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Turquie : vers une sortie de l’axe sunnite terroriste ?

19 juillet 2016

Après de longs mois de refus obstiné, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est finalement excusé pour l’avion de chasse russe abattu en novembre dernier par deux F-16 turcs, alors qu’il avait franchi la frontière turco-syrienne pendant 17 secondes seulement. Le volte-face d’Erdogan pourrait refléter un processus permettant de sortir la Turquie de l’alliance destructrice formée avec des forces sunnites, et de rejoindre le « Club des survivants » mis en place par le président Poutine.

Suite à cet acte d’agression flagrant de la part de la Turquie, la Russie avait imposé des sanctions économiques sévères, dont l’interdiction de l’importation de produits agricoles vers la Russie ainsi que des vols charter vers la Turquie. L’agriculture turque a perdu des milliards de dollars et le secteur touristique a subi une chute de 90 % du nombre de touristes russes, qui se chiffrait à 4 millions par an avant les sanctions. En outre, des entreprises turques du bâtiment et du génie civil ont perdu l’un de leurs marchés les plus importants.

Bien plus important, cependant, est l’échec patent de la politique d’Erdogan vis-à-vis des groupes terroristes djihadistes (dont Daech), qu’il avait soutenus dans l’espoir de renverser le gouvernement syrien. Non seulement Bachar el-Assad est encore au pouvoir, grâce à l’intervention aérienne russe, mais la Turquie est elle-même martyrisée aujourd’hui par des attentats organisés avec l’aide de Daech, alors que la rébellion kurde du PKK et ses actes terroristes atteignent une ampleur inédite. Le terrorisme de Daech et du PKK a fait en Turquie plus de 250 morts au cours de cette année.

Le récent bain de sang à l’aéroport international d’Istanbul, provoqué par des terroristes connus, démontre d’une part à quel point il est insensé de refuser de coopérer avec la Russie dans la lutte contre le terrorisme, et d’autre part, la protection explicite accordée par l’Europe à des terroristes se disant antirusses.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Çavusoglu a rencontré le 1er juillet à Sotchi son homologue russe Sergueï Lavrov en marge du Conseil de coopération économique des ministres des Affaires étrangères de la mer Noire. Ils ont discuté d’une normalisation des relations et de la coopération dans la lutte contre le terrorisme.

Or, vu que le président Erdogan, qui se voit déjà en Sultan, est un opportuniste notoire, Moscou aurait tort de compter sur sa fiabilité, en attendant qu’effectivement il change de stratégie politique.

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