« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Déclaration de l’Institut Schiller
2 novembre 2023
Partout dans le monde, des manifestations ont lieu pour exprimer l’indignation et la colère face au génocide qui se déroule à Gaza. En dépit de cela, rien ne bouge réellement et, pire que tout, les pays occidentaux rejettent les appels à un cessez-le-feu, au risque de perdre le reste de crédibilité qui leur restait encore face au reste du monde. Surtout, l’absence d’une solution juste pour la Palestine, ne peut qu’accélérer le risque de guerre mondiale.
Version mise à jour le 10 novembre
Le nettoyage ethnique de la Bande de Gaza auquel se livre le régime de Benjamin Netanyahou n’est pas seulement un crime de guerre contre les Palestiniens, c’est un crime contre l’Humanité et contre le Droit international.
Les déclarations incendiaires du Premier ministre israélien et de son gouvernement, que personne dans le monde occidental n’ose réellement remettre en cause, témoignent d’une fuite en avant suicidaire. Elles sont l’expression d’une politique manipulatrice et de rejet de l’autre ayant créé les conditions des terribles massacres de civils et des prises d’otage du 7 octobre par le Hamas. Le soutien que les pays occidentaux accordent au gouvernement de Benjamin Netanyahou, alors même que l’opinion israélienne est de plus en plus divisée sur la guerre de destruction dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenu Gaza, font de nous des complices par servitude volontaire. De nombreux responsables du Quai d’Orsay remettent eux-mêmes en cause la partialité dont fait preuve notre gouvernement.
Ceci est d’autant plus intolérable que nos pays se sont toujours enorgueillis non seulement de défendre le Droit international, mais d’en formuler et d’en définir les fondements, le périmètre, l’interprétation et les applications. Le soutien implicite à sa violation la plus brutale en signe, de facto, la fin et celle de toute crédibilité pour ceux qui violent, ou laissent sciemment violer, les lois qu’ils ont eux-mêmes édictées.
Comme le déclare Craig Mokhiber, le directeur du bureau des Droits de l’homme des Nations unies, qui vient de démissionner, à propos des combats à Gaza :
Il s’agit d’un cas typique de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cette horrible agression. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles « d’assurer le respect » des conventions de Genève, mais ils arment en fait activement l’assaut, fournissent un soutien économique et en matière de renseignement, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël.
Ce qui se déroule en Palestine est effectivement la conséquence de près de deux siècles de visées coloniales dans la région, amorcées dès 1840 en Europe, concrétisées par le funeste accord Sykes-Picot passé en 1916 entre la France et l’Angleterre, avant d’être adopté par les Etats-Unis en vue de se partager les dépouilles de l’Empire ottoman et de contrôler une région stratégique.
De ce point de vue, la tragédie que vivent les Palestiniens, l’impasse dans laquelle sont poussés les Israéliens, s’inscrivent, faute de volonté politique sérieuse, dans un scénario qui était malheureusement prévisible. Elles signalent qu’un point de non-retour est sur le point d’être franchi, qui pourrait être fatal pour l’Humanité.
Nous, citoyens européens de toutes confessions et de tous horizons, dont les nations respectives ont tant contribué au monde, luttons pour que le monde occidental revienne à la raison et coopère avec les autres pays, en particulier avec le Sud-planétaire. Nous savons que même à cette heure tardive, il est encore possible de mobiliser le meilleur de nous-mêmes, le meilleur de nos pays, pour bâtir la paix, en dépit des provocations constantes du parti de la guerre qui, depuis ses confortables bureaux, s’emploie à pousser les peuples à s’entretuer.
Surtout, nous ne pouvons admettre que des gouvernements qui, pour la plupart, sont de plus en plus contestés par leurs propres citoyens, agissent contre les principes qui fondent notre Humanité commune, contre le Droit international et, in fine, contre nos intérêts fondamentaux.
Conscients que nous sommes face au dernier avertissement avant que l’histoire ne sonne le glas du monde occidental, nous adjurons nos dirigeants d’avoir le courage de changer d’axiomes et de s’opposer à l’irréparable.