque de développement des BRICS et le Pool de réserves en devises, dont les moyens globaux (200 milliards de dollars) sont égaux à ceux du FMI. »