« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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9 février 2018
Face au nombre croissant de pays et d’entreprises qui rejoignent l’Initiative une ceinture, une route (ICR) et aux avantages évidents qu’offre le « modèle de développement chinois » pour les pays en voie de développement, les attaques contre la Chine en Occident se font de plus en plus hystériques. On l’a vu lors de la conférence sur la sécurité internationale à Munich, et davantage encore dans de récentes auditions au Congrès américain.
Toutefois, même certains partisans acharnés du libéralisme occidental commencent à reconnaître, certes à contrecœur, que le modèle chinois de développement économique fonctionne vraiment ! Pour ne citer qu’un exemple, cet article de Michael Schumann, paru le 29 janvier dans Bloomberg Business Week sous le titre : « Et si la Chine échappait aux lois de la science économique ? » Le sous-titre en dit long : « Les décisionnaires politiques de Beijing semblent faire beaucoup de choses correctement, et cela risque de renverser une bonne partie de la doctrine économique fondamentale, notamment notre foi en la puissance du libre-marché ».
Récemment, écrit Schuman, « ma foi en ce corpus de sagesse accumulée [sur l’économie] a été sérieusement ébranlée. Par la Chine. Plus j’applique mes règles économiques à la Chine, plus elles paraissent bancales. Suivant mes maximes, la Chine devrait se trouver enlisée dans une croissance chétive, voire même aux prises avec une crise financière. Mais de toute évidence, ce n’est pas le cas. En fait, une grande partie de ce qui se passe actuellement dans ce pays va à l’encontre de ce que nous savons – ou pensons savoir – de l’économie.
« Simplement parlant, si les décideurs politiques de Beijing ont raison, cela signifie que les bases de notre pensée économique sont en grande partie erronées – en particulier notre confiance absolue dans le pouvoir du libre marché, notre inébranlable parti pris contre toute intervention de l’État et nos idées sur la promotion de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. (…) Si ça continue comme ça, nous devrons admettre que la Chine a trouvé un moyen de coordonner l’action de l’État avec juste ce qu’il faut d’influence des marchés, afin de parvenir à des résultats positifs qu’une économie plus ouverte n’aurait peut-être pas pu obtenir. Peut-être la Chine est-elle réellement en train de redéfinir le capitalisme. »
« Pourtant, à mesure que la Chine avance, on ne peut plus écarter la possibilité de la voir réécrire les règles. Les décideurs politiques de Beijing se contentent d’ignorer ce que la plupart des économistes leur conseilleraient de faire à ce stade de son développement. Et jusqu’à présent, ils s’en sortent plutôt bien. »
En réalité, la Chine n’est pas en train de réécrire les lois. Non seulement elle ne fait qu’appliquer les principes fondamentaux du « Système américain de politique économique » élaborés par le premier Secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Alexander Hamilton, au centre des conception économiques défendues par Lyndon LaRouche dans sa science de l’économie physique, mais elle a étudié et repris à son compte le système économique français d’économie dirigée avec, notamment, le concept de planification indicative. Au moment, où des dirigeants politiques serviles abandonnaient chez nous un système qui avait assuré la prospérité de la France, la Chine le mettait en œuvre chez elle. Dans tous les pays, quelques que soient les époques, où ont été appliquées les mêmes règles d’investissements publics dans l’infrastructure et la production, il en a résulté une même croissance phénoménale. Ce système est le strict opposé du système de l’« empire britannique », consistant à piller les ressources au dehors tout en plongeant, à force d’exploitation, sa propre population dans la misère.
Suprême ironie de l’histoire : aujourd’hui, ce sont l’Union européenne et les Etats-Unis qui ont adopté cette politique impériale unipolaire, alors que la Chine a opté pour le système originellement associé à la France et l’Amérique. Ce système est au cœur du programme économique que l’Institut Schiller promeut depuis des décennies à l’échelle mondiale.