Rassemblement pour la levée des sanctions de l’UNESCO contre la coopération en matière de patrimoine culturel

Historique de l’initiative :

À la suite d’une conférence très réussie organisée à Kaboul en novembre dernier par le Centre de recherche et de développement Ibn-e-Sina sur la reconstruction de l’Afghanistan, un groupe d’archéologues et de chercheurs de premier plan de l’Académie afghane des sciences (ASA), en discussion avec les organisateurs et les experts invités de l’Institut Schiller, a suggéré de lancer un appel commun à l’UNESCO et aux gouvernements occidentaux pour qu’ils « lèvent les sanctions contre la coopération dans le domaine du patrimoine culturel  ».

L’appel :

« Nous regrettons profondément, affirme la pétition, que ‘l’Occident collectif’, tout en versant des larmes de crocodile sur la destruction du patrimoine culturel mondial, gèle, suspende et arrête sélectivement toute coopération scientifique avec des nations considérées à tort comme ‘opposées à ses règles et à ses valeurs’. Le gel complet de toute coopération dans le domaine de l’archéologie entre la France et la Syrie et l’Afghanistan n’est qu’un exemple tragique de cette politique aberrante. ».

« La négligence dramatique des institutions culturelles internationales et des donateurs à l’égard de l’Afghanistan, l’insuffisance des fonds destinés à la protection du patrimoine culturel et le détournement politique des institutions internationales à l’égard de ce patrimoine mettent gravement en danger l’Afghanistan », précise l’appel.

Il est particulièrement regrettable que «  l’UNESCO, qui devrait s’élever contre toute nouvelle forme ‘d’apartheid scientifique et culturel’, ait à plusieurs reprises aggravé la situation en politisant des questions qui outrepassent ses prérogatives  ».

En conclusion, les signataires appellent «  la communauté internationale à mettre immédiatement fin à cette forme de ‘punition collective’, source de souffrance et d’injustice, qui promeut l’ignorance et met en danger la capacité humaine à se respecter les uns les autres dans une compréhension mutuelle ».

L’esprit vivant de l’Afghanistan

À ce jour, plus de 550 signatures ont été recueillies, principalement de citoyennes et citoyens afghans (dont 140 femmes) représentant les « forces vives de la nation ». Les profils socio-professionnels des signataires mettent en relief leur représentativité. Parmi eux, 62 maîtres de conférences, 27 médecins, 25 enseignants, 25 membres de l’Académie afghane des sciences, 23 commerçants et marchands, 16 militants et activistes des droits civils et des droits de la femme, 16 ingénieurs, 10 directeurs et doyens d’universités privées et publiques, 7 analystes politiques, 6 journalistes, 5 procureurs, plusieurs chefs d’entreprises et des professionnels qualifiés de divers secteurs.

Soutien international

Sur quatre continents (Europe, Asie, Amérique, Afrique), des archéologues de haut niveau, des scientifiques, des chercheurs, des membres de l’Académie des sciences, des historiens et des musiciens de plus de 20 pays ont salué et signé cet appel.
Le professeur Pino Arlacchi, ancien membre du Parlement européen et ancien directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a été le premier à signer. Le cinéaste, producteur et scénariste oscarisé américain Oliver Stone est un signataire plus récent.

En ce qui concerne la France, l’Italie, la Syrie et la Russie, il s’agit notamment de chercheurs subissant les conséquences néfastes de ce que certains ont appelé une «  nouvelle guerre froide culturelle ».

Bien qu’ayant des avis très différents sur de nombreuses questions, les signataires se retrouvent ici sur le sujet majeur de cet appel : pour que la science puisse avancer, tous les acteurs, au-delà des différences idéologiques, politiques et religieuses, et loin de la logique des «  blocs », doivent pouvoir échanger librement et coopérer, en particulier pour protéger le patrimoine historique et culturel de l’humanité.

Fruit d’un travail collectif émanant de la société civile afghane, cet appel sera remis aux plus hautes instances de l’UNESCO à Paris et de l’ONU à New York.

Témoignant d’un engagement ferme de la part des autorités afghanes, cette pétition a également été approuvée par le ministre adjoint des Affaires étrangères, le ministre de la Culture et des Arts, le ministre de l’Agriculture, ainsi que par de hauts responsables des ministères de l’Enseignement supérieur, de l’Eau et de l’Energie, des Mines, des Finances, etc.

« La 46e session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui se tiendra à New Delhi en juillet de cette année, offre à l’UNESCO l’occasion d’annoncer le retour complet de l’Afghanistan dans la coopération en matière de patrimoine mondial, si nous parvenons à faire entendre notre voix », déclare Karel Vereycken de l’Institut Schiller de Paris. « Nous ne manquerons pas de transmettre cet appel à S.E. Vishal V Sharma, représentant permanent de l’Inde auprès de l’UNESCO, récemment nommé pour faire de la 46e session de Delhi un succès ».

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