« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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Appel urgent au Président Clinton pour la convocation d’un nouveau Bretton Woods

15 février 1997

Cet appel a été publié pour la première fois en 1997 et a été signé par des milliers de personnalités de tous les horizons, d’anciens chefs d’Etats, ministres, parlementaires, syndicalistes, entrepreneurs, élus locaux, personnalités religieuses, militaires et bien d’autres.

A l’exception de la Chine, l’économie mondiale fait face à l’effondrement de plus en plus rapide de ses capacités de production et à la montée vertigineuse du chômage. Partout s’amorce un processus de grève politique de masse qui secoue les fondements de nombreux gouvernements et institutions sociales.

L’éclatement désormais inévitable de la « bulle spéculative » des produits dérivés ou tout autre crise politique majeure risquent de déclencher un enchaînement de krachs boursiers et de crises bancaires dans de nombreux pays, menant, en l’espace de quelques jours, à l’anéantissement du système monétaire international. Les conséquences politiques, sociales et militaires qu’entraînerait un effondrement systémique sont incalculables.

Entre-temps, la politique de « réformes » imposée par le FMI dans l’ancienne Union soviétique y a engendré une chute vertigineuse de la production, un désastre démographique et une criminalisation sans précédent de la société, catastrophe encore plus rapide et plus brutale que celle déjà subie par l’Afrique et l’Amérique latine. Faute de changer de politique internationale, des pays entiers risquent d’être rayés de la carte, comme cela se produit déjà en Afrique. La situation actuelle en Bulgarie et en Albanie montre que même les pays européens peuvent sombrer, en très peu de temps, dans un nouvel âge des ténèbres. En Allemagne, le chômage réel atteint le même niveau que lorsque Hitler prit le pouvoir.

Ainsi, les gouvernements, les parlementaires et les dirigeants de nombreuses organisations sociales se trouvent devant un dilemme inacceptable : si nous voulons respecter les conditions du traité de Maastricht ou les stipulations de la loi sur l’équilibre budgétaire aux Etats-Unis, nous serons obligés de prendre des mesures contraires aux intérêts vitaux des peuples que nous représentons. Cependant, les institutions financières internationales n’ont pas le droit d’exiger de chacun de nos concitoyens une « livre de chair » en paiement de leur dette.

La Déclaration d’indépendance américaine, signée ne 1776, affirme : « Lorsque, dans le cours des événements humains, un peuple se voit dans la nécessité de rompre les liens politiques qui l’unissent à un autre, et de prendre parmi les puissances de la terre le rang égal et distinct auquel les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, un juste respect de l’opinion des hommes exige qu’il déclare les causes qui l’on poussé à cette séparation. »

Dans ce même esprit, nous déclarons que, non pour « un seul » peuple, mais pour « tous » les peuples du monde, il est devenu nécessaire de rompre les liens non pas politiques mais financiers qui les asservissent aux institutions financières aujourd’hui hégémoniques.

Dans cette même déclaration, il est dit : « Mais lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, invariablement tendus vers le même but, marque le dessein de les soumettre à un despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de renverser le gouvernement qui s’en rend coupable, et de rechercher de nouvelles sauvegardes pour leur sécurité future. » Une telle situation existe désormais et menace de plonger toute la civilisation humaine dans le chaos et la barbarie.

En foi de quoi nous vous appelons, Monsieur Clinton, fort des pouvoirs que vous confère la présidence des Etats-Unis, à convoquer d’urgence une nouvelle conférence internationale de Bretton Woods destinée à remplacer le système monétaire actuel en faillite par un nouveau. Seuls une réorganisation globale de la dette, l’instauration de taux de change fixes et de nouveaux accords sur le commerce et les droits de douane, permettront de parvenir à la stabilité dans les relations économiques et financières mondiales nécessaire à un retour à la croissance économique.

En outre, il est indispensable que chaque gouvernement souverain dispose du droit exclusif à émettre de la monnaie et du crédit et que, dans la tradition des programmes adoptés par le président Franklin Roosevelt pour sortir les Etats-Unis de la grande crise, il ouvre des lignes de crédit à long terme et à bas taux d’intérêt en faveur d’investissements à grande échelle dans l’infrastructure, l’industrie et l’agriculture.

L’esquisse d’un nouveau système économique mondial prend déjà forme. Suivant l’initiative du gouvernement chinois, de nombreux pays asiatiques se sont lancés dans la construction d’un nouveau « pont terrestre eurasiatique » qui vise à l’intégration économique de toute l’eurasie. A partir de là, une liaison peut être créée à l’Est avec les Etats-Unis à travers le détroit de Bering, et une autre à l’Ouest avec l’Afrique en passant par le Proche Orient, apportant le développement économique et la prospérité à toutes les régions du monde actuellement isolées.

Au coeur de ce programme de reconstruction globale doit se trouver ce que l’économiste américain Lyndon LaRouche appelle le « principe De la machine-outil ». Suivant ce principe, la seule source de richesse de la société, sur laquelle se fonde l’économie, est la raison créatrice de l’individu. C’est la capacité de formuler sans discontinuer les hypothèses adéquates sur les lois de la nature qui mène au progrès scientifique et technique. Ces découvertes sont appliquées à la production sous forme de nouvelles machines-outils plus perfectionnées et permettent d’élever la qualification du travail humain, ce qui fait augmenter à son tour la productivité générale. C’est pourquoi le processus de reconstruction économique doit donner une priorité absolue à l’éducation universelle classique ainsi qu’au renforcement des pouvoirs créateurs de l’individu.

La mise en oeuvre du pont terrestre eurasiatique, conçu comme pierre angulaire pour d’autres programmes d’infrastructure et d’industrialisation en Afrique, en Australie et dans les deux Amériques, constitue la seule façon d’apporter la paix et la stabilité, par le développement, à toutes les régions du monde. Une telle politique correspond donc à l’impératif stratégique de sécurité nationale des Etats-Unis. Elle se situe en même temps dans la tradition de la communauté de principes entre nations voulues par les Pères fondateurs de la République américaine.

Nous vous adressons donc un appel pressant afin que vous preniez les mesures nécessaires pour que votre présidence ne soit pas le début d’un nouvel âge des ténèbres, mais l’aube d’une nouvelle Renaissance de l’humanité.

Natalya Vitrenko,
membre du Parlement Ukrainien

Helga Zepp-LaRouche
fondatrice de l’Institut Schiller international

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