« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

Accueil > Notre action > Conférences > Sans développement de toutes les nations, pas de paix possible sur notre planète

Visio-conférence internationale des 15 et 16 avril 2023

Hiroshima et Nagasaki n’appartiennent pas au passé

1ère session

12 mai 2023

Message d’Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la paix 1980, transmis à la conférence de l’Institut Schiller par Juan Carrero.

Bonjour à tous. Je m’appelle Juan Carrero, président de la petite fondation S’Olivar, basée à Majorque, en Espagne. Aujourd’hui, j’ai reçu un double honneur. Le premier est celui de vous transmettre un message d’Adolfo Pérez Esquivel, notre cher compagnon et professeur depuis un demi-siècle dans le mouvement de la non-violence, qui, en tant que président international du SERPAJ, le Service de la paix et de la justice, a accompagné les peuples sur le chemin de la justice et de la paix.

La valeur de ses efforts en Amérique latine a été justement reconnue en 1980 par le prix Nobel de la paix ; c’était une autre époque pour l’Institut Nobel et le Parlement norvégien.

Depuis, sa générosité n’a fait que croître. Aucune cause mondiale ne l’a laissé indifférent. Parmi ses nombreux engagements internationaux, il nous a toujours soutenus avec énergie dans nos efforts pour la paix, la justice, la vérité et la réconciliation au Rwanda et en République démocratique du Congo, théâtre des plus grands massacres depuis la Seconde Guerre mondiale.

Pour soutenir nos efforts, il m’a même proposé durant plusieurs années pour le prix Nobel de la paix, faisant ainsi de moi, avec son soutien, le candidat espagnol le plus soutenu de tous les temps : du soutien unanime du parlement espagnol à celui de milliers d’institutions, de personnalités et d’organisations.

Avec Lanza del Vasto, le disciple européen direct du Mahatma Gandhi, Adolfo a été pour mon épouse Susana et moi-même le lien qui nous a unis indissolublement et pour toujours au Mahatma Gandhi et à Martin Luther King. Pour nous, ils sont tous deux une présence vivante qui nous émeut toujours profondément et agit dans notre vie d’une manière étonnante et efficace.

Le deuxième honneur auquel j’ai fait allusion est celui de communiquer le message d’Adolfo à un événement aussi important que cette conférence de l’Institut Schiller.

Voici donc le message d’Adolfo [Pérez Esquivel] pour et en faveur de cette conférence, message qu’il a voulu vous transmettre à tous par mon intermédiaire :

« Je te charge, Juan, de ce message de paix et de bonté dont le monde a tant besoin en ces temps d’incertitude. Un monde qui doit tout faire pour éviter une nouvelle guerre, nucléaire cette fois. »Ce que je peux apporter à cette conférence de l’Institut Schiller, c’est mon appel aux Nations unies pour qu’elles se lèvent courageusement et invitent les peuples du monde à résister pour mettre fin à la guerre, cessant ainsi d’être la marionnette des grandes puissances.

« Le monde est au bord de la folie à cause de dirigeants qui font passer leurs intérêts politiques, économiques et stratégiques de domination avant la vie. »Nous sommes à un point d’inflexion, de changements dramatiques et décisifs dans le monde, avec un coût élevé en vies humaines, famine, maladies et destruction de la Terre Mère.

« Les appels à construire la paix sont nombreux : de la voix du pape François à celles de personnalités et de gouvernements, en passant par la clameur des peuples. Nous joignons quotidiennement nos voix à celles qui réclament la paix. »Nous devons parvenir à une solution politique, mais surtout humanitaire, afin de mettre un terme aux multiples guerres déclenchées dans le monde. Nombre d’entre elles sont passées sous silence, comme celles, entre autres, qui se déroulent en Israël et en Palestine, en Arménie et dans divers pays d’Afrique.

« Quant à la guerre en Ukraine, si dangereuse pour l’humanité tout entière, il existe plusieurs propositions pour parvenir à un dialogue constructif et y mettre un terme. »Malheureusement, les seigneurs de la guerre ne veulent rien entendre et continuent d’augmenter leurs livraisons d’armes et d’argent à l’Ukraine, alimentant ainsi le conflit.

« C’est une guerre provoquée par de grandes puissances comme les États-Unis, par l’OTAN et par des intérêts stratégiques et politiques qui souhaitent assurer leur hégémonie mondiale. »Le monde change et si nous voulons survivre et sauver notre planète Terre, notre maison commune, nous avons besoin d’un nouveau pacte social de coexistence entre les peuples et la Terre mère.

« Pour y parvenir, il est nécessaire de rétablir cet équilibre qui n’existe plus aujourd’hui, soumettant l’humanité à la violence sociale. »La lucidité, les relations entre les peuples et la spiritualité ont été perdues. Nous faisons face au bannissement de Dieu, à son exil.

« Les Nations Unies sont « une chambre sans écho » dirigée par les Etats-Unis. L’Organisation des Etats américains (OEA) est une organisation coloniale. L’Europe a perdu sa voix et est devenue une enclave coloniale des États-Unis. »Pour exiger une solution négociée aux guerres, il est nécessaire et urgent que les religions, églises, temples, mosquées, synagogues et monastères appellent à des journées de prière et d’action. Les syndicats et les organisations sociales doivent proposer des actions.

« L’UNESCO, les éducateurs, les scientifiques et les professionnels de la communication doivent être présents dans la rébellion des consciences contre la guerre et exiger la PAIX. »Nous devons tous joindre nos voix et nos actions à celles d’autres personnes sur la même voie, avant qu’il ne soit trop tard.

« Nous devons rappeler le passé pour éclairer le présent. Hiroshima et Nagasaki n’appartiennent pas au passé. L’humanité souffre encore des horreurs des camps de concentration, de l’Holocauste, des massacres. »Les grandes puissances menacent d’utiliser l’arme nucléaire. Que pouvons-nous faire ? Crier à ceux qui ne veulent pas entendre ? Crier là où les téléphones et toutes les communications sont coupés ? Ils n’écoutent qu’eux-mêmes.

« Mais nous ne pouvons pas perdre l’espoir qu’un monde différent est possible si nous unissons nos efforts et nos volontés pour parvenir à la paix. Non pas la paix comme une simple absence de guerres et de conflits, mais comme le fruit de la Justice dans les relations fraternelles entre les individus et les Nations. »Pour arrêter la guerre, la rébellion des peuples est nécessaire. Les gouvernements impliqués dans la guerre ont d’autres objectifs et critères pour renforcer leur pouvoir de domination. Pour leurs intérêts personnels, l’être humain ne compte pas.

« Nous devons appeler à une journée mondiale de la rébellion et exiger la fin des guerres, que les armes soient transformées en socs de charrue, comme l’a proclamé le prophète Isaïe il y a des milliers d’années. »L’ONU doit se soulever contre le totalitarisme ambiant et convoquer une Assemblée générale des peuples qui veulent la paix. Elle doit mettre fin aux guerres et à l’hypocrisie des dirigeants. Elle doit adopter son propre Préambule : ’Nous, Peuples du Monde, voulons la Paix.’

« Sauvons la vie de la planète, notre maison commune. Nous ne pouvons pas rester spectateurs, nous devons entreprendre une rébellion des valeurs et de l’esprit pour transformer cette réalité qui accable toute l’humanité. »Juan, tu as toute ma solidarité et mon soutien dans ce défi commun pour atteindre la Paix avec tant de frères et sœurs dans le monde. Je souhaite à tous les participants à la conférence beaucoup de force et d’espoir. Je joins ma voix à celle de l’humanité tout entière. »

Adolfo Pérez Esquivel – Buenos Aires, 11 avril 2023.

Votre message

Notre action

Dans la même rubrique