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Une initiative de paix pour l’Ukraine qui coupe l’herbe sous le pied de l’OTAN

3 mars 2023

Comme annoncé lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, la Chine a présenté une proposition pour la paix en Ukraine, se distinguant ainsi des pays occidentaux.

La Chine a publié le 24 février sa proposition pour résoudre le conflit en Ukraine, qui avait été annoncée par le haut diplomate Wang Yi lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, des 17 au 19 février, et discutée avec divers dirigeants lors de son voyage en Europe. Le court document en 12 points, intitulé Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne, présente une alternative sérieuse à l’approche de ceux qui entendent prolonger la guerre « aussi longtemps qu’il le faudra », au risque d’une escalade vers une guerre mondiale nucléaire. Cette initiative confirme également l’intention des dirigeants chinois de jouer un rôle plus actif dans la diplomatie internationale. Voici un résumé des principaux points du plan : https://www.fmprc.gov.cn/fra/zxxx/202302/t20230224_11030718.html

  1. « Respecter la souveraineté de tous les pays ». Le droit international et la Charte des Nations Unies doivent être strictement observés, et « la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties. » (…)
  2. « Renoncer à la mentalité de guerre froide. Les intérêts et préoccupations sécuritaires légitimes des différents pays doivent être pris au sérieux et traités de manière appropriée. Il n’y a pas de solution simple aux problèmes complexes. (…) Il faut s’opposer à ce qu’un pays recherche sa propre sécurité au prix de celle d’autrui, prévenir l’affrontement des blocs et œuvrer ensemble à la paix et à la stabilité sur le continent eurasiatique. » (…)
  3. « Cesser les hostilités ». Toutes les parties doivent soutenir la Russie et l’Ukraine pour « reprendre au plus tôt un dialogue direct, promouvoir progressivement la désescalade de la situation et parvenir finalement à un cessez-le-feu complet. » (…)
  4. « Lancer les pourparlers de paix. Le dialogue et les négociations sont la seule solution viable à la crise ukrainienne. » (…)
  5. « Régler la crise humanitaire. Toute mesure en faveur de l’apaisement de la crise humanitaire doit être encouragée et soutenue. » (…)
  6. « Protéger les civils et les prisonniers de guerre. »
  7. « Préserver la sécurité des centrales nucléaires. » (…)
  8. « Réduire les risques stratégiques. Les armes nucléaires ne doivent pas être utilisées et la guerre nucléaire ne doit pas être menée. Il faut s’opposer à la menace ou l’emploi d’armes nucléaires. » (…)
  9. « Faciliter l’exportation des céréales. Toutes les parties doivent appliquer de manière équilibrée, intégrale et effective l’Initiative céréalière de la mer Noire signée par la Russie, la Turquie, l’Ukraine et l’ONU, et soutenir l’ONU dans ses efforts pour jouer un rôle important à cet égard. »
  10. « Mettre fin aux sanctions unilatérales. Les sanctions unilatérales et la pression maximale n’aident pas à régler les problèmes et ne font qu’en créer de nouveaux. » (…)
  11. « Assurer la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement. » (…)
  12. « Promouvoir la reconstruction post-conflit. (...) La Chine est prête à accorder son assistance et à jouer un rôle constructif à cet égard. »

Réactions internationales à la proposition de la Chine

Des Etats-Unis, le président Biden a rejeté d’emblée l’initiative de Beijing, alléguant qu’elle ne profiterait qu’à la Russie. L’idée que la Chine puisse négocier l’issue d’une guerre est « totalement irrationnelle », a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, l’a qualifiée de simple « document d’intentions », où la Chine « réaffirme ses positions exprimées depuis le début ». Il comporte néanmoins des « éléments intéressants », selon lui. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a souligné que l’UE va l’étudier en sachant que « la Chine a déjà pris parti ».

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré lors d’une conférence de presse en Estonie que « Beijing n’a pas beaucoup de crédibilité ». Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas condamné l’invasion russe. Autrement dit, parce qu’il ne soutient pas la position de l’OTAN.

Quant aux Ukrainiens, le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le gouvernement allait étudier la question, tandis que le président Zelensky s’est dit prêt à se rendre en Chine pour en discuter, bien que, jusqu’à présent, il ait catégoriquement refusé de négocier avec Moscou, sans doute sur ordre du quartier général de l’OTAN.

Le Kremlin a salué les efforts de Beijing, tout en précisant que le gouvernement ne voit aucune possibilité de règlement politique pour le moment. Le président Xi devrait se rendre à Moscou en mars.

Du Brésil, le ministre des Affaires étrangères Mauro Vieira souhaite discuter de ce plan avec son homologue chinois Qin Gang, en marge de la rencontre avec ses homologues du G20 du 1er au 3 mars à New Delhi. En janvier, le président brésilien Lula da Silva avait proposé de réunir un groupe de nations, dont la Chine, pour favoriser une médiation en vue de mettre fin au conflit. Mauro Vieira va remettre cette proposition sur la table à Delhi.

Le président français Emmanuel Macron, qui se rendra en Chine en avril, a déclaré qu’il en discuterait avec Xi Jinping, mais il veut surtout faire pression pour que Beijing condamne l’action de la Russie.

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