Les USA ont ouvert la boîte de Pandore #108

Helga Zepp-LaRouche a ouvert la séance en faisant le point sur la guerre en Iran et en revenant sur les proclamations triomphantes du président Trump, qui affirmait qu’« il est très probable que les Iraniens aient prévu ce qui allait se passer » et aient retiré les équipements et les matériaux des sites visés avant qu’ils ne soient bombardés. Elle a accusé « l’Agence internationale de l’énergie atomique d’avoir, pour l’instant, perdu toute crédibilité », en contribuant à créer un environnement favorable à ceux qui souhaitaient une attaque contre l’Iran. Une enquête sur l’entreprise Palantir et l’utilisation de l’IA dans cette opération est également nécessaire. Le préjudice causé au droit international par cette guerre d’agression est gravissime, et pourrait inciter d’autres nations à commettre des actes similaires. Opposant l’agitation médiatique autour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie aux vantardises de Trump concernant son attaque contre l’Iran, Helga Zepp-LaRouche a déclaré : « Il est évident pour le monde entier que ce double standard existe... L’anarchie règne désormais. »

A propos de son pays natal, l’Allemagne, elle s’est dite consternée par la déclaration du chancelier Merz selon laquelle « Israël fait le sale boulot pour nous tous ». « Cela révèle la mentalité coloniale ou néocoloniale de Merz », a-t-elle observé. Enfin, elle a souligné que l’appel du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en faveur d’une nouvelle architecture stratégique internationale, revêtait une importance cruciale.

L’ancien membre du Congrès américain et candidat à la présidence Dennis Kucinich, abondant dans le même sens, a déclaré : « Nous devons reconnaître que l’architecture de sécurité actuellement en place a été détruite ». Il a qualifié la volonté des néoconservateurs de changer le régime en Iran de « fantaisie » qui nécessiterait une invasion avec deux millions de soldats et le retour à la conscription aux États-Unis. « Le recours effréné à l’armée est actuellement un défi pour les États-Unis », a-t-il déclaré. Faisant écho à Mme Zepp-LaRouche, il a ajouté que « l’Occident continue de recourir à ses vieilles ruses coloniales ».

Kucinich a décrit la situation comme très dangereuse, mais également pleine d’un grand potentiel positif.

Graham Fuller, ancien diplomate américain, responsable au sein de la CIA et spécialiste de l’islam, a présenté sa propre analyse de la guerre contre l’Iran, affirmant qu’il s’agissait d’une « grave perte pour Israël ». Israël prétend depuis 25 ans que l’Iran est sur le point de se doter de l’arme nucléaire, mais désormais, « Netanyahou ne pourra plus semer la peur sur cette question ». L’armée israélienne pensait pouvoir agir en toute impunité ; mais ne s’attendait pas à ce que l’Iran riposte avec autant de force. « L’idée même de l’invulnérabilité d’Israël a été remise en question », a déclaré Fuller, ajoutant que « l’illusion qui fait d’Israël le porte-avions insubmersible des États-Unis a été brisée ».

Les États-Unis ont depuis longtemps tenté d’exploiter les conflits entre sunnites et chiites, mais ont été devancés par la diplomatie chinoise, qui a réussi à réconcilier l’Iran et l’Arabie Saoudite. L’ensemble du golfe Persique a soutenu l’Iran dans cette récente guerre. Selon Fuller, la réponse de l’Iran à l’attaque sauvage des États-Unis a été « extraordinairement modérée », ce qui est plutôt source d’optimisme, ajoutant : « Trump a prouvé sa virilité… peut-être pense-t-il maintenant qu’il peut prendre du recul et tenter une approche diplomatique pour rechercher un rapprochement avec l’Iran ».

Une autre raison d’être optimiste est la victoire de Zohran Mamdani aux élections municipales de New York, où l’on voit peut-être les prémices d’un monde qui n’est plus dominé par le colonialisme de peuplement.

Mossi Raz, ancien membre de la Knesset, le parlement israélien, et ancien directeur général de Peace Now, a estimé que nous ne connaissons pas les conséquences d’une guerre contre l’Iran, mais que cela n’a pas vraiment d’importance. Ce qui importe, c’est qu’il y ait un accord politique pour une paix durable.

Pour Mossi Raz, une solution à deux États est également nécessaire, car « les Israéliens ne seront pas en sécurité si lesPalestiniens ne le sont pas ». Il a rendu compte d’une importante discussion préliminaire à laquelle il a participé avant la réunion des Nations unies pour la solution à deux États pour la Palestine, qui sera bientôt reprogrammée. M. Raz a décrit comment des centaines de Palestiniens et d’Israéliens se sont réunis pour discuter de cette opportunité.

En réponse, Mme Zepp-LaRouche a exprimé son inquiétude quant à ce qui se passera lorsque les
événements contrediront les fanfaronnades de Trump. Elle craint que les néoconservateurs ne fassent pression pour une reprise de la guerre. Elle a mis en garde contre l’utilisation incontrôlée de l’IA à des fins militaires, qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles. L’IA est une technologie comme une autre, qui peut être utilisée à de bonnes ou mauvaises fins, mais nous devons nous concentrer sur le caractère moral des personnes qui l’utilisent a-t-elle ajouté. Nous devons convaincre les dirigeants américains et européens de se joindre à la majorité mondiale et de « mettre fin à l’idée géopolitique de domination ».

Carolina Domínguez, de l’Organisation LaRouche présente au Mexique, a quant à elle décrit une conférence prévue dans une importante université, où sera discuté du plan Oasis et de la perspective du mouvement pour la paix par le développement. Elle a décrit une approche qu’elle a appelée « classrooming », dans laquelle les organisateurs se rendent dans les salles de classe et demandent au professeur une minute pour informer les étudiants de la crise stratégique, puis les rencontrent à l’extérieur pour des discussions plus approfondies. Elle a aussi annoncé que leur chorale présentera un spectacle de musique classique lors de la prochaine conférence Schiller, afin de répondre au besoin « d’ennoblir l’âme de la population » pour parvenir à la paix.

Kynan Thistlethwaite a rendu compte depuis la France, et nastasia Battle depuis l’Allemagne, de la ’Brigade John Quincy Adams’, une équipe composée de jeunes Américains qui s’organisent en Europe pour préparer la conférence de Berlin de l’Institut Schiller les 12 et 13 juillet.

De leur côté, Tim Rush et Jose Vega ont rendu compte des activités d’organisation aux États-Unis. Des rapports ont également été présentés par le Danemark, la Suède et d’autres pays.

Lors des échanges avec les participants, une question inhabituelle a été posée aux panélistes : si les poursuites pénales engagées contre Netanyahou en Israël pouvaient être annulées, comme le demande Trump, cela réduirait-il sa motivation à déclencher des guerres régionales ? Dennis Small a répondu, déclarant que nous devons examiner les forces qui agissent en coulisses, illustrées par le document « Clean Break » publié en 1996 à l’intention du Premier ministre Netanyahou, alors nouvellement élu, par les néoconservateurs américains après l’assassinat d’Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995. Fuller a ajouté que ceux qui suivent de près la situation savent que Netanyahou n’est même pas le politicien le plus meurtrier de l’establishment israélien.

Helga Zepp-LaRouche a aussi évoqué sa participation à une récente conférence en Espagne, y voyant une contribution encourageante de la jeunesse, et la représentation de nombreux pays et cultures. En réponse à une question sur l’impulsion économique de la guerre, elle a déclaré : « Tant que les gens tenteront de résoudre leur dette par la guerre, nous serons sur la voie de la catastrophe. »

Eric Rubin, de l’International Legal Forum, une ONG indépendante basée en Israël, a témoigné des activités de son groupe visant à activer la résolution 377 des Nations unies (Unis pour la paix) afin de contourner le veto américain au Conseil de sécurité. Il a déclaré que la seule façon de mettre fin aux atrocités commises contre les Palestiniens est d’envoyer des troupes de l’ONU de maintien de la paix dans les territoires occupés. Leur site web est accessible ici : https://www.ilfngo.org/.

En conclusion, Mme Zepp-LaRouche a déclaré : « Je suis absolument certaine que nous ne sortirons de cette situation vraiment déplorable qu’en mobilisant les meilleures visions de ce que l’humanité a en potentiel d’épanouissement. » Revenant sur sa participation à la conférence de Madrid du 25 juin, elle a rapporté que des personnes d’horizons totalement différents ont toutes déclaré que ce dont nous avons besoin, c’est d’amour pour l’humanité. Les idées de Schiller, selon lesquelles les gens ont la capacité de devenir de belles âmes, sont la vocation naturelle de l’homme. Le dixième principe, et peut-être le plus controversé, de ses dix principes pour une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement, est que l’homme est bon par nature. Nous devrions avoir de la compassion pour les « pauvres en esprit », ces malheureux qui pensent qu’il nous faudrait « une bonne guerre ».