« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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9 septembre 2024
La réunion de la Coalition internationale pour la paix (CIP) a réuni le 6 septembre un groupe d’experts scientifiques, militaires et politiques de haut niveau qui ont abordé les différents aspects de la folie des dirigeants américains et européens engagés dans ce que le colonel Larry Wilkerson a décrit avec justesse comme la politique suicidaire consistant à « crier au chaos et à lacher les chiens de guerre ».
Helga Zepp-LaRouche, fondatrice de l’Institut Schiller, a ouvert la séance en avertissant que « l’objectif est d’infliger une défaite stratégique à la Russie », ce qui, compte tenu du statut de superpuissance nucléaire de la Russie, est impossible sans déclencher une guerre nucléaire. Elle a souligné le rôle des Britanniques, citant les récentes déclarations de la porte-parole du gouvernement russe, Maria Zakharova, selon lesquelles Londres est à l’origine des attaques de drones et de l’escalade constante de la guerre en Ukraine. Le président Biden a soumis au Congrès un amendement à l’accord de défense mutuelle américano-britannique de 1958, afin de le rendre permanent et de mettre fin à l’obligation de le renouveler tous les dix ans, afin de le rendre « à l’épreuve de Trump ».
Elle a rappelé aux participants la nouvelle doctrine de M. Biden en matière d’armes nucléaires, qui est tellement secrète qu’il n’en existe apparemment pas de version électronique. Des discussions avec des experts militaires nous ont appris que la décision de stationner des missiles en Allemagne avait été prise en 2021. La stratégie de sécurité nationale (NSS) de Trump de 2017 a proclamé pour la première fois que la Russie et la Chine sont des rivaux géopolitiques et a été suivie en 2018 par une stratégie de défense nationale (NDS) visant à moderniser les armes nucléaires. En réponse, la Russie a annoncé l’introduction de nouveaux systèmes d’armes, y compris des missiles hypersoniques. En 2022, l’examen de la politique nucléaire américaine a déclaré que les États-Unis pouvaient utiliser des armes nucléaires pour « défendre leurs intérêts vitaux ». Le ministre britannique de la défense, Mark Lancaster, a proclamé la même chose pour le gouvernement britannique. L’Allemagne, dans une obéissance anticipée typique, a adopté les récents changements de politique intervenus aux États-Unis.
En août 2019, les États-Unis se sont retirés du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Mme Zepp-LaRouche a proposé que les deux parties rétablissent le régime de vérification.
Ted Postol, professeur émérite au MIT et l’un des plus grands experts mondiaux en matière d’armes nucléaires, a ensuite qualifié les récentes améliorations apportées par les États-Unis à leurs systèmes d’armes nucléaires de « forces de frappe préventive rapide ». Les États-Unis ont produit, à grands frais, des armes munies de « super détonateurs », conçues pour détruire préventivement les missiles basés dans des silos. Cette approche n’est envisageable que si l’on prévoit de mener et de gagner une guerre nucléaire, un état d’esprit totalement délirant dans la mesure où tout officier russe serait forcé de conclure que les États-Unis ont l’intention d’attaquer.
Le colonel Larry Wilkerson, chef de cabinet du secrétaire d’État américain de l’époque, Colin Powell, est ensuite intervenu avec des paroles particulièrement lourdes et en reprenant l’allégorie de Shakepeare dans sa pièce Jules César lorsqu’il évoque comment les chiens de guerre ont été lâchés. Pour illustrer ses propos, il est revenu sur les discussions avec Powell touchant à la stratégie de sécurité nationale de 2002, au sujet de laquelle Wilkerson avait lancé l’avertissement suivant : « Vous réalisez que cela signifie que nous sommes au sommet de la montagne, patron ? La guerre froide nous a placés là, parce que nous l’avons gagnée. Nous sommes au sommet de la montagne et si nous voyons quelque chose s’agiter au pied de la montagne - une souris, un rat, un castor - peu importe ses intentions et ses capacités (Les deux choses que vous devez examiner lorsque vous évaluez un ennemi ou un ennemi potentiel), nous le tuerons. (...) Nous allons nous laisser piéger dans quelque chose qui est d’abord conventionnel ... une fois que nous commencerons à perdre - ce qui ne manquera pas d’arriver - nous aurons recours aux armes nucléaires. »
C’était la première fois, depuis la guerre froide, qu’il entendait des officiers de haut rang parler de l’utilité des armes nucléaires, par ailleurs très lucratives pour les entreprises de défense. En 1991-1992, lorsque les États-Unis et la Russie détruisaient des armes nucléaires, il a constaté que les dirigeants du complexe militaro-industriel avaient « la trouille au ventre ».
Wilfried Schreiber (ret.), chercheur principal à l’Institut WeltTrends pour la politique internationale à Potsdam, né à Dresde, a rapporté que selon les historiens militaires, Dresde devait être l’une des premières cibles d’une bombe nucléaire américaine. La guerre s’est terminée avant que cela ne se produise. La menace d’une guerre nucléaire est aujourd’hui réapparue, plus présente que jamais. En acceptant sur son sol l’installation des systèmes américains de missiles nucléaires, l’Allemagne prend plus de risques que n’importe quel autre pays. Si l’on suit la logique militaire, les endroits où ces systèmes avancés sont stationnés sont les cibles les plus immédites. La décision unilatérale du chancelier d’accepter ces missiles signifie que la démocratie allemande a échoué.
Le lieutenant-colonel Ralph Bosshard (ret.) des forces armées suisses, consultant en affaires militaro-stratégiques, a comparé la décision de Biden et Scholz de stationner des missiles en Allemagne à ce que le chancelier Helmut Schmidt avait fait en 1979, acceptant de stationner des missiles Pershing II tout en poursuivant les négociations qui ont abouti au traité FNI. MM. Biden et Scholz, quant à eux, veulent stationner des missiles sans négocier. M. Bosshard a déclaré que ce qu’il appelle les « frappes de décapitation », comme la campagne « choc et stupeur » en Irak, ont affaibli la Charte des Nations unies. « L’OTAN n’est rien d’autre qu’un havre de sécurité derrière lequel les puissances occidentales poursuivent leurs ambitions géopolitiques (...) L’Europe devrait apprendre sa leçon et ne pas enchaîner son destin inconditionnellement aux acteurs mondiaux ».
Helga Zepp-LaRouche a réagit chaleureusement aux propos de son compatriote, le professeur Schreiber, en soulignant qu’il « a touché ce qu’il y a dans le cœur de beaucoup de gens en Allemagne » et qu’à l’époque des armes thermonucléaires, la guerre est devenue si barbare qu’elle doit être proscrite.
Jose Vega, candidat au Congrès de New York, a demandé au colonel Wilkerson si un membre du département d’État ou d’autres agences pouvait jouer le même rôle que Daniel Ellsberg, qui a révélé des projets d’utilisation d’armes nucléaires contre la Chine. Wilkerson a répondu qu’Ellsberg « était un héros par excellence ». Il a ajouté que les États-Unis sont « le seul pays de la planète qui divise le monde en fiefs et place un général quatre étoiles à la tête de chaque fief ». Les remarques du secrétaire d’État Blinken sur le caractère sacré des frontières sont le comble de l’hypocrisie.
M. Postol a ajouté que la planification d’une guerre nucléaire se fait de manière ritualisée, par des personnes qui n’ont aucune connaissance des effets physiques réels des armes nucléaires. Les effets secondaires, tels que les grandes tempêtes de feu, ne sont pas pris en compte dans la planification. « Les effets physiques de base ne sont même pas pris en compte », a-t-il déclaré. En réponse, M. Wilkerson a déclaré : « Mon expérience de 31 ans de service militaire est que j’ai plus peur des dirigeants civils que des militaires », ce à quoi Postol a répondu du tac au tac : « Moi aussi ! ».
L’ambassadeur Jack Matlock, spécialiste de l’histoire et de la culture russes, qui a été choisi par le président Reagan en 1987 pour occuper le poste crucial d’ambassadeur en Union soviétique, a passé en revue ce qui a suivi la disparition de l’URSS. Le secrétaire d’État James Baker et ses homologues ont donné à Gorbatchev l’assurance qu’il n’y aurait pas d’expansion de l’OTAN - pas un pouce. Mais pour la Russie, le problème n’est pas l’expansion de l’OTAN, mais l’installation de bases américaines ou de l’OTAN dans ces pays. La décision des puissances occidentales d’interférer dans la politique de l’Ukraine a également été particulièrement provocatrice.
Donald Ramotar, ancien président du Guyana, a professé son admiration pour Jack Matlock et lui a demandé : « Quelle part de cette situation attribuez-vous à la détérioration du leadership en Occident ? » M. Matlock a répondu que la préférence pour les solutions militaires à tous les problèmes constituait un problème majeur. M. Ramotar a poursuivi en disant que le monde est actuellement divisé en deux blocs : les anciennes puissances coloniales qui tentent de maintenir leur domination, et le Sud. Il a approuvé la proposition de Mme Zepp-LaRouche de créer un Conseil de la raison pour sortir de ce piège.
En conclusion, Mme Zepp-LaRouche a demandé aux participants de partager largement ce qui avait été discuté lors de la réunion et de descendre dans la rue lors des prochaines manifestations. Elle a exhorté les États-Unis à « arrêter les absurdités géopolitiques » et à collaborer avec les pays du Sud. « Il faut trouver des solutions, car si nous nous contentons de protester contre les aspects négatifs, cela ne suffira pas. »