« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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30 juin 2019
Onze ans après la débâcle financière de 2008, Deutsche Bank persiste et signe dans ses égarements : elle s’accroche au monde parallèle des produits dérivés, plutôt que de retourner au financement de l’économie réelle. Résultat : le cours de son action a dévissé de 107 euros en 2008 à 6 euros aujourd’hui. Et si sa capitalisation se limite à 18 milliards d’euros, elle traîne une bulle spéculative de 43 000 milliards d’euros (!).
Les grands patrons de la banque allemande auraient pu éviter la chute libre s’ils avaient écouté les recommandations faites par Lyndon LaRouche en avril 2016 pour une réforme structurelle en profondeur. L’idée était de faire intervenir l’Etat pour consolider la création d’une nouvelle banque dédiée à des prêts pour des projets dans l’économie physique, tout en séparant et gelant comptablement les agrégats monétaires, le temps nécessaire d’un audit par des experts indépendants pour en déterminer la valeur réelle.
Au lieu de cela, les dirigeants de la Deutsche Bank ont annoncé la semaine dernière la création d’une « bad bank » pour accueillir les quelque 50 milliards d’euros d’actifs toxiques sous forme de dérivés à long terme. Mais cette tactique ne fait que repousser dans le temps la faillite. Et si les investisseurs tombent dans le piège de la « confiance retrouvée » et font artificiellement grimper le cours de l’action, le désastre sera encore plus grand. Ce ne serait que du temps perdu supplémentaire pour une vraie restructuration.
Comme l’économiste allemand Marc Friedrich l’a souligné, si Deutsche Bank s’écroule, cela ferait passer le crash de Lehman Brothers pour une partie de plaisir.
A ce point-ci, la banque est « trop grosse pour ne pas faire faillite ». Elle doit sortir du monde de la spéculation effrénée, au lieu d’entreprendre une « révision » de son métier de vente de titres américains (courtage et dérivés), ce qui pourrait se traduire par d’importantes suppressions d’emplois au Royaume-Uni, où 8500 personnes sont employées par la banque, et aux Etats-Unis, où ils sont 10 000.
Si Deutsche Bank devait suivre un conseil, ce serait celui de poursuivre les accords de coopération du type qu’elle a signé avec la China Construction Bank, prévoyant l’investissement de trois milliards d’euros dans le financement de projets des Nouvelles Routes de la soie. Si les grands patrons de la banque s’en tiennent à leur « bad bank » en annonçant le plan de restructuration fin juillet, on devrait bientôt rebaptiser la banque « Lemming Brothers ».